Climat des affaires : c’est l'effet Trump !

L’élection de Donald Trump a un effet positif auprès des responsables financiers des entreprises américaines. Par Philippe Dupuy, Grenoble École de Management (GEM).
Si l'élection de Donald Trump a un effet positif évident aux États-Unis, ce n'est pas le cas au Mexique où le programme du candidat républicain pourrait avoir des conséquences désastreuses.

Donald Trump sera le prochain président des États-Unis d'Amérique : quel est l'impact attendu sur l'activité économique ? Du côté des responsables financiers américains, le résultat du vote est perçu sans aucun doute possible comme une bonne nouvelle.

En témoigne le bond de notre indicateur de climat des affaires (+6 points) qui atteint désormais les plus hauts niveaux de la décennie soit 66,5 sur une échelle de 0 à 100, contre 60,6 au trimestre précédent. En particulier, et ce alors que l'élection vient tout juste de délivrer son verdict, près de 20% des directeurs financiers américains envisagent une hausse des recrutements et des dépenses d'investissements sur l'année 2017.

Ils justifient cette embellie par la mise en application du programme du candidat républicain, notamment concernant la fiscalité et la réglementation. En revanche, peu d'entreprises (moins de 2%) envisagent de revoir leur politique d'embauche si les lois anti-immigration sont mises en place.

Un rebond post-électoral typique

Nous avions déjà observé ce type de rebond significatif suite à un événement politique, par exemple l'élection du Premier ministre Abe au Japon, ou l'éviction de la présidente Dilma Roussef au Brésil. Mais, dans le cas américain, cette forte augmentation s'ajoute à un niveau de confiance déjà élevé qui semble assurer un niveau de croissance important pour l'année 2017. D'ailleurs, 60% des responsables financiers américains soutiennent la politique de hausse de taux de la réserve Fédérale. Ils sont même 79% à avoir d'ores et déjà intégré une hausse du financement de long terme d'environ 0,5%.

Si l'élection de Donald Trump a un effet positif évident aux États-Unis, ce n'est pas le cas au Mexique où le programme du candidat républicain pourrait avoir des conséquences désastreuses. Ainsi 93% des responsables financiers mexicains se déclarent moins optimistes pour l'activité du pays après l'élection américaine. Selon nos résultats, l'irruption du magnat américain sur la scène politique a fait chuter l'indice de confiance mexicain de manière vertigineuse : plus de 23 points au cours de l'année 2016 !

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Le Royaume-Uni déjà à la traîne

En Europe, pas d'effet Trump mais à coup sûr un effet Brexit dont on perçoit de mieux en mieux les conséquences néfastes. Alors que les conditions de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ne sont pas encore connues, les responsables financiers britanniques ont perdu l'optimisme affiché en début d'année. Le niveau de confiance est en berne, il s'établit désormais à 49,9 contre près de 60 en début d'année. Seule la Grèce affiche un niveau de confiance inférieur en Europe.

Conséquence immédiate, le Royaume-Uni est la seule zone économique en Europe où les prévisions d'investissement sont en chute à -6,3 % contre, par exemple +4,9 % en France. Les conséquences du Brexit ne se verront probablement qu'à long voire très terme mais les premiers signaux que nous captons déjà par notre enquête invitent à la plus grande prudence quant à la croissance économique future du pays.

À l'inverse, sur le continent, les nouvelles sont rassurantes : l'indicateur de climat des affaires s'établit à 56,6 au quatrième trimestre contre 56,3 au trimestre précèdent pour l'Europe. C'est en France que la hausse est la plus marquée, la confiance s'établissant désormais à 55,2 contre 52,0 au trimestre précédent. Ces niveaux confirment un climat des affaires favorable à une poursuite de la reprise économique et à la hausse de l'emploi.

Dans le reste du monde, le Brésil termine l'année en fanfare avec un niveau d'optimisme de (57) qui tranche avec le niveau de (37) observé en début d'année. Le rebond de confiance observé depuis la destitution de la présidente Roussef ne s'affaiblit pas. Le niveau d'optimisme est très bas en Équateur (28) et très élevé au Pérou (71). En Asie, c'est à Singapour que l'optimisme est le plus bas (45) et en Chine qu'il est le plus élevé. Le Japon enregistre de son côté un bond de 6 points pour atteindre (54) au quatrième trimestre 2016.

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Gestion de carrière

Au-delà des questions concernant l'actualité politique, nous avons demandé aux responsables financiers quelles étaient, selon eux, leurs chances de monter d'un cran dans la hiérarchie de leur entreprise et de devenir CEO (chief executive officer) dans les cinq ans à venir. Les résultats que nous obtenons sont variés et probablement liés à la culture managériale de chaque pays.

Ainsi, seulement un tiers seulement des directeurs administratifs et financiers (DAF) français qui ont répondu pensent devenir CEO à moyen terme. Ce chiffre est de 60% aux États-Unis, de 65% au Royaume-Uni et de plus de 70% en Espagne. Cette diversité de résultat s'explique en partie par la perception de l'écart qui existe entre les responsabilités du DAF et les responsabilités du CEO. Ainsi, seulement 44% des DAF français pensent que leur poste actuel les prépare bien aux responsabilités supérieures alors que ce chiffre monte à 64,5% aux États-Unis et à 82% au Royaume-Uni.

Peut-être voit-on ici à l'œuvre l'effet d'un déterminisme bien français qui réserve souvent les plus hautes responsabilités à une élite largement prédéterminée par sa scolarité.

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Pour voir les résultats complets de cette enquête cliquez ici.
Prochaine enquête du 15 février au 3 mars 2017.

L'enquête Duke University-Grenoble École de Management mesure chaque trimestre depuis plus de 20 ans le climat des affaires tel que perçu par les responsables financiers des entreprises à travers le monde. L'enquête est courte (environ 10 questions). Elle recueille plus de 1.500 réponses anonymes d'entreprises de tous secteurs et de toutes tailles. C'est désormais la plus grande enquête de ce type dans le monde. Une analyse détaillée par pays peut être envoyée à chaque participant.

The Conversation________

 Par Philippe Dupuy, Professeur Associé au département Gestion, Droit et Finance, Grenoble École de Management (GEM)

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation

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Commentaire 1
à écrit le 20/12/2016 à 10:38
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"Dans le reste du monde, le Brésil termine l'année en fanfare avec un niveau d'optimisme" Voilà le genre d'information qui donne vraiment envie de pleurer. Au Brésil dans lequel un coup d'état a été effectué par les possédants du pays, ces mê...

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