Comprendre les effets de la démographie sur la croissance française

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, comprendre les effets de la démographie sur la croissance française

 La démographie, c'est souvent quelque chose que l'on occulte quand on analyse la performance des différents pays. A tort, car son influence est décisive. Je commencerai ici par quelques tendances lourdes, en prospective, même si rien n'est certain en matière de démographie contrairement à ce qui est souvent supposé. Je vais placer le focus sur la France et ses trois grands voisins de la zone euro : l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. Que nous disent les plus récentes projections entre 2020 et 2040 ?

La démographie ne joue pas en faveur de la France à court terme

1/ Que la population Française va globalement continuer à croître au rythme de 0,4% l'an. Qu'elle va stagner en Allemagne, décroître en Italie et croître mollement en Espagne. Au total, la France sera plongée dans un espace de stagnation démographique. Ce constat n'est pas neutre. Toutes choses égales par ailleurs, la démographie va contribuer pour 0,4 point à la croissance de la demande française, tandis qu'elle ne contribuera pas à sa progression dans les trois principaux  marchés rapprochés. Ce décalage tendanciel va contribuer structurellement au déséquilibrage de notre commerce extérieur. Et l'inertie de nos voisins freinera notre croissance à parts de marché inchangées.

2/ Si l'on resserre maintenant l'observation sur la population en âge de travailler, cette dernière devrait stagner en France et diminuer de 0,6% l'an dans l'ensemble constitué par l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. Autrement dit, dans ces trois économies limitrophes, la démographie tend d'un côté à faire stagner la demande, de l'autre à raréfier la main-d'œuvre disponible. Ce hiatus incitera à une plus forte mobilisation de la main-d'œuvre disponible, et notamment à une hausse du taux d'emploi qui devrait concourir à la diminution du chômage. Cet effet joue moins fortement pour la France.

Un rebond imprévu de la démographie allemande

Petit flashback sur le passé récent, maintenant, pour montrer comment ces éléments démographiques ont agi sur nos dynamiques respectives.

La configuration que je viens de décrire pour les deux prochaines décennies devrait déjà être à l'œuvre si les prévisions démographiques étaient une science exacte... Or ce n'est pas le cas. Si je me fie aux projections remontant à 2013, voici ce que nous devrions avoir : une population totale qui croîtrait en France au rythme de 0,5% l'an entre 2011-2016, et qui stagnerait dans les trois grands pays voisins ; et une population en âge de travailler stagnante en France et en recul de 0,2 % l'an en  périphérie.

Or ce n'est pas ce qui s'est passé. Sur les cinq dernières années, la population totale a évolué comme prévu en France, en revanche elle a progressé de 0,3% l'an en périphérie. Le gap de croissance démographique n'a donc pas eu l'ampleur attendue. Quant à la population en âge de travailler, elle a finalement diminué de 0,1% l'an en France et progressé de 0,1% l'an en périphérie. Tout cela est dû au rebond imprévu de la démographie allemande, en lien avec les phénomènes migratoires.

Les pressions de compétitivité ne sont pas prêtes de s'atténuer

Autrement dit, même si la démographie européenne a freiné la croissance française et contribué à ses déséquilibres, le phénomène n'a pas eu l'ampleur annoncée. Ce qui signifie que l'équation de l'insertion de l'économie française dans l'ensemble européen devrait encore se compliquer dans les années qui viennent, et que les pressions en matière de compétitivité ne sont pas prêtes de s'atténuer.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 6
à écrit le 02/12/2017 à 8:09
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Suite. Il faut raisonner avec la notion "du double dividende", c'est à dire "à niveau constant". Quand on monte d'un coté, on baisse de l'autre coté. C'est expliqué dans la note n°6 du CAE. C'est ce que font les Allemands et les Suédois, et ils s'en ...

à écrit le 02/12/2017 à 7:44
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Il faut surtout appliquer la note n°6 du conseil d'analyse économique. Mais existe t il un économiste capable de le comprendre?

à écrit le 01/12/2017 à 7:47
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En démographie, il faut tenir compte de ce qu'on appelle "la pyramide des ages" . Il faut tenir compte aussi de la notion de "capital humain".

à écrit le 30/11/2017 à 9:32
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Pas grave on a des transports routiers polonais maintenant du coup...

à écrit le 29/11/2017 à 16:27
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L'important, c'est la relation entre le cout du travail et le prix de l'énergie, mais cela n'intéresse personne. Tout cela est expliqué page 12 de la note n°6 du CAE. Mais c'est trop compliqué pour les lecteurs de la tribune, et encore plus pour les ...

à écrit le 29/11/2017 à 14:42
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Donc si on résume, pour faire baisser le chômage il vaut mieux ne pas faire d'enfant! Par contre pour payer les retraites, c'est l'inverse !

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