Crowdlending : les plateformes jouent la carte de la transparence

Alors que le secteur du financement participatif séduit plus que jamais, les plateformes sont parfois pointées du doigt pour leur manque de transparence. Il est temps de faire bouger les lignes. En jeu : une confiance renouvelée des investisseurs. Par David El Nouchi, cofondateur de ClubFunding
Par David El Nouchi, cofondateur de ClubFunding
Par David El Nouchi, cofondateur de ClubFunding (Crédits : DR)

Le crowdlending a le vent en poupe ! Alors que seules 26 plateformes existaient en 2015, 180 se partagent ce marché deux ans plus tard (1). La bonne santé du secteur est confirmée par la hausse des montants collectés en France sur les plateformes de financement participatif, qui ont atteint 336 millions d'euros en 2017, soit une progression de 44% par rapport à 2016 (2). Ces résultats démontrent l'attrait des investisseurs comme des emprunteurs pour ce mode de financement, devenu aujourd'hui incontournable. Pour accompagner ce développement, des associations se sont créées, à l'image de Financement Participatif France. Cette « association des professionnels du crowdfunding » s'est ainsi donné la mission de faire entendre la voix des plateformes auprès des régulateurs mais aussi d'édicter des règles de bonne conduite en vue de prévenir d'éventuelles dérives. Signe d'une vraie tendance de fond, des médias dédiés, comme Crowdlending.fr, ont également émergé dans le but d'analyser chaque plateforme et leurs modèles. Bref, l'ère des pionniers du financement participatif est révolue, place désormais à la consolidation du secteur.

Un manque de transparence pointé du doigt

Et qui dit consolidation, dit régulation et jeu de la transparence. Les régulateurs, avec en première ligne l'AMF et l'ACPR, ont pris dès le début la question en main. L'AMF, en charge du contrôle des conseillers en investissements participatifs (CIP), et l'ACPR, de celui des Intermédiaires en financement participatif (IFP), ont très tôt demandé aux plateformes de communiquer obligatoirement certaines informations, comme le taux de défaut. Et ce, en vue de fournir un maximum de transparence aux investisseurs.

Pourtant, à la suite de contrôles auprès de plusieurs plateformes en 2016, un rapport réalisé conjointement par ces deux institutions (3) a pointé du doigt que « la qualité et la clarté de l'information délivrée via les sites des plateformes concernant leur identification et leur rôle dans le transfert des sommes prêtées et remboursées doivent être améliorées ». Un an après, c'était au tour de l'UFC Que Choisir d'appeler à davantage de transparence, en particulier sur le mode de calcul du taux de défaut que les plateformes ont l'obligation d'afficher. Des carences que les régulateurs souhaitent pallier avec la directive MIF, entrée en vigueur en janvier dernier, qui vise à renforcer la protection des investisseurs et le rôle de conseil des plateformes.

Aux plateformes de jouer !

Au-delà du cadre réglementaire, les plateformes doivent elles-mêmes se saisir de cet enjeu de transparence. C'est en ce sens que Financement Participatif France a appelé en novembre dernier l'ensemble des plateformes spécialisées en prêt rémunéré, minibons et obligations à publier les mêmes indicateurs d'activité, de performance et de défaut selon une nomenclature commune. L'objectif : permettre de mieux comprendre et de comparer l'activité de chaque plateforme. Le tout, au profit des investisseurs qui auront désormais accès à un suivi annuel comparable aux autres placements financiers.

Dans un secteur qui gagne en maturité et où la concurrence entre plateformes ne cesse de s'accroître, il s'agit également de faire la lumière sur les modèles de rémunération et le montant des commissions prélevées, qui restent encore peu explicités par les acteurs. Un sujet aujourd'hui essentiel pour consolider et faire durer la relation de confiance avec les investisseurs. In fine, c'est tout le secteur qui sortira gagnant de cette transparence renforcée, et pourra ainsi poursuivre durablement son développement.

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(1) D'après l'association Financement Participatif France
(2) Baromètre du crowdfunding 2017 réalisé par KPMG et l'association Financement Participatif France
(3) Rapport annuel du pôle commun AMF-ACPR 2016

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