Déplacements forcés et réfugiés  : un enjeu de développement à long-terme

Ce mercredi 20 juin, c'est la journée mondiale des réfugiés dont le nombre, 68,5 millions de personnes, est au plus haut depuis 1945. Au delà de l'aide d'urgence, il est nécessaire de mettre en place une politique de long terme car l'arrivée de réfugiés déstabilise un tissu économique et social souvent fragile et constitue un enjeu de développement global. Par Charles Tellier, responsable de la Division fragilités, crises, conflits de l'Agence Française de Développement.
(Crédits : Reuters)

Fuyant leur région en raison de la guerre, des violences, des persécutions, des violations des droits humains ou des catastrophes naturelles plus de 68,5, millions de personnes dans le monde vivent dans le traumatisme d'avoir dû quitter leur foyer : un chiffre record, jamais vu depuis 1945, qui donne une résonance particulière à cette journée mondiale des réfugiés.

10% des conflits dans le monde sont à l'origine de 70 % du nombre de déplacés forcés et de réfugiés, en Afrique mais aussi en Colombie, en Afghanistan ou au Moyen-Orient. Quatre réfugiés sur cinq vivent dans des pays voisins de leur pays d'origine. Le conflit syrien a ainsi forcé des millions de personnes à gagner la Turquie, le Liban ou la Jordanie ; la guerre en Irak a eu des répercussions sur le Pakistan et l'Iran voisins, tandis que les conflits en Somalie et au Soudan du Sud ont généré des afflux de population en Éthiopie et au Kenya.

Plaidoyer en faveur d'un nouveau texte de droit international

Constatant que les solutions humanitaires ne suffisent plus, l'actuel secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, frappé par l'ampleur de la crise et marqué par les souffrances qu'il a pu constater lors des dix années qu'il a passées comme Haut-Commissaire des Nations unies pour les Réfugiés, plaide depuis son arrivé à la tête de l'Onu pour qu'un nouveau texte de droit international offre de nouvelles solutions à cette crise.

En effet, l'arrivée de réfugiés déstabilise un tissu économique et social souvent fragile et constitue un enjeu de développement global. L'aide humanitaire, nécessaire et précieuse durant les conflits, ne peut se prolonger indéfiniment. Or, l'installation des réfugiés dans les pays d'accueil a vocation à durer : en moyenne, un réfugié vit pendant 17 ans en exil. Il est donc crucial de prendre en compte les vulnérabilités économiques et sociales des pays d'accueil pour permettre une insertion durable des réfugiés et assurer des conditions de vie décentes à tous.

La problématique de l'éducation

Pour qu'un vivre-ensemble soit possible dans ces régions fragilisées où le taux de chômage est souvent élevé et où la concurrence de nouveaux arrivants sur le marché du travail peut créer des tensions, l'aide aux réfugiés doit s'élargir à toutes les communautés démunies n'ayant pas accès aux services publics essentiels de santé, d'éducation, de justice, et à des emplois leur permettant de vivre dignement. Une des problématiques majeures posée par les déplacements est celle de l'éducation. En effet, 50 % des réfugiés sont âgés de moins de 15 ans. Ces enfants et adolescents sont le plus souvent déscolarisés pendant plusieurs années : c'est le cas pour la moitié des 2,4 million d'enfants syriens déplacés, selon l'Unicef. Il est donc crucial de donner les moyens aux pays d'accueil de donner une éducation à ces enfants, mais aussi à ceux des communautés hôtes.

Comment éviter la "trappe de pauvreté"

Face aux vulnérabilités particulières des déplacés, souvent traumatisés par les conflits qu'ils ont fui, exposés à la violence et à l'exclusion, il convient de mettre en place des actions de long-terme pour éviter qu'ils ne tombent dans une « trappe de pauvreté » de laquelle il sera difficile de sortir. Lorsque l'aide humanitaire et les réseaux de solidarité s'épuisent, que les ressources limitées des communautés locales sont sous pression, des programmes spécifiques doivent être mis en place pour répondre à ces enjeux.

La plupart des grands bailleurs et agences de développement se sont ainsi engagés à renforcer leur action dans les pays les plus affectés par les crises et à mieux travailler avec les acteurs de l'humanitaire. L'Agence française de développement (AFD), dans le cadre de la stratégie française pour une paix durable, s'engage aussi à prendre sa part dans la problématique des réfugiés en accompagnant les pays concernés vers une trajectoire socio-économique plus soutenable, en travaillant avec les gouvernements locaux pour élaborer des politiques publiques adaptées aux besoins des populations hôtes et déplacées, et surtout en considérant que toute femme, tout homme et tout enfant a droit à un avenir quel que soit le pays où il vit.

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Commentaires 3
à écrit le 21/06/2018 à 9:31
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Si on avait des politiciens qui avaient du courage ils forceraient les banques à s'occuper de ces migrants qui sont une ressource futur puissante et c'est ce que je reproche à Trump d'ailleurs, cet espèce de respect incompréhensible envers les banque...

à écrit le 20/06/2018 à 16:10
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ce que je vais écrire : ne va pas plaire . je remonte le temps : année 2000... déjà il était question d’un conflit à l’époque sur les réseaux sociaux concernant la Syrie. Ce conflit a une «  origine » aujourd’hui les principaux «  responsables ...

le 21/06/2018 à 0:20
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Regardez la courbe démographique de la Syrie et comptez le nombre de migrants : les Syriens sont responsables de leur propre misère (car rappellons le, c'est leur perte d'autonomie alimentaire et la famine consécutive qui déclencha la révolte contre ...

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