En cas de coupure électrique cet hiver, les commerces seront-ils paralysés  ?

OPINION. Alors que les gouvernements européens s'organisent pour faire face à de possibles coupures de courant, certains pays déploient actuellement des plans de maintien de la vie économique si les moyens de paiement électroniques venaient à tomber en panne. Quelle est la situation en France ? Par Michel Tresch, Président de Loomis France
(Crédits : DR)

La circulaire récemment adressée par la Première ministre Elisabeth Borne aux préfets doit permettre d'anticiper et de préparer d'éventuels délestages programmés localement. Le document détaille également les infrastructures et sites prioritaires qui ne seront pas concernés par ces éventuelles coupures électriques - comme les hôpitaux, gendarmeries, commissariats et certains sites industriels. Les commerces n'en font pas partie.

Achats de première nécessité

On se souvient de l'exception accordée aux commerces de première nécessité lors des confinements. Si des coupures électriques devaient être décidées cet hiver, il n'y aura pas de telles exceptions. Commerces alimentaires et pharmacies, notamment, devront faire face.

Il y a tout d'abord le casse-tête de la gestion des produits périssables en cas d'arrêt des équipements de réfrigération (aliments frais et certaines catégories de médicaments). Il faudra aussi gérer la question du paiement des achats. Cartes bancaires et applications de paiement mobile seront inutilisables. Régler ses courses en espèces sera éventuellement possible, à condition d'en avoir avec soi (inutile d'aller au distributeur automatique s'il n'y a plus d'électricité pour le faire fonctionner).

Dans un scénario de délestage de quelques heures - ce que prévoit la circulaire - il sera relativement facile d'anticiper et de faire ses courses à l'avance. Mais les imprévus et les achats en urgence demeureront inévitables : lait pour bébé, médicaments, etc. Et en cas de black-out prolongé, il faudra être capable de faire ses achats de première nécessité pour plusieurs jours.

Avoir une petite réserve d'argent liquide est une mesure de prudence, qui a toujours été recommandée par les gouvernements. Dans le contexte actuel, certains pays sont en train de se préparer activement pour assurer les livraisons d'urgence d'espèces afin de maintenir l'économie.

Les exemples de l'Allemagne et de la Suisse

En Allemagne, où la population est très attachée à l'argent liquide (60 % des achats quotidiens sont payés en espèces, selon une étude récente de la Bundesbank), les autorités s'organisent et intensifient les préparatifs pour faire face à une hausse très probable de la demande. Elles pourraient également limiter les retraits pour éviter les pénuries.

Chez nos voisins suisses, le Conseil fédéral a mis en place un plan de crise où les autorités cantonales seraient amenées à fournir différents services d'urgence en cas de délestage. Ces prestations pourraient aller jusqu'à des prêts d'argent liquide pour dépanner les citoyens démunis. Si toutes les modalités de ce plan ne sont pas encore précisées, il ne s'agira que de montants « raisonnables », destinés à permettre à la population de s'approvisionner en produits de première nécessité.

Que ce soit en Suisse, en Allemagne ou dans les autres pays, deux points importants ressortent de ces préparatifs : le côté résilient de l'argent liquide ; la nécessité d'assurer l'accès aux espèces et d'éviter les pénuries.

Se ruer sur les distributeurs n'est pas la solution

L'argent liquide est un moyen de paiement parmi d'autres. Il est utilisé au quotidien pour les achats de proximité, et continue d'être utilisable dans les situations de rupture de la normalité. Il démontre sa résilience lors de chaque crise, qu'il s'agisse de la période du Covid ou lorsque des catastrophes naturelles frappent, comme la tempête Alex il y a deux ans. Il permettra encore d'être résilient lors des coupures d'électricité auxquelles nous allons possiblement être confrontés.

Face à cette perspective à laquelle il convient de se préparer, il serait toutefois contre-productif de se ruer sur les distributeurs de billets et de thésauriser aveuglément. Cela risquerait non seulement de créer des pénuries, mais aussi d'enrayer la logistique fiduciaire qui, précisément, permet de maintenir la vie économique à l'échelle de chacun. Disposer d'argent liquide à la mesure de ses besoins, l'utiliser et le faire circuler quotidiennement est ce qui lui permet d'être toujours au rendez-vous pour pallier l'indisponibilité des autres moyens de paiement.

L'écosystème de moyens de paiement doit rester complet et équilibré

Le fait que les gouvernements recommandent d'avoir une petite réserve d'argent liquide (en général, et encore plus en cas de crise) montre surtout une chose : avoir et garder le choix entre plusieurs moyens de paiement est ce qui assure la solidité de l'ensemble du système. La cohabitation des paiements digitaux et des paiements en espèces est ce qui permet de répondre à toutes les situations, les plus courantes comme les plus imprévues.

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