Entre Marine, François, Emmanuel, Benoit, Jean-Luc et les autres, tout est possible

Avec la primaire de gauche, les Français continuent leur grand nettoyage. Par Jean Christophe Gallien, Professeur associé à l'Université de Paris 1 La Sorbonne, Président de j c g a

Après Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, voici la suite de l'opération nettoyage menée par les électeurs français, les 2 têtes majeures de la présidence hollandaise sont éjectées. Le second tour de la primaire de gauche élimine implacablement Manuel Valls qui rejoint François Hollande sur la touche. Avec 2 millions de votants, si ce dernier dimanche de janvier offre une véritable dynamique à Benoit Hamon, c'est insuffisant pour prétendre naturellement infléchir les trajectoires déjà bien lancées d'Emmanuel Macron et Jean Luc Mélenchon.

Deux visions du socialisme

Plus grave, nous le disions la semaine dernière, cette primaire a présenté deux versions du socialisme si différentes qu'on peut douter de la capacité de rassembler efficacement deux projets de société et deux narrations politiques si éloignés, même dans l'objectif de victoire électorale, au-delà d'une synthèse socialiste que seul aurait pu incarner François Hollande.

Quelle sera la position du Président de la République après ce résultat ? Celui qui fut malmené par les frondeurs dont Benoit Hamon ne fut pas le moindre. Cette primaire ressembla à un référendum pour ou contre la Présidence Hollande‎. Reste qu'avec François Hollande, l'on peut s'attendre à tout, même l'imprévisible. Jean-Luc Mélenchon avait vu en la victoire de Fillon une opportunité de vote utile fédérant les gauches en sa faveur autour de la triple résistance qu'il veut incarner : au Front national, à la droite et à la gauche hollandaise.

Entre Tsipras et Podemos à la française !

Cette semaine il va être grincheux. Son adversaire préfère, l'homme du 49.3 est battu et il y a peu de chance que Benoît Hamon recentre son programme et encore moins qu'il se range, malgré des prévisions sondagières inquiétantes. La dynamique Hamon existe comme son travail de terrain depuis de longs mois. Même si ses jeunes troupes vont peu à peu bousculer les équilibres installés, il sera difficile à Hamon de faire renaitre l'Union de la Gauche. Jean-Luc Mélenchon ne fera pas alliance avec le candidat d'un parti dont il veut la disparition politique. Il y aura donc une bataille des gauches et elle sera féroce.

La victoire de François Fillon et son programme d'alternance radicale plutôt souverainiste et libéral ouvrait aussi un espace politique inespéré, le centre d'"opposition", au vainqueur véritable de cette primaire socialiste, un autre démissionnaire de ce quinquennat : Emmanuel Macron. Il va récupérer une large partie des sociaux-démocrates du PS qui ne pourront suivre la ligne Hamon et il occupe donc seul désormais le « milieu » de l'espace politique, celui du ni droite ni gauche sans aucune concurrence frontale... pour l'instant.

Ce centre dont on ne sait jamais s'il s'agit d'une autoroute vers la victoire ou le plus souvent un marais où l'on perd. Comme VGE en 1981, Barre en 1988, Balladur en 1995 ou Bayrou en 2007 et 2012. On peut penser qu'entre les Républicains et les Socialistes revenus très à gauche, qu'il y a trop d'espace pour un seul homme ! Qu'il y aura des velléités. François Bayrou ? Le chasseur électoral béarnais placé en embuscade qui publie un livre projet cette semaine espérait tant Nicolas Sarkozy et François Hollande, mais il est tenté de se jeter dans cette nouvelle fenêtre d'opportunité électorale. Au centre aussi, il pourrait y avoir une rude bagarre en perspective.

Le "grand nettoyage politique" à la française

‎Le principal enseignement de cette séquence des primaires, c'est qu'une nouvelle géographie politique s'installe. Les français, poursuivent leur nettoyage politique. Les primaires voulues et imposées par les partis ont, en fait, offert au peuple la possibilité d'éliminer politiquement leurs favoris ou leurs chefs. Les français ont voulu un renouvellement, mais jusqu'où iront-ils ? Le premier tour présidentiel est totalement recomposé. Pas de retour au clivage droite-gauche, mais un système devenu plus complexe et une offre presque multipolaire : Marine Le Pen pour le FN, François Fillon pour les Républicains, Emmanuel Macron, Benoit Hamon pour le PS et Jean Luc Mélenchon, et peut-être un autre assez vite vont se disputer un premier tour incroyablement rebattu.

Après la victoire de François Fillon, celle de Benoit Hamon lance définitivement la bataille électorale de 2017. Elle est plus ouverte et incertaine que prévue !

Jean Christophe Gallien
Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne
Président de j c g a, CEO de Zenon7
Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals

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Commentaires 7
à écrit le 31/01/2017 à 11:14
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On exige maintenant des dirigeants qu’ils soient exemplaires et honnêtes. Ce que les « anciens » appareils de partis politiques ont du mal à comprendre, sans parler de leur volonté de maintenir à tout prix une espèce de bataille virtuelle à coups d’a...

à écrit le 31/01/2017 à 9:51
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Depuis déjà plusieurs élections présidentielles, remontant jusqu'au printemps des roses de 1981, les uns et les autres, de droite à gauche, restent empêtrés dans leurs idéologies respectives. Ils ne cherchent même pas à se soucier des attentes du p...

à écrit le 31/01/2017 à 9:06
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Ce qui coupe la France en deux est l'acceptation ou non de la tutelle de l'UE de Bruxelles représenter par sa commission: suivre les recommandations, les directives , réformes et sanctions ou choisir librement et démocratiquement sa propre politique!

à écrit le 31/01/2017 à 9:00
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Oui il est évident que ceux qui ont voté à ces primaires ont voté d'abord contre Hollande Valls et macron quelque part aussi forcément, la trahison hollandaise de l'électorat socialiste leur coûte ultra cher mais il n'était plus possible à ce parti d...

à écrit le 31/01/2017 à 8:25
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La majorité des Français se plaignent d'être mal payés; et que les femmes sont moins bien payés que les hommes. Pour une fois qu'une personne et en plus une femme est bien payée, tout le monde lui tombe dessus. En France il est interdit de payer plus...

à écrit le 30/01/2017 à 22:14
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Le français sont-ils en train d'éliminer politiquement les chefs et ténors de partis, ou sont-ils en train d'éliminer les partis tout simplement. Car que va-t-il rester du PC, du PS, voire même des Républicains si Fillon ne peut se présenter à la Pré...

le 30/01/2017 à 23:02
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À une époque, il y a eu aussi Bayrou en homme-parti ... Pour l'instant, ce sont toujours les partis qui ont gagné ... Donc Fillon à l'arrache ... Macron est le candidat des médias de façon trop exubérante ... Il va rejoindre Hillary au final ...

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