Il est temps de réparer l'injustice de traitement des retraites agricoles !

OPINION. Pour la FNSEA, toute mesure isolée introduite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), comme le seul recul de l’âge légal de la retraite serait largement en décalage avec les interrogations de la profession agricole. La question du financement des régimes de retraites est incontournable. Mais, pour la FNSEA, le plus urgent est de faire converger le calcul des retraites des agriculteurs avec ceux des salariés et des indépendants et notamment via le calcul de la retraite sur les seules 25 meilleures années de revenu. Par Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA et Luc Smessaert, Vice-Président en charge des affaires sociales et fiscales de la FNSEA.
(Crédits : DR)

La France compte à ce jour 1,3 million* de retraités agricoles, anciens non-salariés du secteur. En 2020 et 2021, à la faveur des lois Chassaigne, l'agriculture a connu une avancée historique, avec de mesures de revalorisation des minima de pension à carrière complète pour les chefs d'exploitation et les membres de la famille. Ces lois ont été votées à l'unanimité : cela légitime parfaitement à la fois leur bien-fondé et leur nécessité.

Cependant, les montants des retraites perçues se situent autour de 1.150 € bruts par mois, très en deçà de la moyenne des assurés de notre pays qui dépasse les 1.500 € bruts. Ce constat est le résultat d'une grande injustice : les agriculteurs sont désormais les derniers à calculer leur retraite sur l'intégralité de la carrière, bonnes et mauvaises années mêlées, quand les salariés la calculent sur leurs 25 meilleures années, et les fonctionnaires sur leurs 6 derniers mois... Avec des cotisations garantissant des droits similaires à ceux des salariés et indépendants et un minimum de retraite garantissant les mêmes droits à tous les assurés à carrière complète, les retraites agricoles pourraient être revalorisées de 300 à 400 €.

Traités comme des « actifs de seconde zone »

Mais cela leur est sans cesse refusé ! Traités comme des « actifs de seconde zone », les agriculteurs vivent depuis plus de 20 ans au rythme de promesses d'évolution dans différents projets de réforme. Promesses aussi vite formulées qu'enterrées, au mépris des propositions portées sans relâche la FNSEA.

Ça n'a que trop duré, il est temps de réparer l'injustice de traitement des retraites agricoles ! D'autant que des travaux ont déjà été menés dans ce sens, et un rapport de l'Inspection Générale des Affaires Sociales en a confirmé l'intérêt et la faisabilité il y a 10 ans déjà. Projet de loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), future réforme des retraites annoncée... Les opportunités pour légiférer existent. Seul manque aujourd'hui le courage politique : le courage de redonner aux agriculteurs retraités une juste valorisation d'une vie dédiée à l'alimentation de leurs concitoyens et au dynamisme des territoires.

Quelles perspectives pour les jeunes ?

De ce courage à choisir dès maintenant l'équité dépend aussi la capacité à offrir des perspectives favorables pour les jeunes qui s'installent. Et c'est primordial à l'heure où l'agriculture vit un défi démographique sans précédent puisque 50% des actifs agricoles pourront faire valoir leurs droits à la retraite d'ici 10 ans.

 Il est demandé aux agriculteurs d'être les garants de la souveraineté alimentaire, les soldats de la transition écologique et des acteurs de l'indépendance énergétique : ces missions valent bien une retraite digne !

*Source : MSA

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Commentaire 1
à écrit le 30/09/2022 à 12:31
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Depuis le temps que la FNSEA a des potes à elle au gouvernement, tels Chirac, Sarkozy et même Macron, pourquoi les retraites des agriculteurs sont-elles encore aussi faibles ? Les retraites des céréaliers sont-elles identiques à celles des éleveurs ...

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