« Il faut plus d’Europe pour les agriculteurs » (par Arnaud Rousseau, président de la FNSEA)

Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, demande aux futurs députés européens d'ériger la souveraineté alimentaire et agricole en enjeu stratégique pour l'UE.
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA (Crédits : © LTD / Mathilde Kaczkowski/Hans Lucas via Reuters)

Dans le mouvement de contestation agricole qui quadrille l'Europe ces derniers mois, les agriculteurs français ont été parmi les premiers à faire entendre leur voix. Leurs revendications de dignité, de juste revenu, de conditions d'exercice acceptables de leurs métiers, et plus largement d'un changement de logiciel dans l'approche des problématiques agricoles au service de la souveraineté alimentaire s'adressent aux décideurs politiques français tout autant qu'européens.

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À la FNSEA, nous sommes des Européens convaincus et nous savons que l'avenir de notre agriculture est dans l'Europe. Mais nous regardons avec lucidité les perspectives offertes à l'agriculture par l'UE. Et le bilan de la dernière mandature nous questionne : bousculée par de multiples crises, sanitaire, économiques, climatiques, l'Europe est apparue dans sa plus grande vulnérabilité.

Alors qu'elle peine à maintenir sa place dans le concert des nations, son propre fonctionnement interne est questionné, car jugé trop déconnecté des réalités des territoires. Force est de constater que l'Europe s'est désarmée sur le plan agricole, alors que le secteur est, depuis l'origine, un axe structurant des politiques européennes et qu'il est, au regard des enjeux actuels, un formidable levier de croissance.

Le Pacte vert, et sa déclinaison pour le secteur agricole - la stratégie « de la ferme à la table » - ont été construits sur des objectifs de décarbonation qui ne prennent pas en compte l'impact sur la production agricole de l'UE, sur sa sécurité alimentaire et sur sa participation aux grands équilibres géopolitiques mondiaux. Le revenu des agriculteurs a été sacrifié sur l'autel des importations et d'accords commerciaux déséquilibrés dans leurs exigences de réciprocité. Alors que toute l'Europe agricole est confrontée à un important renouvellement des générations, le goût d'entreprendre est asphyxié par une surenchère normative et par des ambitions écologiques plus punitives qu'incitatives.

Nous serons attentifs aux propositions qui font de la souveraineté alimentaire et agricole un enjeu stratégique

Les agriculteurs français le déplorent : nous vivons depuis trop longtemps avec moins d'Europe. Il nous faut revenir à plus et mieux d'Europe.

C'est pourquoi, pour les cinq prochaines années, nous attendons des inflexions majeures dans le programme de travail des institutions européennes. Aussi, au moment d'engager par notre vote l'avenir de l'agriculture en Europe, nous serons attentifs aux propositions qui font de la souveraineté alimentaire et agricole un enjeu stratégique, accompagnées d'une ambition claire.

Dans cette ambition, la préservation du potentiel agricole de l'Union européenne est centrale. Elle doit se concevoir de manière ouverte, en continuant à commercer tout en étant protégés par la réciprocité des normes dans tous les échanges.

Nous attendrons aussi de nos parlementaires européens qu'ils réhabilitent une agriculture de solutions, fondée sur le pragmatisme agronomique et l'innovation et dotée de moyens financiers justement dimensionnés et accessibles. À ce titre, simplifier la mise en œuvre de la politique agricole commune est l'un des axes à privilégier.

Nous voulons une Europe qui protège les agriculteurs, avec des revenus pour tous et un soutien dans le développement de leurs pratiques vertueuses.

Nous voulons une Europe qui accompagne, pour recréer un cadre de confiance nécessaire aux investissements d'avenir et à l'attractivité du secteur.

Nous voulons une Europe avec une vision de long terme en faveur des territoires ruraux, dans lesquels l'agriculture joue un rôle primordial en matière de production de biens alimentaires et non alimentaires, de création d'emplois localisés, de gestion de la ressource naturelle et de la biodiversité.

En résumé, nous appelons de nos vœux une Europe puissante, souveraine, prospère et durable. Une Europe qui renoue avec la croissance.

Le 9 juin, prenons donc notre destin européen en main : votons pour redonner à l'agriculture son rôle central de la construction européenne !

* Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles.

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Commentaires 6
à écrit le 21/05/2024 à 9:00
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Encore un qui est grassement payé, pour faire le service aprés vente publicitaire, sans avoir à réfléchir sur les conséquences !

à écrit le 19/05/2024 à 23:36
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Encore un qui fait semblant de ne pas comprendre qu'avec les traités de libre échange l'UE ruine l'agriculture française en la mettant en concurrence déloyale avec le monde entier qui n'a pas de normes sanitaires du même niveau. In fine, les agricult...

à écrit le 19/05/2024 à 23:28
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Pas un peu schizophrénie le boss de la FNSEA?

à écrit le 19/05/2024 à 14:04
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Plus d'Europe c'est plus de normes; moins de produits chimiques et plus de paperasses pour avoir les aides qui sont le principal revenu des agriculteurs.

à écrit le 19/05/2024 à 10:00
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Encore plus d'argent public ?! Mais ils le jettent apr les fenêtres bon sang !!! Vous faites tous n'importe quoi avec notre fric surtout.

le 19/05/2024 à 12:01
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Bon ensuite maintenant que les agriculteurs de la FNSEA ont appris que leur boss palpait 180000 balles par mois ben ils se disent pourquoi pas nous ! Je les connais... ^^

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