La compétitivité des transports français mise à mal

Les concessions accordées ou qui vont l'être, tant aux chauffeurs routiers qu'aux cheminots ou aux pilotes d'Air France, mettent le secteur à mal. Par Yves Fargues, président de l'Union des Entreprises Transport et Logistique de France (TLF)

Pour rapidement mettre à mal l'activité économique de tout un pays, il suffit de bloquer les transports : les transports de voyageurs pour empêcher les salariés de se rendre au travail, les transports de marchandises pour arrêter l'approvisionnement des usines et assécher les réseaux de distribution.

Les événements récents le prouvent. Des manifestants ont érigé des barrages à la sortie des ports, des zones logistiques et sur des carrefours routiers pour provoquer une thrombose de l'économie. Pour parfaire la nuisance, ils ont bloqué les dépôts de carburants, créant à dessein une panique chez les automobilistes.

Une poignée de manifestants, car il ne s'agissait pas de grévistes, peut ainsi orchestrer une pression sur l'ensemble du pays pour obtenir la satisfaction de ses étroites revendications catégorielles. On trompe l'opinion publique en lui faisant prendre pour un mouvement social d'ampleur ce qui n'est finalement qu'une agitation corporatiste et un trouble inacceptable à l'ordre public puisqu'une minorité entrave la liberté de travailler de la majorité.

Concessions

Le gouvernement a évidemment envoyé des messages de fermeté et déclaré qu'il mettrait fin aux désordres sur la voie publique mais il négociait en coulisse avec des syndicats totalement dominés par les représentants des entreprises publiques de transport de voyageurs.

Comme toujours, les concessions obtenues vont aggraver encore le manque de compétitivité dont souffrent les transports en France.

Les conducteurs routiers ont reçu l'assurance que la majoration de 25% de leurs heures d'équivalence serait sanctuarisée. Le coût horaire d'un conducteur français restera donc 1,5 fois plus élevé que celui de son homologue espagnol ou allemand.

La part du ferroviaire dans les transports va continuer de décliner

Les cheminots ont fait voler en éclats les propositions de leur direction visant à réaliser des gains de productivité et ont entrainé dans leur conservatisme l'ensemble du secteur des entreprises ferroviaires privées qui commençait à se développer. Malgré les grandes déclarations à peine sèches de la COP 21, la part du ferroviaire dans les transports de marchandises continuera donc de se réduire. Elle est déjà tombée en dessous de 10%. Le déficit et la dette ferroviaires continueront de croître, le contribuable réglera la note.

Les dockers poursuivront leur mouvement, conserveront leurs avantages acquis et les trafics internationaux détournés pendant la grève au profit d'autres ports européens s'y fixeront de manière définitive.

Un secteur instrumentalisé

Les pilotes d'Air France obtiendront sûrement satisfaction au détriment du redressement de leur entreprise.

Ces mesures extorquées par la menace et la force, à la veille de l'Euro 2016, provoqueront des pertes de trafics internationaux routiers, aériens ou maritimes et donc d'emplois dans les transports. Elles renchériront les coûts logistiques des industries qui importent des composants ou des produits semi finis pour les transformer et pénaliseront les exportateurs en augmentant le coût de la distribution des produits finis, provoquant de nouvelles délocalisations.

Quand cessera cette pratique d'instrumentalisation et de sabotage du secteur des transports de marchandises dont la compétitivité est indispensable à celle des autres secteurs de l'économie ?

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Commentaires 9
à écrit le 14/06/2016 à 1:22
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Si importer devenait plus coûteux que la production en local, c'est sûr que le pays ne s'en relèverait pas! C'est ça qui nous plombe : Les transports trop cher de produit importé! Rogner les marges qui permettent aux milliardaires de consommer plus (...

à écrit le 13/06/2016 à 16:35
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Toujours la même propagande et ce mot magique, « compétitivité », la porte ouverte à toutes les régressions. Ces tristes sires ne seront satisfait qu’avec le grand retour de l’esclavage. Et si on parlait plutôt du coup de ces ultras privilégiés q...

le 13/06/2016 à 17:02
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très très bien dit...bravo rien à ajouter...qu'ils viennent (ceux qui critiquent) une semaine bosser sur le terrain pour voir comment cela se passe !

à écrit le 13/06/2016 à 15:46
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Bonjour, j'espère que vous n'n'étiez pas pour réduire le taux de nos heures sup

à écrit le 13/06/2016 à 14:38
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Interprétation politique d'une réalité.Interprétation qui est celle de la Bourgeoisie ultra libérale alors qu'une majorité de Français,et non une minorité,est contre cette loi scélérate.Si la grève n'est pas générale c'est parce que dans le privé la ...

le 13/06/2016 à 16:12
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@Jpjpj écrit le 13/06/2016 14:38 Pour une fois, je suis d'accord avec un monsieur qui fait du lobbying pour sa paroisse. La France a choisi le chômage de masse (qui, étant donné les réalités montre que nous allons dans le mur) d'autres ont choisi l...

à écrit le 13/06/2016 à 14:18
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Ce qui est curieux dans le cas d'Air France c'est que les pilotes grévistes ne sont que 20 à 25 % si on prend le chiffre des vols annulés. Donc 75 à 80 % ne font pas grève ce qui n'est pas rien et montre encore plus combien ces syndicats radicalisés ...

à écrit le 13/06/2016 à 14:01
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Quand on pense que ce monsieur Yves Fargues, a fait valoir ses droits à la retraite comme président-directeur général de Gefco, à compter du 1er juillet 2012 et que l'on retrouve président de l'Union des Entreprises Transport et Logistique de France ...

à écrit le 13/06/2016 à 11:48
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Il est vrai que tous ces nantis au volant de leur camion, ces feignants de dockers qui, au lieu de travailler, passent leur temps en fumant des cigares dans des restaurants de luxe, mettent à mal la compétitivité des entreprises françaises. Pour un p...

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