En effet, l'hypothèse communément admise dans les milieux économiques d'une accélération de la croissance mondiale à partir de l'an prochain est largement tributaire de l'évolution de l'activité en Chine et aux États-Unis et des relations commerciales entre ces deux pays. La question qui se pose pour le Maroc est de savoir si le pays est en mesure de faire face à un retournement de cycle, autrement dit à une nouvelle récession mondiale.
Un processus d'ouverture réussi
La réponse est sans ambiguïté : c'est oui ! Le pays est en meilleure position qu'il y a dix ans pour affronter des vents contraires. Le processus d'ouverture commerciale a été accompagné par la mise en place de stabilisateurs (ligne de liquidité de précaution auprès du FMI et niveau confortable des réserves de devises étrangères) et d'une maîtrise par le pays de ses équilibres budgétaires et de son taux d'inflation, tout en menant les réformes nécessaires pour stabiliser son secteur bancaire.
Contrairement à des craintes qui ont pu être exprimées initialement, la flexibilisation dans une bande très étroite du dirham n'a pas conduit à des perturbations notables sur le taux de change. Même si les entreprises locales ont mis un certain temps à s'adapter à cette nouvelle donne, l'opération a été une réussite. Comme le contrôle reste étroit, et les réserves de change importantes, on peut s'attendre à une bonne résilience du dirham, même en cas de scénario de récession internationale. Enfin, le Maroc a été suffisamment prudent en limitant son exposition aux marchés financiers internationaux, ce qui le protège de tout regain soudain de la volatilité sur les flux financiers et lui garantit un flux de capitaux stabilisés avec le reste du monde. Ce modèle d'ouverture contrôlé pourrait servir de modèle à d'autres pays du Continent souhaitant suivre le même chemin.
La nécessaire relance
Ce succès ne permet pas pour autant au Maroc d'être complètement immunisé contre le net ralentissement de la croissance observé ces derniers trimestres au niveau international et qui intervient alors que des difficultés domestiques apparaissent pour le secteur agricole du fait de l'insuffisance de pluies. Les entreprises sont en première ligne, y compris dans des secteurs qui résistaient plutôt bien jusque-là au contexte international, comme l'automobile. Les délais de paiement continuent de s'accroître, après avoir déjà atteint 84 jours en 2018, et les chefs d'entreprises pointent le risque de la baisse des niveaux de consommation sur leur chiffre d'affaires.
Il y a bien eu des impulsions d'ordre budgétaire ces dernières années, mais elles ont eu un impact économique trop faible et n'ont pas réellement amélioré le climat des affaires. Surtout, elles ont été éclipsées par des mesures impopulaires consistant en l'augmentation de la fiscalité sur les plus-values immobilières ou la réglementation du transport routier.
Le gouvernement aurait tort d'attendre de nouveaux signaux rouges pour se lancer dans un programme de relance plus ambitieux qui inclut de nouveaux mécanismes pour mieux canaliser le niveau très élevé de l'épargne des ménages vers les PME afin d'accroître leur capacité d'investissement. Une inaction dans ce domaine se traduirait par des points de croissance en moins si la conjoncture internationale se dégradait encore plus.
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