Le « sharenting », une nouvelle tendance dangereuse pour les particuliers et les entreprises

OPINION. La propension à partager chaque détail de notre vie et de celle de nos enfants sur les réseaux sociaux nous met-elle en danger, ainsi que nos amis, notre famille, voire nos employeurs et nos collègues ? Cette question que l'on ne se pose pas assez devrait pourtant être dans tous les esprits au moment de publier sur les réseaux sociaux. Par Jeremy Gaignard, Commercial account manager chez Mimecast.
(Crédits : DR)

Les spécialistes de la cybersécurité s'accordent de plus en plus à dire que les informations que nous partageons librement sur des sites tels que Facebook, Twitter et Instagram constituent des vecteurs d'attaque pour les cybercriminels, que ce soit envers les consommateurs, les entreprises ou les infrastructures publiques. Concrètement, les hackeurs n'ont qu'à récupérer les informations qui les intéressent sur les réseaux sociaux afin de créer des campagnes de phishing convaincantes.

Actuellement, la frontière entre la vie professionnelle et la vie privée s'estompe de plus en plus. Les messages publiés sur des sites à vocation professionnelle comme LinkedIn deviennent plus "sociaux" et les employés et les entreprises divulguent sans même s'en rendre compte des informations commerciales et personnelles sensibles.

Les données personnelles deviennent une arme

Une étude réalisée en 2021 a révélé que les données personnelles étaient impliquées dans 45 % de toutes les brèches de sécurité. L'usurpation d'identité est également en forte augmentation et touche plus de 210 000 Français chaque année.

Le fait que nous aimions partager les détails de notre vie personnelle et professionnelle en ligne est en partie à blâmer. Cela peut en effet révéler des détails intimes sur nous-mêmes que les cybercriminels auraient du mal à trouver ailleurs. On parle par exemple de notre lieu de résidence, de notre date de naissance, de notre profession, de notre lieu de travail, de nos loisirs et même de détails intimes tels que notre lieu de vacances.

Plus les gens partagent leurs informations personnelles sur les plateformes publiques, plus il est facile pour les cybercriminels d'établir des profils de leurs victimes potentielles, qui seront utilisés par la suite pour développer et lancer des attaques sophistiquées d'ingénierie sociale et d'autres types de cyberattaques.

Ces attaques peuvent non seulement compromettre la cybersécurité de la personne concernée, mais aussi celle de sa famille proche, de ses amis et aussi de ses employeurs.

Le "sharenting" présente des risques supplémentaires

Une autre tendance particulièrement préoccupante commence également à voir le jour.

Familièrement appelée "sharenting", elle concerne les parents qui ont l'habitude de partager des photos et d'autres informations sur leurs enfants en ligne. Le partage des photos d'anniversaires et de moments de vie peut en effet poser des risques de sécurité réels et directs pour les parents et les enfants.

Par exemple, si un parent publie une photo de la tenue d'anniversaire de son enfant devant l'école, il révèle des informations sur son âge, son lieu de résidence, l'école qu'il fréquente et bien plus encore. Autant de données auxquelles les cybercriminels pourraient avoir accès et décidé d'exploiter dans le cadre de leurs attaques.

Par ailleurs, l'un des grands dangers du partage d'informations en ligne réside dans le fait qu'une fois qu'une information est publiée sur internet, elle "vivra pour toujours" et échappera largement à tout contrôle, laissant ainsi le champ libre aux hackeurs pour récupérer et exploiter ce qu'ils souhaitent.

Les cybercriminels peuvent alors se servir des ces informations pour commettre un vol d'identité qui pourrait pourrait mettre les enfants en danger pour les années à venir. Des études estiment d'ailleurs que d'ici 2030, près des deux tiers des cas d'usurpation d'identité toucheront des enfants.

Il convient donc de faire très attention avant de publier quoi que ce soit sur les réseaux sociaux. De manière générale, les parents et les utilisateurs d'Internet devraient :

  • ne jamais révéler de détails personnels intimes sur leur lieu de résidence, leur lieu de travail ou l'endroit où leurs enfants vont à l'école ;
  • éviter de publier des photos d'un bureau ou de documents qui peuvent donner un aperçu des mesures de sécurité de l'entreprise, car les hackeurs pourraient utiliser ces informations pour contourner les défenses de l'entreprise.

Étant donné que tout ce qui est publié en ligne est conservé indéfiniment, il est capital de faire preuve de prudence dans l'optique d'éviter tous problèmes et protéger au maximum son entourage proche. De leur côté, les entreprises doivent également donner la priorité à une formation régulière et continue à la cyber-sensibilisation afin que les employés sachent comment éviter les comportements en ligne à risque. Grâce à la mise en place de ces efforts collectifs, les risques d'usurpation d'identité se réduiront permettant ainsi aux particuliers de protéger leurs enfants et aux entreprises de limiter le risque de cyberattaque.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 14/12/2022 à 13:31
Signaler
La belle blague ! On sait, depuis le début, qu'il faut être quelque peu déficient (intellectuel, sentimental, informatique, mental...) pour porter le moindre intérêt à ces piègacs; et s'y inscrire. Voire les utiliser avec un smartphone ! De chez vous...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.