Les femmes et l'État nounou

CHRONIQUE DU "CONTRARIAN" OPTIMISTE. L'Organisation mondiale du travail constate que la question de l'égalité salariale entre les hommes et les femmes est corrélée au niveau de richesse du pays concerné. Mais cela ne tient pas compte d'un autre critère : l'égalité dans l'exercice du pouvoir. En effet, paradoxalement, dans certains pays nordiques, qui comptent parmi les moins inégalitaires du monde, la part de femmes ayant des responsabilités dans la société ou dans l'économie est largement plus faible qu'aux Etats-Unis, par exemple...
Robert Jules
(Crédits : Istock)

Dans l'histoire humaine, les femmes ont été, dans leur immense majorité, opprimées, discriminées et dominées. Elles le sont moins depuis l'après-Seconde Guerre mondiale. Cette amélioration est due à plusieurs facteurs, parmi lesquels le recul des préjugés, grâce au développement des idées progressistes et des régimes démocratiques, le progrès technologique, et la richesse générée par les société industrielles. En bref, le lave-linge (jusqu'à son invention et sa diffusion, laver le linge au lavoir quelle que soit la saison était une tâche harassante) a permis d'avoir le temps de lire le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir. Parmi les progrès à conquérir, il en reste un, tenace : l'égalité salariale pour un travail égal.

L'Organisation mondiale du travail (OIT) dresse un état des lieux dans un récent rapport : « Quels sont les causes des écarts salariaux entre hommes et femmes ? » Premier enseignement : ces dernières années se caractérisent, notamment dans les pays développés, par une modération salariale. En termes réels, et si l'on exclut la Chine (qui connaît une augmentation plus importante), la hausse salariale au niveau mondial est tombée à 1,1% en 2017 (après 1,8% en 2016), le taux le plus faible depuis 2008. Cette modération salariale générale limite la possibilité de rattrapage de la rémunération des femmes sur celle des hommes.

Un écart d'environ 16% à l'échelle mondiale

Autre observation : si « l'écart salarial entre hommes et femmes à l'échelle mondiale est d'environ 16% », l'OIT remarque que l'égalité salariale est corrélée au niveau de richesse du pays concerné. Ainsi, la Suède compte parmi les moins inégalitaires et l'Afrique du sud et la Namibie parmi les plus inégalitaires.

L'OIT note toutefois un phénomène : « Dans les pays à revenu élevé, l'écart salarial entre hommes et femmes se creuse de façon frappante dans la partie supérieure de la répartition. » Les experts de l'OIT l'expliquent par la maternité.

Mais selon une analyse de l'OCDE, intitulée « La dernière ligne droite est-elle la plus longue ? », c'est plus complexe. Les pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), chefs de file mondiaux de l'égalité entre les sexes, s'appuient sur la coopération entre les employeurs, les syndicats et l'État, et « un soutien universel en matière de santé, de protection sociale, d'éducation et de marché du travail ». Autrement dit, un État-providence maximal.

Or, la part de femmes des pays nordiques ayant des responsabilités dans la société ou dans l'économie est largement plus faible qu'aux États-Unis (43,4%), le Danemark enregistrant même un taux (27,3%) plus bas que l'Italie (27,7%). L'OCDE pointe la persistance « de normes sexospécifiques qui découragent les filles et les jeunes femmes de poursuivre une carrière dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie ou des mathématiques ».

Trop de filets de sécurité ?

Mais pour Nima Sanandaji, auteur de The Nordic Gender Equality Paradox, les monopoles du secteur public, une fiscalité lourde sur le travail, des systèmes de congés parentaux généreux encouragent les femmes à rester chez elles plutôt qu'à travailler. Et les filets de sécurité de l'État-providence dissuadent les femmes de créer des emplois indépendants.

Si l'égalitarisme des sexes des pays nordiques est un exemple à suivre, assure Nima Sanandaji, il met toutefois en garde contre le rôle central joué par l'État-providence, en incitant les femmes à se méfier d'un État nounou et paternaliste qui les empêche, au nom de leur bien-être, d'accéder aux postes de pouvoir !

Robert Jules

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Commentaire 1
à écrit le 08/03/2019 à 8:57
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IL faut se remettre dans le contexte préhistorique pour comprendre pourquoi la femme a toujours été soumise à l'homme, qui si on prend le "prè-humain" remonte à plusieurs millions d'années d'habitudes. Celle-ci étant indispensable à la création et à ...

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