Make "Made in France" Great again  !

« L'homme libre possède le temps. L'homme qui maîtrise l'espace est simplement puissant », ces mots de Sylvain Tesson, écrivain-explorateur, nous mettent face à un véritable défi. Comment se libérer dans un environnement mondialisé, connecté, ubiquitaire lorsque l'on défend une entreprise de terroir plus que centenaire ? Par Dominique Reynaud, Directeur général de Giraudet

Piégé dans l'enclos de l'instantanéité, peut-être y gagnerons-nous nous à suivre les conseils de Sylvain Tesson, rester « dans la cabane où le temps se calme, se couche à nos pieds en vieux chien gentil » ?

Très bien, commençons dans ce cas ! Après avoir terminé les fondations de notre histoire, nous nous attèlerons à l'architecture de nos valeurs et terminerons par y fixer les planches de notre savoir-faire. Cette cabane, notre cabane, symbolise les conditions d'un repli ouvert sur le Monde. C'est notre pari.

Fondée en 1910 à Bourg-en-Bresse, Giraudet a pour mission de proposer aux consommateurs des produits gourmands et novateurs, cohérents avec ses valeurs d'entreprise, son terroir et les traditions qu'il renferme pour rayonner à l'échelle nationale et internationale. Oui, cela nous fait rentrer dans la famille du Made In France, non elle ne ressemble pas forcément à ce que vous pensez.

Made In France, ce que révèle la première couche

Bien-sûr, dans l'imaginaire collectif, une entreprise historique locale produit, en grande partie quand ce n'est pas exclusivement, avec les ressources de son terroir. En découle une tendance forte à la labellisation, particulièrement acceptée par l'opinion. Les labels rassurent. Assis le thé à la main dans notre cabane, laissons ce constat infuser un moment, pour en voir émerger les nuances du Made In France, comprendre ses aspérités, en tirer des enseignements.

Les alpinistes du Made In France, acteurs de la grande consommation, des terroirs locaux, startups, tous font partie de la même cordée, celle du marché. Réglementé, celui-ci oblige chacun au respect des normes qui défendent « le produire local ». Parlons par exemple, des appellations d'origine contrôlée ou du logo européen « agriculture biologique ». Consommateurs, producteurs, distributeurs, tous y trouvent des bénéfices. Cela devrait être une relation gagnant-gagnant. Certes, ne nous reste-t-il plus qu'à fermer les volets de la cabane et fermer les yeux ?

Peut-être faut-il, encore une fois, se replier sur le bon sens et développer un discours de vérité, comment, voici quelques éléments de réponse.

Les valeurs du réel, des terroirs et des Hommes qui les font vivre : voilà ce qui compte

Remontons quelque temps en arrière. Giraudet produit des recettes de quenelle traditionnelle à base de semoule de blé dur et de filets de brochets sauvages, issus de la pêche raisonnée dans les lacs du grand-nord canadien.

Pourquoi ? Tout simplement en raison de la pénurie locale. Après s'être rendu au Canada, vérifier les conditions de pêche, nous avons fait le choix de mettre en valeur ce terroir dans notre recette, pour respecter nos fondamentaux : la qualité, le goût, les Hommes. Alors oui, il ne s'agit pas de l'itinéraire des idées reçues, des masses touristiques du marché de la grande consommation mais plutôt comme l'appellerait Sylvain Tesson, un « chemin de traverse ».

Développons cet exemple en prenant appui sur notre recette de quenelle au brochet sauvage. Le cadre légal nous impose une part minimum de 13% de brochet, nous en mettons 21%, cette décision est propre à notre société. Avec un apport en chair ou filet de brochet et non de carcasse broyée, nous privilégions la qualité intrinsèque du produit. Cela illustre le respect que nous portons à nos clients, l'importance de leur confiance et surtout, la santé économique de nos fournisseurs locaux. En puisant dans ce terroir, nous permettons aux indiens du Grand Nord d'avoir un travail.

Poursuivons en mettant à plat l'évidence suivante : les brochets ne sont pas bios puisqu'ils sont sauvages. Pourquoi avoir fait le choix de ne pas commercialiser de quenelle de brochet bio ? Nous aurions pu, en accord avec la réglementation, proposer une recette avec 3% de brochet non bio et 97% d'autres ingrédients bio.  Néanmoins, les principes éthiques qui nous définissent, font que malgré la dynamique de ce marché, nous nous interdisons ce type de développement. Nous prenons le risque stratégique, créatif et politique de ne pas tomber dans cet écueil, à tout prix.

En effet, la mise en place des labels comme « Entreprise du Patrimoine Vivant » place les savoir-faire français au cœur de leur action. C'est en quelque sorte un compagnon de cordée avec qui on prend plaisir à partir à l'assaut des sommets, en toute confiance, avec son itinéraire propre. Soyons clairs, le Made in France est plus qu'un label, qu'une étiquette, qu'un ratio d'ingrédients.

Attachons-nous aux spécificités des régions, de leurs secteurs d'activités et des savoir-faire qui les animent dans un cadre éthique en accord avec la personnalité de nos entreprises, c'est la meilleure façon de défendre le Made In France, le vrai.

Ne nous privons pas de ce nouveau gimmick démocratisé par Donald Trump et très récemment détourné par Emmanuel Macron pour défendre ces valeurs : Make "Made in France" Great Again !

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Commentaire 1
à écrit le 12/06/2017 à 6:18
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Cet article qui vante le fabrique en France d'antan est une bouffonnerie. Sans industrie, rien n'est possible. Pourquoi il y a trente ans avoir saccage cet outil ?Les fromages c'est une chose, boire du the au coin du feu certes, mais ca ne fait pas ...

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