Politiques publiques de demain : un enjeu collectif

Pourquoi les citoyens et citoyennes doivent être au centre de tout processus de construction des politiques publiques. Par Frédéric Bardeau, cofondateur de Simplon , Jacques Dasnoy, délégué général du Mouvement des Entrepreneurs Sociaux (Mouves), Chantal Mainguené, fondatrice de Môm’arte et Julien Maury, fondateur de Coab.
Pour réinventer la France, il faut que les acteurs publics et les citoyens travaillent main dans la main.

Les pouvoirs publics de notre pays se trouvent aujourd'hui à un tournant majeur de leur histoire. Vieillissement de la population, chômage, délitement des liens sociaux, les besoins se massifient et se complexifient. Parallèlement, les défis globaux de nos sociétés - crises écologiques, démocratique et économique - imposent de transformer les procédés traditionnels d'élaboration des politiques publiques. Il faut y injecter davantage d'innovation et d'agilité et, surtout, davantage d'ouverture et de collaboration.

Réinventer les façons de répondre aux besoins des populations c'est avant tout inclure dans le processus de nouveaux acteurs, aux premiers rangs desquels les usagers eux-mêmes. Les processus démocratiques représentatifs, descendants, même si ceux-ci sont agrémentés de démarches « participatives » ne suffisent pas. Les citoyens et citoyennes doivent être au centre de tout processus de construction des politiques publiques : c'est en partant de leur besoin et en analysant leurs usages que seront évités les dispositifs  inefficaces ou inadaptés.

Ce qu'apportent les entrepreneurs sociaux

Ce nouveau mode d'élaboration des politiques publiques porte un nom : la co-construction, un processus qui permet de générer de solutions nouvelles à des problématiques sociales inédites grâce à un dialogue continuel et horizontal entre les acteurs.

Réinventer l'élaboration des politiques publiques, c'est aussi inclure dans les processus de co-construction des acteurs comme les entrepreneurs sociaux en prise direct avec les besoins des françaises et des français les plus fragiles. Ils partagent avec l'Etat et les collectivités le fait d'œuvrer pour l'intérêt général et prouvent au quotidien que modèle économique viable et  réponse aux problématiques sociales ne sont pas incompatibles.

La force des entrepreneurs sociaux, c'est leur capacité à innover et à construire des solutions concrètes aux problèmes sociaux en associant à leur démarche des acteurs multiples. Les usagers bien sûr, mais aussi des parties prenantes capables d'augmenter l'impact de leur action.

Parmi eux Coab, une plateforme au service de l'habitat participatif, rassemble les pouvoirs publics, les acteurs privés et les citoyens pour apporter des réponses à la crise du logement et du vivre-ensemble. Les outils d'intervention publique sont nombreux, les professionnels cherchent à enrayer la baisse des constructions et les citoyens sont au désespoir de mieux se loger. Coab est convaincu que les conditions sont réunies pour trouver ensemble des solutions adaptées aux territoires et aux populations.

Quant à Môm'Artre, qui  offre des modes de garde après l'école de qualité adaptés aux rythmes de vie familles monoparentales et/ou à horaires décalés, l'associer à l'élaboration et à la mise en place de la réforme des rythmes scolaires, avec les enseignants et les parents, aurait sans doute évité des erreurs.

Enfin pour Simplon, la fabrique sociale de développeurs web, c'est en construisant avec collectivités, employeurs et acteurs de l'emploi chaque nouvelle implantation dans les territoires qu'elle définit au plus près des besoins la structuration, le type de public prioritaire - seniors, femmes, RSA...-, et le contenu de la formation.

Encourager le droit à l'invention

Cette co-construction de l'innovation sociale, les pouvoirs publics souhaitent s'en inspirer. De plus en plus de collectivités y voient un moyen efficace de continuer à assurer une action publique de qualité, accessible à toutes et à tous, partout sur leur territoire.  Des régions comme le Languedoc-Roussillon ou des villes comme Paris ont ainsi clairement inscrit l'innovation sociale dans leur Stratégie Régionale d'Innovation. Quant à l'Etat, il parie lui aussi fortement sur cette nouvelle manière de dessiner l'action publique, comme en témoigne la commande par le Marylise Lebranchu, ministre de  de la décentralisation et de la fonction publique, d'un rapport sur l'innovation publique territoriale   ou l'initiative la France s'engage, qui vise à accélérer - notamment par la levée de certains freins administratifs - le changement d'échelle d'innovations sociales portées par la société civile.

L'idée que certaines politiques publiques de demain doivent être conçues de manière collective est donc en marche, mais elle doit être portée au plus haut niveau par une ambition politique pérenne, qui encourage le droit à l'invention, l'expérimentation, la mise en œuvre et l'évaluation de politiques publiques inédites, véritablement co-construite avec et pour les usagers. Une ambition politique qui, forte de la loi Economie sociale et solidaire récemment votée, cherche également à impliquer de manière plus systématique les entrepreneurs sociaux, ces infatigables innovateurs au service du bien commun. Une ambition politique qui, par le développement d'une innovation publique et territoriale ouverte et collaborative, se donne véritablement les moyens de la réconciliation entre les citoyens, les entreprises et l'action publique.

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