Pour la revitalisation économique de nos territoires

La désertification des territoires s'accélère. Il est temps de réagir. Par Mathieu Darnaud, maire de Guilherand Granges, est sénateur de l'Ardèche

Les territoires français connaissent une accélération de leur désertification et de leur dévitalisation. Certes, ce phénomène n'est pas récent, comme l'avait écrit le géographe Jean-François Gravier en 1947 avec son maître ouvrage, Paris et le désert français. C'est justement pour répondre à la nécessité de l'équilibre des territoires que furent créés la DATAR (délégation à l'aménagement du territoire), les métropoles, le chemin de fer à grande vitesse ou encore la répartition équilibrée, dans l'Hexagone, de nos centrales nucléaires.

Force est de constater que, malgré une région capitale qui capte l'essentiel de la richesse nationale en raison d'un héritage historique lié à la centralisation de l'Etat royal absolutiste à Paris, les politiques publiques ont réussi à rééquilibrer progressivement nos territoires, notamment sous l'effet des Trente Glorieuses. De ce point de vue, le raccordement de plusieurs grandes métropoles régionales (Bordeaux, Rennes, Lille, Strasbourg, Lyon, Marseille) au TGV a permis d'accentuer leur développement économique et leur raccordement à l'économie mondialisée.

 Une période critique

Cependant, nous entrons désormais dans une période critique qui nécessite de réinventer notre politique d'aménagement du territoire. D'une part, la désindustrialisation de notre économie a eu des effets récessifs marqués dans plusieurs territoires, déconnectés de la mondialisation et dans l'impossibilité d'attirer de nouveaux talents. Les départements ruraux sont notamment dans une passe difficile, pris en étau entre des usines qui ferment et des agriculteurs indépendants qui peinent à survivre face à la concurrence des grandes puissances agricoles émergentes (Brésil, Argentine, Russie). D'autre part, nous n'avons plus les instruments de politique publique qui nous permettent de concevoir et de mettre en œuvre une politique d'aménagement du territoire et de sauvegarder notre ruralité.

 Dans ce cadre, la question du maintien des activités économiques locales prend une acuité particulière. Les candidats à l'élection présidentielle rivalisent d'inventivité pour essayer de lutter contre la désertification de nos territoires : création d'un fonds numérique, objectif de mise en œuvre de la 4G sur l'ensemble du territoire, création des maisons du service public ou regroupement des mêmes missions de service public (Poste, délivrance de titres...) autour des buralistes qui constituent un des derniers réseaux territoriaux.

 S'atteler à une refondation territoriale

A cet égard, la sauvegarde et le développement des 26.000 buralistes, répartis dans nos territoires, devient ainsi un quasi-impératif de service public. A ce titre, avant de développer d'autres activités, il convient d'abord de pérenniser l'activité économique centrale des buralistes, c'est-à-dire leur activité de commerce de proximité, y compris dans la vente du tabac. Si personne ne peut contester les impératifs de santé publique liés à la lutte contre le tabagisme, la mise en place du paquet neutre, qui est loin d'avoir démontré son utilité directe dans la santé publique, vient à nouveau fragiliser l'activité des buralistes. Ces derniers ne réclament pas des aides publiques, comme le gouvernement socialiste a tenté de le faire depuis 2012 (notamment avec une prime d'installation), mais une activité économique pérenne afin de pouvoir préserver son réseau territorial et développer leurs activités.

 Depuis 2012, les fractures territoriales se sont accentuées. Le gouvernement a été dans l'incapacité de penser une politique globale d'aménagement du territoire. Il convient donc de s'atteler à une refondation territoriale qui s'attaquera à l'ensemble des questions : articulation entre les différents échelons des collectivités locales, redéfinition des priorités de transports, redistribution des richesses entre les métropoles et les territoires ruraux, création d'une nouvelle génération de Contrat de plan Etat - Régions, mobilisation des financements européens, sauvegarde des réseaux de proximité avec les buralistes et les acteurs concernés, dont La Poste. Par là même, nous préserverons notre ruralité qui a construit au fil des siècles les paysages qui nous sont si familiers. La conception d'une nouvelle politique d'aménagement du territoire est indispensable pour répondre à « La France périphérique », celle qui se sent éloignée de la mondialisation et oubliée par Paris.

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