Reconstruire la confiance par l'avènement d'une société entrepreneuriale

OPINION. Et si cette élection présidentielle marquait la fin d'un système à bout de souffle ? Par Thibaut Bechetoille est le président de CroissancePlus, un réseau d'entrepreneurs qui œuvrent en faveur de la croissance.

Une abstention record, un vote protestataire à un niveau inégalé, un discrédit définitif des partis traditionnels, une insatisfaction croissante, une campagne décousue, faite de polémiques stériles et marquée par une absence de vision pour notre pays...

Alors que nous avons été privés de débats de fond, il est urgent de nous interroger aujourd'hui sur le modèle de société que nous voulons pour les décennies à venir. Un modèle qui permette à chacun de trouver sa place en libérant les énergies et les initiatives.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et surtout depuis les années 1980, notre pays a fait le choix collectif de la réduction des inégalités par la redistribution - la plus élevée au monde. Cela s'est traduit par une pression fiscale forte et un poids élevé des cotisations sociales. Ces entraves à la compétitivité se sont rapidement traduites par un déficit abyssal de la balance commerciale.

Ce modèle constitue en réalité une spirale infernale qu'aucun décideur public ne parvient à freiner : les dépenses sociales n'ont cessé de progresser depuis 1981. Face à tout problème social, de nouvelles prestations sont créées, et une part croissante du travail doit être socialisée pour garantir un minimum d'attractivité (exonérations de charges, défiscalisations des primes et heures supplémentaires, etc.).

Ainsi, la France a choisi de socialiser une partie des revenus, mais personne ne se pose réellement la question de l'efficacité de ces mécanismes, en matière de résultats économiques, d'efficacité du marché du travail, de positionnement de l'économie française dans le monde et, surtout, de satisfaction au sein de la population. En effet, le choix stratégique en faveur de la redistribution n'est pas sans conséquences sociales, en ce qu'il alimente frustration, ressentiment et gaspillage des talents.

Il n'est pas non plus sans effet sur nos comptes publics. Fin 2021, la dette publique représentait 112,9% de la richesse nationale (2813 milliards d'euros), le déficit demeurant au niveau très élevé de 6,5% du PIB. Le déficit de la Sécurité sociale s'élève à 24,5 milliards d'euros, après un record abyssal de 38,7 milliards en 2020. Le service de la dette est le troisième poste de dépenses de l'État. Notre système social est donc financé aux dépens de notre indépendance financière.

Depuis plus de deux ans, notre pays survit à perfusion d' « argent magique ». Lors de la campagne présidentielle, personne n'a osé aborder la question de la maîtrise de notre endettement. Le programme de la totalité des candidats en lice était fait d'interventionnisme, de planification et de dépenses publiques supplémentaires, éludant le sujet de la maîtrise de l'endettement.

Pour autant, les enjeux sont immenses : il est urgent de trouver des modèles innovants de prise en charge du « grand âge », de financer la transition écologique, d'adapter l'offre de formation aux réalités du marché du travail, de réindustrialiser notre pays, d'investir dans un système de santé et une justice à bout de souffle...

Ces défis majeurs ne peuvent qu'être portés par une société d'entrepreneurs. C'est pourquoi il nous faut d'urgence penser un modèle de société entrepreneuriale où l'équilibre entre l'État et le secteur privé est perçu comme stratégique pour le pays. Porté par le président de la République, ce modèle hybride et moderne nous permettrait de renouer enfin avec un système vertueux, permettant à chacun de trouver sa place dans la société.

Il est urgent de rompre avec ce modèle qui, depuis 40 ans, nous précipite vers la faillite, vers le déclassement et vers la frustration généralisée. Reconstruire la confiance par l'avènement d'une société entrepreneuriale, voilà le seul projet qui vaille pour redresser la France.

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Commentaires 3
à écrit le 03/05/2022 à 9:59
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Bonjour, vous avez raison sur ce sujet de compétitivité des entreprises françaises, en invoquant la pression des prélèvements obligatoires, en effet, ceux-ci pèsent sur l'entreprise, donc, sur le travail des acteurs français, cependant, s...

à écrit le 29/04/2022 à 13:23
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Est-ce que cette société entrepreneuriale serait capable de donner des salaires cohérents à ses employés ? Quand quitter sa boîte pour un peu mieux et que la boîte perd 10x plus voire fermer un service? Ou comment expliquer des salaires doubles ou ...

à écrit le 27/04/2022 à 16:21
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Oui, le choix stratégique en faveur de la redistribution alimente frustration, ressentiment et gaspillage des talents. Et pourtant on continue et on en promet tjrs plus.

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