Territoires et Entreprises, les destins sont liés

Régions, agglomérations et entreprises doivent approfondir leurs relations. Par Alain Berthéas, Président de Loire Forez Agglomération Administrateur de l'AdCF (Assemblée des Communautés de France)

Notre organisation territoriale vient de connaître, en ce mois de décembre 2015, une évolution considérable : 13 grandes Régions sont nées démocratiquement. De nouveaux territoires d'une taille inédite, pour certains d'entre eux, vont désormais s'engager dans la gouvernance économique territoriale de notre pays. La réforme territoriale a beaucoup promis en termes d'efficacité et de développement économique. La responsabilité des nouvelles Assemblées Régionales sera grande. En matière d'économie et d'emploi, l'attente est immense chez tous nos concitoyens et en particulier au cœur des entreprises.

Notre pays est pourtant traversé de mouvements contraires et de tiraillements profonds qui font douter que l'on parvienne encore à « faire société ». Or, une nation qui doute d'elle-même échouera à produire de la croissance. Notre pays ne peut se situer en dehors du monde réel. Il ne peut créer de la richesse sans échanges, ni de l'emploi sans entreprises, encore moins de la cohésion sociale sans croissance.

 Des destins liés

La mondialisation accélère le rythme du Monde, ouvre tous les espaces à la concurrence. Territoires et entreprises sont confrontés aux compétitions et aux déséquilibres nés de cette globalisation. C'est ensemble qu'ils doivent répondre à ces défis. L'interpénétration est totale. Leurs destins sont liés. Mais aucune réforme territoriale ne pourra résoudre ce que le vivant ne serait plus en mesure de réaliser.

Les territoires et les entreprises sont, comme l'économie, davantage des êtres vivants que des machines robotiques et ont besoin de confiance en l'avenir pour aller de l'avant, investir et embaucher. Confiance dans l'environnement qu'il soit normatif, régulateur, règlementaire et fiscal. Il est de ce fait nécessaire de disposer de règles stables, claires et pérennes.

La croissance se joue au niveau micro

Aucune décision venue du sommet ne redressera miraculeusement la compétitivité. C'est au niveau microéconomique que se jouent la croissance et les emplois de demain.

Grandes Régions et intercommunalités doivent s'unir et tout engager pour accompagner les entreprises, qui sont leurs fers de lance dans la compétition économique mondiale. La concurrence est aussi territoriale. La globalisation les frappe tout aussi directement. Et les développements, les victoires de leurs entreprises sont leurs meilleures chances de survie et de conquête.

Grandes Régions et Intercommunalités doivent s'unir et prendre, ensemble, le leadership d'un véritable aménagement économique des territoires créant les conditions d'un biotope efficace, protecteur et durable qui favorise la croissance des entreprises. PME et ETI sont les atouts de nos territoires, de véritables chances, le Mittelstand que nous envions tant à nos voisins allemands.

Approfondir les relations entre régions, agglomérations, et entreprises

Il ne peut y avoir de territoire vivant sans entreprises en développement et pas d'entreprises vivantes sans territoire ambitieux et attentif. Il faut désormais tout faire pour approfondir les relations entre territoires, en particulier les Régions et les agglomérations et entreprises. Grandes Régions et intercommunalités doivent ainsi devenir les premiers lobbyistes des entreprises en direction de l'Etat central et de l'Europe. Elles doivent créer un rapport de force favorable. Elles doivent tout tenter pour que les stratégies monétaire, environnementale, fiscale, sociale, réglementaire... soutiennent et confortent la croissance et les emplois. Fiscalité intelligente et lisible. Pas d'obsession du rendement immédiat. Un accompagnement stable et bienveillant dans la durée pour favoriser l'innovation ou encore la prise de risque qui seules permettront à nos atouts de se déployer.

Une dimension stratégique

Dans une relation permanente, les nouvelles Régions et les institutions intercommunales doivent, dans une recherche d'efficacité et dans une véritable complémentarité des efforts, approfondir leur dimension de stratèges et d'entrepreneurs. Il s'agit de se concentrer sur nos forces, nos sources d'efficacité et de réussite, nos missions essentielles donc, aussi de les coordonner. Investir dans les infrastructures, l'éducation ... pour que les autres acteurs réussissent et fassent croître le pays et l'emploi. Il s'agit de laisser aux acteurs concernés - les entreprises, les salariés - qui ont les capacités humaines, la réactivité pour anticiper les évolutions du monde économique.

Une économie de proximité

Grandes Régions, intercommunalités et entreprises, doivent ensemble réinventer une économie de proximité, pas seulement celle des circuits courts ou du local, mais une économie de proximité qui intègre les stratégies, et qui s'inscrit en atout durable face aux assauts de la Mondialisation pour les rendre plus acceptables et plus humaines. Il n'y a aucune incompatibilité entre « économie de proximité » et « économie mondialisée ». Comme les grandes entreprises, les PME et ETI de nos territoires doivent avoir pour échelle la vie globalisée.

L'économie de proximité, c'est aussi une économie réelle, pas celle des excroissances financières devenues ultra-dominantes. L'effacement de notre appareil productif est progressif mais continu, qu'il soit industriel et celui-ci est spectaculaire, agricole aussi, et on peut désormais regretter ces disparitions jusque dans le commerce et les services. Même la grande distribution s'inquiète de la concurrence terrible des hyper-commerçants du web, basée notamment sur la révolution numérique, celle de la logistique et des modes de paiements mais surtout sur le dumping fiscal qui met à mal libraires, disquaires et tous les autres distributeurs.

Il faut donc miser sur la proximité, celle du réel et plus encore parce que nous savons tous que les finances publiques nationales et locales ne sont pas dans leur meilleure forme.

Encore une fois : les destins sont liés. C'est de co-développement dont il s'agit. Et nous pensons, sans dogmatisme, à l'AdCF, que les intercommunalités ont un rôle majeur à jouer et qu'elles sont le meilleur échelon d'intervention et de collaboration avec les Grandes Régions nouvellement créées. N'attendons plus ! Rendez-vous dès janvier !

 Alain Berthéas, Président de Loire Forez Agglomération

Administrateur de l'AdCF (Assemblée des Communautés de France), Président de SIGVARIS SAS, Administrateur du SNITEM (Syndicat National de l'Industrie des Technologies Médicales)

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