Trente ans de consommation d'énergie en France

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, retour sur les trente dernières années de consommation d'énergie en France.
Canal Xerfi

Comment a évolué la consommation d'énergie en France depuis le début des années 1980? Pour le déterminer, j'ai décidé de suivre la consommation d'énergie primaire. C'est l'indicateur le plus global qui intègre la consommation des producteurs et des transformateurs d'énergie. Il permet de mesurer le taux d'indépendance énergétique national, c'est-à-dire le rapport entre la production française d'énergies primaires et la consommation.

Pour mieux suivre les tendances de fond, les données sont corrigées des variations climatiques annuelles. La série est enfin exprimée dans une unité commune de la valeur énergétique, c'est-à-dire en millions de tonne équivalent pétrole. Le début des années 80 porte les stigmates du double choc pétrolier : la consommation d'énergie baisse. Une baisse qui fait échos au fort ralentissement de la croissance économique. Et qui souligne surtout la très forte vulnérabilité de nos économies face au prix du pétrole. L'essor de cette source d'énergie a accompagné le développement fabuleux de l'automobile. Son prix très compétitif malgré les chocs a disqualifié le charbon, et les années 80 vont voir son effondrement. La France est alors devenue totalement dépendante de ses approvisionnements extérieurs : le taux d'indépendance est alors à peine supérieur à 27%. Cela poussera les gouvernements successifs à pousser toujours plus loin le programme nucléaire.

A partir de 1984...

La consommation d'énergie redémarre avec la reprise et s'accélère au début des années 90 jusqu'à la crise de 1992-93.  Elle va stagner pendant deux ans avant de redémarrer pour atteindre un pic courant 2002. Une remontée simplement perturbée par les deux coups de froid de l'économie : le premier, lié aux politiques de rigueur avant le passage à l'euro. Le second, à la suite de l'éclatement de la bulle internet en 2000. Ces pauses ne remettent pas en cause la tendance de fond : en l'espace de 20 ans le bond de consommation aura été spectaculaire (+53%). Mais, c'est tout de même 4 points en dessous de l'évolution du PIB (+57%). La structure économique du pays s'est en effet modifiée pour devenir plus économe en énergie. Un mouvement qui est la résultante de deux forces opposées :

  • 1- le poids de l'industrie s'est s'affaiblit. L'impact sur l'énergie est d'autant plus fort que ce sont les secteurs les plus énergivores qui cèdent le plus de terrain. Et notamment, la sidérurgie dont la consommation d'énergie est divisée par deux sur la période.
  • 2- A contrario, les modifications des modes de vie, avec l'augmentation des déplacements, l'équipement voire le suréquipement électrique des logements, jouent à contresens. Mais si la consommation est en hausse, elle est aussi de plus en plus couverte par la production nationale d'électricité nucléaire, ce qui propulse le taux d'indépendance à 51%.

A partir de 2002, l'économie redémarre jusqu'à 2008

La consommation d'énergie ne suit pas ! C'est la conséquence de la désindustrialisation du territoire alors que dans le même temps, la consommation d'énergie, liée aux transports ou au logement plafonne. Cela s'explique par une évolution ralentie de l'équipement des ménages, mais aussi par des économies d'énergies. Le krach de 2008-2009 va entrainer une chute historique de la consommation d'énergie. Une chute qui entraine une modification structurelle de tendance ; la consommation n'a pas remonté la pente depuis. Bilan fin 2014, la consommation d'énergie primaire en France est revenue à son niveau de 2000 ! On peut l'analyser comme la marque d'une économie devenue plus sobre, moins énergivore. Mais c'est aussi le signe de la perte de nos usines et de nos secteurs industriels les plus gourmands en tonnes d'équivalent pétrole.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 4
à écrit le 06/09/2015 à 22:19
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bonsoir ça redonne le moral des commentaires comme ça ! Hors du nuke pas de salut ! ho pinaise, on est mal barré !

à écrit le 06/09/2015 à 22:11
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bonsoir ça redonne le moral des commentaires comme ça ! Hors du nuke pas de salut ! ho pinaise, on est mal barré ! Au secours !

à écrit le 24/08/2015 à 17:24
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Pourquoi ce jugement de valeur avec emphase à propos du supposé "surequipement électrique domestique" ? Le confort moderne est un "équipement". Sa consommation éléctrique est élevé, ainsi il évite de dépenser trop en fabrication et sera progressiveme...

à écrit le 24/08/2015 à 17:12
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Les 66% d'énergie virtuelle comptés dans les 63 GW nucléaires progressivement constitués jusqu'en 2000 ne faussent-ils pas l'analyse en surestimant la croissance de la production d'énergie ? Cette chaleur n'est pas valorisée et ne pollue pas. Avec la...

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