Avec Climate Impulse, son nouvel avion à hydrogène, Bertrand Piccard veut recréer de l’enthousiasme autour de l’action climatique

L’explorateur suisse l’a annoncé le 14 mars au Power Earth Summit : après avoir faire le tour du monde en avion solaire en 2016, il s’apprête aujourd’hui à relever le défi de l’avion à hydrogène. Prévu pour 2028, son nouveau tour du monde sans escale et sans émission vise non seulement à donner un coup d’accélérateur à la décarbonation de l’aviation, mais aussi à donner à voir au plus grand nombre que les solutions existent pour sauver le climat… et retrouver confiance en l’avenir.
(Crédits : DR)

Dans un monde aux prises avec l'écoanxiété, où les appels à une sobriété sacrificielle alternent trop souvent avec les discours défaitistes et immobilistes, Bertrand Piccard veut incarner le chemin d'une troisième voie. C'est en tous cas ce qu'il a expliqué à Fanny Agostini sur la scène du CNIT le 14 mars dernier, lors de la première édition du POwR Earth Summit. « Il y a un immense malentendu autour de la décroissance, a-t-il expliqué. Il est temps de dire que l'écologie n'est pas une question de sacrifice, mais qu'au contraire il y a d'énormes avantages à moderniser le monde et à rendre nos infrastructures plus efficientes. Nous devons passer d'une économie de quantité, qui pollue, gaspille et menace le climat, à une économie de qualité, plus efficiente, qui améliorera la qualité de la vie de la population. » Et pour réussir cette transformation en moins de 10 ans Bertand Piccard et sa fondation Solar Impulse ont déjà identifiés 1600 solutions pragmatiques et rentables économiquement, qui non seulement pourraient permettre de limiter au maximum nos émissions de gaz à effet de serre mais aussi d'entrer de plein pied dans une ère plus vertueuse, plus moderne et plus apaisée. Et pour prouver que rien n'est impossible et que la transition énergétique n'est qu'une question de volonté commune, Bertrand Piccard a annoncé solennellement s'être engagé dans un nouveau défi : faire le tour du monde sans escale à bord d'un avion à hydrogène baptisé Climate Impulse.

Plus qu'un avion, un message d'espoir

« Climate Impulse, c'est un peu mon coup de gueule à l'écoanxiété et l'écodépression ! » s'est exclamé l'aventurier qui n'a de cesse de convaincre les décisionnaires du monde entier que les technologies propres sont rentables, logiques et nécessaires. En s'attaquant au sujet délicat de la décarbonation de l'aviation, ce psychiatre de formation veut en effet prouver que l'on peut tenter de décarboner tous les secteurs, même les plus difficiles. Pour cela, il est soutenu par le monde aérien, qui observe de près les avancées technologiques du projet, mené en partenariat avec la société scientifique Syensqo. Après deux ans de R&D financés par Airbus, Daher, Capgemini et Ariane Group, l'avion est actuellement en construction, sous la direction de l'ingénieur et navigateur Raphaël Dinelli. Si tout se passe comme prévu et que les scientifiques parviennent à trouver une solution pour maintenir l'hydrogène liquide à -253°C pendant les neuf jours de vol, ce dernier décollera avec Bertrand Piccard en 2028 pour un tour du monde inédit. « Vouloir faire voler un avion sans émission carbone, ce n'est pas de la science-fiction, mais une réalité sur laquelle nous travaillons a expliqué Bertrand Piccard. Plus qu'un tour du monde, Climate Impulse explorera de nouvelles façons de penser et d'agir pour promouvoir une meilleure qualité de vie ».

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Un rêve réaliste, loin des mirages du technosolutionnisme

Car si Bertrand Piccard croit que les 1600 solutions référencées par sa fondation peuvent changer le monde, comme tant d'autres encore à découvrir, il se garde bien de laisser penser que la haute technologie résoudra le problème du climat. Au contraire, il insiste sur la simplicité et le pragmatisme de solutions de bon sens, qui devraient être utilisées pour leur efficacité même si le réchauffement climatique n'existait pas. Lors de son intervention au Powr Earth Summit, il s'est d'ailleurs prononcé contre les solutions futuristes qui pourraient servir d'alibi à l'inaction, comme le projet de bouclier thermique imaginé par certains pour atténuer le rayonnement solaire. Entre un passé déjà archaïque et un futur hypothétique, Bertrand Piccard revendique d'être avant tout dans le présent, mais avec l'état d'esprit des grands explorateurs prêts à dépasser les limites du monde connu. « Le futur n'est pas une extrapolation du passé, le futur est incertain et inconnu a-t-il déclaré. Il nécessite d'être complètement disruptif, c'est à dire d'apprendre à faire et à penser autrement tout ce qu'on a toujours fait jusqu'à maintenant. L'esprit pionnier consiste à changer le paradigme, le dogme et les habitudes pour entrer dans une autre ère, où l'humanité pourra se développer plus harmonieusement. » En attendant le décollage de Climate Impulse, le message a été reçu 5 sur 5 par un public conquis...

Commentaire 1
à écrit le 15/04/2024 à 17:06
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L'hydrogène a beaucoup d'avantages (et des inconvénients dangereux, mais maîtrisables), mais un inconvénient: il faut le produire. Pas comme le pétrole (ou le gaz) où il suffit d'asservir les populations qui les "détiennent", et de les traiter légère...

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