POwR Earth Summit : les 5 messages clefs de Barack Obama aux acteurs de la transition

Le premier événement dédié à l’accélération de la transition énergétique a été inauguré le 13 mars dernier par le 44e président américain, venu partager son expérience et ses convictions avec les acteurs de l’énergie. Pendant 1 heure, Barack Obama a ainsi pu discuter en toute décontraction avec Henri Landès, alternant anecdotes, traits d’humour et messages forts avec le charisme qu’on lui connaît. Retour sur les temps forts d’une soirée hautement inspirante.
(Crédits : DR)

Il était attendu comme une rock star. Invité par la POwR Earth Fondation pour inaugurer 2 jours de rencontres et de conférences sur l'accélération de la transition énergétique, l'ancien locataire de la Maison Blanche (2009-2017) avait pour mission de donner le cap pour embarquer les 1200 participants dans la grande aventure de la décarbonation. Loin des grands discours de campagne, Barack Obama a opté pour la connivence, faisant parfois rire la salle aux éclats, afin de délivrer les messages qui lui tiennent à cœur. Aujourd'hui à la tête d'une fondation qui vise à former la nouvelle génération de leaders engagés à la transformation du monde, l'ancien président américain préféré des Français n'a eu de cesse de rappeler que la transition énergétique était avant tout une affaire humaine, à traiter avec une profonde humanité.

Ancrer la transition dans une quête de sens

Après avoir mis sa vie au service des autres, Barack Obama  a commencé par rappeler que la meilleure façon de faire face aux angoisses et à la dépression climatique était de s'inscrire dans une démarche altruiste. Selon lui, les êtres humains sont des êtres sociaux, co-dépendants, qui ont besoin de tisser des relations entre eux. Et alors que de plus en plus de jeunes redoutent l'avenir et souffrent d'écodépression, refusant même parfois de faire des enfants dans un monde qui se réchauffe, il rappelle que la quête de richesse ne doit pas être une fin en soi et que chacun peut servir quelque chose de plus grand en se rendant utile. « En tant que parents, Michèle et moi n'avons donné que deux conseils à nos filles : soyez gentilles et soyez utiles (be kind and be useful). Nous avons tous la capacité de donner du sens à chacune de nos actions, dans l'intérêt de tous. Nous n'arriverons pas à faire face à la question existentielle du changement climatique si l'argent est notre seule ambition.»

Redonner confiance à la nouvelle génération

« Si on leur donne une chance, les jeunes peuvent faire des choses incroyables. » Barack Obama en est convaincu, la nouvelle génération est sensible à l'injustice et aux inégalités et très concernée par le climat. En revanche elle ne fait plus confiance aux grandes institutions et peut être effrayée par l'ampleur du travail à accomplir. « Le grand défi n'est plus de les sensibiliser mais de leur faire comprendre qu'on peut encore agir. Ce n'est pas en étant désespérée que l'humanité avance le mieux. C'est un sacré défi («a big hard project ») que de repenser dans un temps extrêmement court comment les habitants de cette planète vont consommer leur énergie, et nous ne sommes pas certains de parvenir à rester sous la barre des 2 degrés de réchauffement. Mais si nous parvenons à +2,2 degrés au lieu de +2,5, cela fera une énorme différence pour des millions de gens, en évitant des migrations, des maladies et des famines. On peut décider de laisser empirer la situation, ou de l'améliorer, et je crois que ce soir nous avons tous le même objectif. »

Ne laisser personne sur le côté

Pour Barack Obama, la transition écologique ne peut se faire au détriment des plus démunis. Aux Etats-Unis, où la voiture est absolument indispensable, il lui semble par exemple inconcevable de demander aux plus défavorisés de faire l'acquisition d'une voiture électrique sans une aide financière, comme il lui semble impensable d'exiger des efforts pour la biodiversité de la part de populations qui luttent pour survivre. C'est pourquoi il a insisté sur la nécessité que les états les plus riches soutiennent le développement des énergies renouvelables et des solutions d'adaptation dans les pays du Sud : « Il faut trouver les mécanismes de financement pour que les investissements privés soient attractifs, en misant sur des solutions efficaces et réplicables. »

Préserver notre terre avant d'aller sur Mars

Barack Obama l'assume, il est passionné par la conquête spatiale et ne manque pas une occasion d'envoyer des photos de l'espace à ses filles. Mais s'il suit avec curiosité les préparatifs d'une mission sur Mars, il s'insurge contre ceux qui voudraient se servir de la planète rouge comme d'un plan B pour l'humanité. « Nous sommes conçus pour la planète Terre, et ce serait bien de la garder ! s'est-il exclamé. Même en cas de guerre nucléaire ou de réchauffement climatique, la Terre sera toujours plus adaptée pour les humains que Mars. La vie s'y adaptera et continuera, et nous devrions investir dès maintenant pour pouvoir continuer à y vivre bien. »

Accepter la complexité humaine

Mais alors, comment accélérer la nécessaire transition écologique ? Pour Barack Obama, l'une des grandes leçons qu'il a apprise lors de ses deux mandats est que le problème ne vient pas du manque de technologies - même s'il faut continuer à soutenir l'innovation - mais... des relations entre les êtres humains, qu'ils trouvent complexes et difficiles du fait des barrières sociales et culturelles. Après avoir raconté de nombreuses anecdotes sur les négociations qui ont permis d'aboutir aux Accord de Paris ou sur ses décisions pour accélérer la transition énergétique américaine, il a conclu sur l'idée que les humains étaient imparfaits et désordonnés (messy and imperfect), et qu'il fallait comprendre que l'avenir ne serait ni apocalyptique ni parfait, mais qu'il fallait tout faire pour éviter chaque dixième de degré de réchauffement supplémentaire. Thank you, Mister Président.

PowR Earth Summit

Performance : l'artiste Brusk a réalisé une œuvre pendant l'inauguration du Powr Earth Summit

L'art peut-il changer le monde ? Ou doit-il simplement alerter, sensibiliser et attirer l'attention sur les sujets de société ? Si la question a fait couler beaucoup d'encre, l'artiste Brusk a une façon très personnelle d'y répondre. Issu de l'univers du street art, cet ancien graffeur s'est fait connaître pour son utilisation de la couleur, qu'il utilise pour crier sa révolte face aux dysfonctionnements de notre monde, en y injectant une lueur d'espoir et de beauté. Mais pour aller plus loin, l'artiste n'hésite pas à offrir ses œuvres à des associations, comme celle qu'il a réalisé pour SOS Méditerranée et qui a permis de sauver 200 migrants en mer. Le 13 mars dernier, à l'issue de la rencontre avec Barack Obama, il a ainsi réalisé une œuvre pendant le cocktail d'inauguration, qui sera bientôt vendue aux enchères au profit de la POwR Earth Foundation. «Afin de rendre hommage au président américain, j'ai voulu créer une image qui fasse le lien entre la France et l'Amérique explique Brusk. J'ai donc peint, à la bombe, le flambeau de la statue de la Liberté, mais recouvert de panneaux photovoltaïques. Ce symbole de l'amitié franco-américaine peut ainsi éclairer le monde d'une nouvelle énergie... ».

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