Cybersécurité : IoT.BZH protège les véhicules connectés

Avec quelques jeunes pépites comme  IoT.BZH, le Morbihan ambitionne de devenir un maillon fort de la chaîne cyber. Le 1er concours Cyber West Challenge qui s'est tenu en décembre à Vannes a récompensé cette startup spécialisée dans la cybersécurité et la sécurisation des véhicules connectés. Financée à 80% par l'industrie automobile japonaise, l'entreprise vannetaise prépare une levée de fonds sous 24 mois et n'exclut pas de s'ouvrir aux secteurs du maritime, de l'énergie ou de la défense.
Fulup Le Foll, président et co-fondateur, avec Stéphane Desneux, d'IoT.BZH.

IoT.BZH fait partie de ces startups un peu atypiques. Fondée en juillet 2015, la jeune pousse vannetaise spécialisée dans la sécurisation des véhicules connectée, ne manque ni d'argent ni de clients. Son plan de charge est rempli jusqu'en 2020-2021, et après un premier exercice achevé sur un chiffre d'affaires de 1,3 millions d'euros, elle vise les 2 à 2,2 millions d'euros à fin 2017. Alors que le marché estime qu'il y aura 200 millions de voitures à attaquer en 2020, IoT.BZH surfe sur la vague de la voiture connectée en vendant son expertise à une industrie qui investit massivement dans la R&D. Mais tout ce que produit cette entreprise de 7 ingénieurs (15 à 20 à fin 2017), lauréate du 1er concours Cyber West Challenge organisé en décembre à Vannes, est open source. Financée à 80% par l'industrie japonaise à travers Renesas (composants électroniques), et à 20% par ForgeRock aux Etats-Unis (identité numérique), IoT.BZH a vu sa technologie de sécurisation adoptée par Toyota. Elle vient aussi d'être acceptée par le consortium mondial AGL (Automotive Grade Linux), qui regroupe une communauté d'industriels japonais, mais aussi Ford, Jaguar Land Rover, des intégrateurs de rang 1, des fabricants de technologies (Panasonic) et des fournisseurs de composants tels Microchip.

« IoT.BZH est née avec les équipes d'ingénieurs abandonnés par Intel suite à la fermeture de ses centres R&D en France dont celui de Vannes, explique Fulup Le Foll, président et co-fondateur, avec Stéphane Desneux, d'IoT.BZH. Nous réutilisons la technologie open source de sécurité du projet Tizen, avec l'objectif d'introduire la notion d'identité dans l'automobile, pour des usages allant de la voiture partagée au  paiement automatique ou à la langue de l'utilisateur. L'automobile connectée implique des niveaux de complexité démultipliés. L'industrie automobile délègue la R&D et finance des sociétés comme la nôtre pour faire baisser les prix des systèmes embarqués et se synchoniser avec l'industrie informatique en accélérant les cycles de développement du secteur.»

Accompagnement en vue de nouveaux débouchés

IoT.BZH développe sa technologie  de sécurisation de données (audio/vidéo, écran central, tableau de bord...) pour les premiers véhicules qui sortiront à horizon 2020-2021. A cette échéance, il est estimé que le marché automobile s'enrichira de 50 à 100 milliards de dollars par an et le niveau de sécurité des véhicules sera un facteur clé de l'adoption par le public.

« L'étape d'après sera d'assurer la sécurité du véhicule dans son environnement, qu'il s'agisse de la maison ou de la ville intelligentes et de l'échange entre les voitures mais aussi de fournir des mécanismes de tests", ajoute Fulup Le Foll. Dans cette optique de développement, participer au Cyber West Challenge qui était porté par les agences de développement de Vannes et Lorient, avait son importance. Piloté par Défense conseil international avec des partenaires tels que le groupe Piriou, Diateam, les Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, ACE management, Thales ou encore la Caisse des Dépôts, le concours a permis à IoT.BZH de se faire connaître et d'anticiper un prochain accroissement de ses capacités financières. L'entreprise a des perspectives dans l'industrie automobile européenne et américaine, mais vise à terme d'autres débouchés : transport maritime et aviation, secteur de l'énergie, applications militaires. Une levée de fonds conséquente n'est pas exclue sous 18 à 24 mois.

Ouverture d'une deuxième site à Lorient

« Nous embauchons, sur un territoire qui va de Brest à Nantes, des ingénieurs spécialisés dans l'architecture système et faisons pour l'instant attention à rester focalisé avec une petite équipe compétente sur le secteur automobile. Celui-ci investit pour le moment plus que d'autres industries dans la R&D et la cybersécurité. Cela n'empêche pas de commencer à monter des dossiers avec des investisseurs pour anticiper l'avenir », précise Fulup Le Foll.

Doté de 300.000 euros, le Cyber West Challenge a accueilli 10 projets innovants dont celui de l'autre lauréat, l'entreprise malouine de conseil en cyberdéfense Gwagenn. Outre un accompagnement pouvant conduire à une prise de participation au capital, IoT.BZH va bénéficier d'un hébergement d'un an dans une pépinière à Lorient, où la société a décidé d'ouvrir un deuxième site.

En Bretagne, la filière de la cybersécurité et de la cyberdéfense a le vent en poupe avec l'établissement d'un Pôle d'excellence cyber. Or, garder ou attirer sur son territoire des entreprises innovantes dans ce domaine est une des ambitions du Morbihan qui via ce nouveau concours, entend enrichir son écosystème. Le département met déjà en avant ses capacités R&D, ses formations académiques dédiées à la cybersécurité (école d'ingénieurs ENSIBS à Vannes, école militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan), ses technopoles Vipe à Vannes et Audélor à Lorient. La présence de l'armée et de grands groupes industriels jouent aussi un rôle structurant. Un deuxième concours est d'ores et déjà programmé en 2017 et pourrait être plus axé sur l'international.

Blockchain, neutralisation des attaques des objets connectés, etc.

La Région Bretagne et le ministère de la Défense ont décidé cette année de renforcer la présence du Pôle d'excellence cyber (PEC) au Forum international de la cybersécurité (FIC) qui se tiendra à Lille les 24 et 25 janvier. Aux côtés du PEC, 21 entreprises bretonnes, 5 centres de recherche et écoles d'enseignement supérieur ainsi que 8 entités du ministère de la Défense seront réunis sur un même espace, afin d'illustrer, via des démonstrations et des applications concrètes, l'étendue de leur savoir-faire. L'expertise bretonne mise en avant portera sur différents registres dont le véhicule connecté avec tableau de bord communicant sécurisé, la blockchain appliquée à l'horodatage de documents juridiques, la visualisation de la neutralisation des attaques des objets connectés ou encore l'identité numérique sécurisée ultra-rapide... La jeune pousse  rennaise CAILabs sera présente aux côtés de sociétés telles que Amossys, Diateam ou Secure-IC. Elle présentera une démonstration de son innovation développée avec Cisco et visant à protéger, au niveau de la couche physique, les données transmises au sein d'une fibre optique.

Lancé en février 2014 et constitué de 50 membres ou partenaires, le Pôle d'excellence cyber s'appuie sur un tissu académique et industriel. Il a pour objectif de stimuler le développement de l'offre de formation, de la recherche académique et de l'innovation sous forme de services et de produits. P.P-L.

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