Energy Observer, le Solar Impulse des océans 100% écolo part en tour du monde

Au printemps prochain, le premier navire à hydrogène et à énergie mixte larguera les amarres pour un périple mondial de six ans : une odyssée en quasi totale autonomie énergétique, sans émission de CO2 ni de particules fines. Conçu à Saint-Malo, l'Energy Observer s'engage dans la transition énergétique en misant sur l'innovation et les technologies du futur. Les porteurs de ce projet soutenu par AccorHotel et l'Unesco, le marin Victorien Erussard et le documentariste et explorateur Jérôme Delafosse, cherchent encore huit partenaires pour boucler le financement.
Portée par le navigateur Victorien Erussard (à droite) et le réalisateur télé Jérôme Delafosse, cette « odyssée pour le futur » a aussi pour objectif d'explorer et de partager un territoire mal connu : celles de nouvelles voies énergétiques pour un avenir durablement plus propre.

Depuis l'expédition polaire du commandant Charcot en 1908 à bord du Pourquoi Pas ?, aucun bateau de grande exploration n'a quitté les quais de Saint-Malo. Ce sera chose faite au printemps prochain avec la mise à l'eau de l'Energy Observer. Ce navire expérimental, propulsé pour la première fois aux énergies renouvelables et à l'hydrogène, laissera derrière lui son port d'attache pour larguer les amarres à Paris avant d'entamer un tour de France, puis un tour du monde. Portée par le navigateur Victorien Erussard et le réalisateur télé Jérôme Delafosse, cette « odyssée pour le futur » a aussi pour objectif d'explorer et de partager un territoire mal connu : celles de nouvelles voies énergétiques pour un avenir durablement plus propre. Occasion aussi de tester, via la mixité énergétique, le bâtiment du futur.

A mi-chemin entre Solar Impulse et la Calypso de Cousteau

Pendant 6 ans, jusqu'en 2022, le coureur au large et officier de marine marchande, avec son co-équiper, explorateur et homme de télévision, bien connu des abonnés de Canal+ pour son émission Les Nouveaux Explorateurs, espèrent naviguer sans utiliser une goutte de carburant fossile. A mi-chemin entre le défi technologique de Solar Impulse et la portée pédagogique des odyssées sous-marines de Cousteau à bord de la Calypso, l'Energy Observer, dont les voyages donneront lieu à beaucoup de contenu média (voir encadré), vise la totale autonomie énergétique et l'absence d'émissions de gaz à effet de serre et de particules fines.

« C'est un tour du monde au service de la transition énergétique", s'enthousiasme Victorien Erussard, un proche de Nicolas Hulot, parrain du navire et dont la fondation est partenaire du projet:

"Ce catamaran est un laboratoire flottant. Il couple différentes sources d'énergies renouvelables comme l'éolien et les panneaux solaires, pour produire son propre hydrogène à partir de l'eau de mer et le stocker à bord. Cette architecture énergétique innovante, développée en collaboration avec le CEA-Liten de Grenoble, vise une navigation quasi autonome. Notre vision est de puiser l'énergie dans la nature, sans l'abîmer ni la gaspiller. Ce projet fait rimer les valeurs transition énergétique, développement durable et innovation. »

En 101 escales et 50 pays... à la rencontre de ceux qui s'engagent

Baptisé dans quelques semaines sous la Tour Eiffel, l'équipe de l'Energy Observer a prévu 12 escales en France cette année qui le mèneront jusqu'à Monaco. Cette navigation courte de 100 à 200 miles nautiques lui permettra d'éprouver son modèle énergétique avant d'aborder son tour du monde. Entre 2017 et 2022, 101 escales sont prévues dans les capitales maritimes, les ports historiques ou les réserves naturelles.

«  2018 sera consacré à un tour de la Méditerranée et notre temps de navigation sera multiplié par quatre", ajoute Victorien Erussard. "En 2019, nous ferons route sur l'Europe du Nord pour éprouver les températures fraîches, avant une transatlantique vers les Etats-Unis à l'hiver 2019-2020. Puis une transpacifique en 2021 et un retour par l'Inde et l'Afrique en 2022. Ces six années nous permettront de partir à la rencontre de ceux qui oeuvrent pour la transition énergétique et le développement durable: décideurs, startups, collectivités ou citoyens. »

A Hawaï, l'Energy Observer en saura par exemple plus sur la production d'énergie à partir des vagues.

Energy Observer

Soutien de Paris, pas de la Région Bretagne

D'abord bateau de compétition et recordman du Trophée Jules Verne, l'Energy Observer, ancien Formule TAG, est un véritable concentré de technologies et de solutions innovantes qui vont devoir fonctionner ensemble. Depuis trois ans, une cinquantaine de personnes, navigateurs, architectes et ingénieurs s'activent au reconditionnement de ce catamaran de 30 mètres de long. Si le CEA-Liten de Grenoble est un des principaux partenaires techniques, Victorien Erussard et son équipe sont aussi allés chercher l'expertise de plusieurs pépites technologiques ou formations bretonnes, telles que Armor Mecca (allégement du bateau par pièces en titane), et Ocam (câblage aéronautique) à Dinan, Plastimo (accastillage) à Lorient, Icam (éolien) à Vannes et Marinelec (sécurité) à Quimper.

Pourtant, du côté des partenaires, la Bretagne, dont la stratégie économique mise notamment sur l'économie marine et le croisement des filières (Glaz Economie), n'a pas montré d'empressement. En dehors de la municipalité de Saint-Malo, ce projet collaboratif de 5 millions d'euros (R&D comprise) par an n'a reçu le soutien d'aucune collectivité ou cluster territoriaux. Il est en revanche très suivi par la Ville de Paris !

Encore huit entreprises à convaincre

Energy Observer réunit au total une quinzaine de partenaires, entreprises et institutions dont AccorHotel, engagé dans la réduction d'eau et d'énergie,  et Thelem Assurances, qui adhère à la responsabilité sociale et environnementale du projet. La Fondation Hulot et l'Unesco participeront pour leur part au volet sensibilisation auprès du grand public. Mais le projet cherche encore huit autres partenaires pour boucler son financement, dont deux du niveau d'investissement d'AccorHotel et Thelem Assurances. Victorien Erussard ne désespère pas. Si le marin quitte la compétition avec l'espoir, qu'un jour « les énergies alternatives seront utilisées », il argue que le projet est arrivé à maturité:

« Au début, les entreprises prenaient un peu cette aventure comme une utopie. Là, elles nous font confiance. »

Par Pascale Paoli-Lebailly, 
correspondante Bretagne pour La Tribune

___

ENCADRE

___

Energy Observer : bateau TV et média digital

Si Victorien Erussard est le capitaine du bateau, Jérôme Delafosse assure le poste de chef d'expédition. Et c'est au réalisateur qu'est attribuée la mission de faire de l'Energy Observer, une « Calypso du XXIe siècle » :  un bateau TV, voire un média digital à la manière du site "Vice" qui délivrera un message positif au service de l'environnement.

« On va suivre les aventures d'Energy Observer, ses rencontres avec ceux qui se mobilisent,  mais aussi traiter à notre manière, en divertissant, des questions d'écologie et d'environnement. Il est important de montrer la dimension d'innovation qui va conduire vers un monde plus propre », indique Jérôme Delafosse, qui finalise les statuts de la société Energy Observer Productions.

A partir du printemps, l'actuel site internet sera enrichi par des contenus vidéo innovants, combinant réalité virtuelle et mixte, son 3D et direct interactif. L'odyssée sera aussi active sur les réseaux sociaux. Côté télévision, des discussions sont en cours avec des chaînes et portent sur des formats d'information et de documentaires. L'explorateur et réalisateur espère d'ailleurs un partenariat avec France 24 en vue de produire des sujets courts sur la technologie et l'innovation. 25% du budget annuel d'Energy Observer, soit environ 1 million d'euros, est dévolu aux opérations média et de communication. P. P-L.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 29/03/2017 à 12:21
Signaler
Bonjour, Magnifique bateau, dommage que le boudin situé au-dessus de la voile de KitSurf n'ai pas été gonflé avec l'hydrogène créée par la pile à combustible comme stipulé dans mon aménagement naval visible sur mon site : http://inventions.a.vern...

à écrit le 07/02/2017 à 16:15
Signaler
Bravo vive la France des développements techniques et ici maritime continuez et entraînez de nombreuses personnes autour de vous

à écrit le 03/02/2017 à 7:54
Signaler
Batiment 100% ecolo. C'est totalement vrai. Entierement fabrique avec du carton recyclable. On se fiche vraiment de la gueule des gens d'ecrire des anneries pareilles.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.