Paroles d’experts : la responsabilité du chef d’entreprise face aux risques nouveaux ou en croissance

Les dirigeants des petites et moyennes entreprises sont souvent mal informés sur les nouveaux risques qu’ils encourent dans le cadre de leur activité. La Tribune et Axa ont mis en place un cycle de conférences pédagogiques qui se déroulera dans six villes. Sixième et dernière étape : Paris
Jean-Luc Montané et Bruno Mazuras, les deux intervenants d'Axa Entreprises, ainsi que Louis Bin, chef d'entreprise invité pour partager son expérience, ont débattu pendant une heure trente devant une cinquantaine de participants.

La Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris a accueilli, hier matin, la sixième conférence du cycle Paroles d'Experts, instauré en partenariat par La Tribune et Axa Entreprises. Jean-Luc Montané et Bruno Mazuras, les deux intervenants d'Axa Entreprises, ainsi que Louis Bin, chef d'entreprise invité pour partager son expérience, ont débattu pendant une heure trente devant une cinquantaine de participants, lors du débat portant sur « la responsabilité du chef d'entreprise face aux risques nouveaux ou en croissance ».

Les dirigeants de petites entreprises particulièrement visés

Face aux risques en croissance, et particulièrement aux nouveaux risques, les dirigeants des petites entreprises ne sont pas forcément les mieux armés. « Les chefs d'entreprise ne sont pas toujours bien préparés, surtout dans les PME où ils n'ont pas les collaborateurs pour les prévenir ou les informer des risques qu'ils ont à gérer », confie Jean-Luc Montané, directeur des assurances IARD d'Axa Entreprises. Le premier but d'un dirigeant est de faire fonctionner son entreprise et de la développer, et beaucoup ne sont pas conscients que s'ils sont mal préparés, ils peuvent mettre en péril à la fois la santé financière de leur entreprise et leur patrimoine propre. « Dans une grande entreprise, les structures sont plus lourdes et le dirigeant est mieux protégé. Au contraire, dans une PME, le chef d'entreprise se trouve en dernier rempart, il doit anticiper la bonne prise de décision ou se retrouver face à la réalité », ajoute Louis Bin, dirigeant de Comeco.
Dès lors, le but d'un assureur est d'aider les dirigeants en leur apportant de l'expertise. « Le rôle d'agent général est d'accompagner le dirigeant, dans la mesure où ce dernier a la vision de son business mais pas de celui de l'ensemble des risques qu'il encourt », précise Bruno Mazuras, agent général chez Axa. « L'assureur est pour moi l'un des partenaires essentiels pour accompagner un chef d'entreprise, dans la mesure où il est spécialiste en terme de risque, de couverture du risque, de prévention du risque et d'information », complète Louis Bin.

Un environnement risqué et un accompagnement nécessaire

La conjoncture économique difficile, ainsi que la réglementation de plus en plus protectrice pour les consommateurs, les salariés ou l'environnement, font que les risques encourus par les chefs d'entreprise, ont considérablement augmenté ces dernières années.

De nouveaux risques, comme le risque civil, pénal, environnemental, lié à la cyber criminalité ou d'image, sont apparus et frappent de plus en plus de PME mal préparées à leurs conséquences. En outre, lorsque le sinistre se déclare, « beaucoup de petites entreprises n'ont pas forcément les services et moyens nécessaires pour les aider dans les situations difficiles », souligne Jean-Luc Montané. « Sur les nouveaux risques, les chefs d'entreprise ont besoin de conseils, dans la mesure où ils n'ont pas conscience des risques auxquels ils s'exposent. Ils ont également besoin d'illustrations, car apprendre ce qui est arrivé à des confrères, concurrents et d'autres chefs d'entreprise leur permet de mieux se préparer », affirme Bruno Mazuras

Un risque personnel encourus par beaucoup de dirigeants

Tous les chefs d'entreprise assurent leur flotte automobile, et leurs locaux, mais n'anticipent pas toujours les conséquences des autres risques, persuadés qu'en cas de problème ils seront couverts par le contrat en responsabilité civile de leur entreprise. « Les dirigeants de PME savent qu'il faut s'assurer quand c'est obligatoire, et souscrivent cette couverture. En revanche ils sont conscients qu'ils encourent un risque personnel, à près de 80%, mais seulement 25% d'entre eux s'assurent contre cet aléa », note Jean-Luc Montané.

Si un problème majeur survient dans l'entreprise (accident du travail, faute de gestion,...), la responsabilité de son dirigeant peut être mise en cause devant les Tribunaux. « Au pénal, le chef d'entreprise risque une sanction, mais si sa responsabilité  civile est mise en cause, il risque des dommages et intérêts. Comme de plus en plus les gens sont conscient qu'ils peuvent demander une réparation, ils tentent d'obtenir de l'argent sur tout ce qui est dommageable », analyse Louis Bin. Ce dernier a vu sa responsabilité mise en cause après le suicide d'un de ses collaborateurs. « Nous avons immédiatement été mis en cause, car ce dernier s'est suicidé à son domicile après une semaine de travail. Outre le choc, il a fallu gérer les demandes des enquêteurs, et mettre en place une cellule psychologique pour aider les salariés à surmonter ce drame », dit-il. « En dix ans, les mises en examen ont été multiplié par trois, et l'an passé entre 3 000 et 4 000 chefs d'entreprise ont été mis en examen, ce souci n'arrive donc pas uniquement aux autres » , souligne Jean-Luc Montané. Pourtant, « aujourd'hui, les chefs de PME sont très en retard sur ce type de protection », complète Bruno Mazuras.

Afin de mieux se protéger, Louis Bin a souscrire une assurance dirigeant, qui le couvre contre ces aléas. « Cette dernière assure les conséquences civiles et pénales si la responsabilité propre d'un des dirigeants est mise en cause. L'entreprise peut la souscrire pour le compte de ses dirigeants, et régler les primes, sans que cela soit considéré comme un abus de bien social », précise Jean-Luc Montané.

Des nouveaux risques à ne pas négliger

Il existe également trois autres risques, évoqués à la tribune par les experts présents à ce débat. Le premier est lié à l'environnement et souvent sous-estimé par les dirigeants. Beaucoup d'entre eux pense qu'il ne concerne que les entreprises industrielles, pourtant toutes les PME sont touchées depuis que le principe du « pollueur-payeur » a été inscrit dans la loi. « Une entreprise dont la cuve de fioul fuit devra réparer tous les dégâts en dépolluant les mètres cubes de terre touchés, car elle est obligée de remettre en l'état l'environnement, le coût financier d'une telle opération peut être très important », met en garde Bruno Mazuras

Deuxième type de risque, dont la fréquence croit de plus en plus : ceux liés à l'informatique. Les exemples de grandes entreprises dont les systèmes informatiques ont été piratés sont nombreux, mais les PME sont de plus en plus attaquées. « Comme les grands groupes disposent de systèmes de sécurité de plus en plus sophistiqués, les pirates malveillants s'attaquent plutôt aux PME, souvent moins bien protégées », constate Jean-Luc Montané. Outre ce risque externe, les entreprises peuvent également être attaquées de l'intérieur. « Nous avons surpris un intérimaire avec un disque dur, qui était en train de copier des données sensibles de notre entreprise, et nous sommes alors aperçus que les conséquences de ce risque aurait pu être vital », se remémore Louis Bin. Enfin, une simple panne informatique, ou un blocage des systèmes informatiques suite de l'introduction d'un virus peuvent également entrainer de lourdes pertes.

Troisième risque à ne pas négliger : celui de d'image, qui frappe tous les dirigeants en cas de crise. Les réseaux sociaux, le développement des médias sur Internet et la rapidité de l'information, font qu'il faut être capable d'agir vite pour désamorcer les conséquences d'un sinistre. « Notre contrat protège les dirigeants de PME d'un tel risque, nous travaillons, notamment, en collaboration avec des cabinets de communication de crise pour gérer au mieux ce risque », ajoute Jean-Luc Montané.

Un débat utile pour la prise de conscience

Grace aux exemples concrets présentés par les intervenants lors du débat, les dirigeants participant à cette conférence ont pu prendre conscience de l'ensemble des nouveaux risques qui pesaient sur leurs têtes. « Il est nécessaire d'avoir une vision externe et des exemples concrets d'incidents et de difficultés rencontrées par d'autres pour apprendre à se méfier », affirme Louis Bin. Des solutions pratiques ont été présentées, pour se protéger, libres aux chefs d'entreprise de les utiliser ou non, mais en toute connaissance de cause. « Le rôle de l'assureur est de prévenir les chefs d'entreprise sur les risques qu'ils ont à gérer et de les limiter. En cas de problème, nous devons également accompagner les dirigeants et les aider financièrement à assurer la situation financière de leur entreprise », conclut Jean-Luc Montané.

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