Classement de Shanghai : quelles retombées économiques pour Saclay ?

Au lendemain de la 14e place obtenue par l'université Paris-Saclay dans le classement de Shanghai, les acteurs économiques et politiques locaux misent sur des retombées positives en termes d'attractivité, à condition que la ligne 18 du super-métro soit au rendez-vous dans les délais.
César Armand

Elle a frôlé l'entrée directe dans le top 10. L'université Paris-Saclay (CentraleSupélec, AgroParisTech, Ecole normale supérieure Paris Saclay, Institut d'optique graduate school) vient d'entrer au classement de Shanghai à la 14e place. Depuis 2003, cette sélection réalisée par le cabinet Shanghai Ranking Consultancy évalue les établissements d'enseignement supérieur du monde entier selon six critères, dont, rappelle l'AFP, le nombre de Nobel et médailles Fields parmi les étudiants diplômés et professeurs, le nombre de chercheurs les plus cités dans leur discipline ou encore le nombre de publications dans les revues Science et Nature.

Si l'université Paris-Saclay, dont l'une des composantes essentielles est l'ex-université Paris-Sud, compte 6.000 doctorants, 9.000 enseignants-chercheurs, près de 275 laboratoires et concentre près de 13% de la recherche française, le territoire de Paris-Saclay, qui compte aussi l'institut Polytechnique de Paris, représente 40% des emplois de la recherche publique et privée en Île-de-France. Ce dernier est administré par l'établissement public d'aménagement (EPA) Paris-Saclay née dans la foulée de la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris. Présidé par la présidente de région Valérie Pécresse, l'EPA doit, selon ce texte fondateur, "favoriser la recherche, l'innovation et la valorisation industrielle au moyen de pôles de compétitivité et du pôle scientifique et technologique du plateau de Saclay".

Renforcer l'attractivité et les retombées économiques

Trois ans après la venue du président Macron rêvant tout haut d'un "MIT à la française", et un an après la présentation par l'ex-préfet de région, préfet de Paris, Michel Cadot, d'un rapport appelant à "renforcer la marque Paris-Saclay", cette bonne place devrait renforcer l'attractivité de ce territoire à cheval entre l'Essonne et les Yvelines ainsi que les retombées économiques.

"J'espère qu'elle constituera un déclencheur pour des entreprises qui veulent venir faire des affaires", réagit pour La Tribune le président (LR) du conseil départemental de l'Essonne François Durovray.  "C'est un cercle vertueux qui est de bon augure pour l'avenir", ajoute-t-il.

Déjà entre le 3 février et le 2 mars dernier, le département du 91 et l'agence d'attractivité francilienne Choose Paris Region avaient mené une campagne de communication sur Linkedin pour cibler 170.000 scientifiques de Grande-Bretagne, intitulée "Saclay Calling" et "largement vue" avec 259.735 impressions. Ce qui fait dire au président de Choose Paris Region Franck Margain que le classement de Shanghai "confirme [leur] politique de faire de Saclay un pôle global économique".

"Nous avons beaucoup travaillé sur l'internationalisation du plateau et l'enseignement des langues étrangères pour que les nombreuses entreprises internationales souhaitant s'implanter dans la région puissent y détecter les futurs cadres et y former leurs propres enfants", insiste-t-il.

"La base technologique du CAC 40"

Air Liquide, Danone, EDF, IBM, Nokia, Safran, Sanofi, Total, Thalès... Toutes ces entreprises l'ont déjà compris et comptent, ou compteront dans les prochaines années, un centre d'innovation et/ou de recherche et de développement sur le plateau. "Saclay, c'est la base technologique du CAC 40", résume l'urbaniste Pierre Veltz, pdg de Paris-Saclay de 2010 à 2015. Si cette récompense internationale devrait attirer davantage d'investissements directs étrangers, "il faudrait faire venir davantage de PME", exhorte-t-il.

"Le tissu de PME ne demande qu'à grandir et à devenir des ETI", remarque pour sa part le président de la chambre de commerce et d'industrie de l'Essonne Didier Desnus. "Les grands groupes, dont la chaîne de décision est rigide, commencent à prendre conscience de la nécessité de travailler en partenariat avec les PME et les startups qui sont très agiles", assure-t-il encore.

Encore faudra-t-il loger tous ces salariés. C'est pourquoi l'établissement public d'aménagement érige la mixité des fonctions en condition sine qua non quant au développement du campus urbain. "C'est essentiel en termes de développement durable. On gagne aussi bien en termes écologiques qu'économiques", souligne son directeur général Philippe Van de Maele. "Rien que sur le partage de l'énergie, on peut par exemple répartir la production d'électricité et l'usage des parkings entre les bureaux le jour et les logements la nuit", démontre-t-il.

La nécessité de réaliser la ligne 18 du super-métro

La desserte en transports en commun (RER, bus à haut niveau de service) demeure toutefois insuffisante. L'Etat s'est donc engagé, à plusieurs reprises, à ce que le premier tronçon de la ligne 18 du Grand Paris Express entre Massy et le CEA à Saint-Aubin soit livré dès 2026. En revanche, il faudra attendre 2027 pour la mise en service de la portion entre Massy-Palaiseau et l'aéroport d'Orly et 2030 pour celle entre le CEA à Saint-Aubin et Versailles-Chantiers, déjà terminus d'une branche du RER C.

"Je félicite chaleureusement l'ensemble des acteurs qui, un an après la création de l'université Paris-Saclay, ont permis à celle-ci d'entrer dans le haut du classement de Shanghai", relève encore Grégoire de Lasteyrie, président (LR) de la communauté d'agglomération Paris-Saclay (27 communes, 318.000 habitants Ndlr)."L'excellence scientifique est l'un des piliers de notre territoire et cette reconnaissance internationale vient confirmer la direction prise collectivement", conclut celui qui est également président de l'union des élus pour la ligne 18.

Outre Paris-Saclay, trois autres établissements français font leur première apparition dans le top 100: Paris sciences & lettres (PSL, 36e), Paris (65e) et Grenobles Alpes (99e). Déjà présente par le passé, la Sorbonne grimpe, elle, à la 39e marche.

César Armand

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Commentaires 2
à écrit le 30/12/2020 à 14:50
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"à condition que la ligne 18 du super-métro soit au rendez-vous dans les délais." on en parlait quand j'y étais (1980-2008), genre serpent de mer. Mais ça va peut-être finir, enfin, par se faire. Quand Polytechnique s'est installée la bas, les gens s...

à écrit le 18/08/2020 à 9:45
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Le classement de Shanghai est une farce, il suffit de soumettre davantage d'articles dans les revues anglo-saxonnes et de regrouper des écoles pour monter dans le classement. C'est n'importe quoi.

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