« Les professionnels ont besoin d'interlocuteurs » Jean-Luc Poidevin, Nexity

Le promoteur Nexity, leader de la construction en Île-de-France, suit avec inquiétude les hésitations sur le supermétro et la configuration actuelle. Son directeur général en charge de l'urbain Jean-Luc Poidevin a pris les devants en recomposant ses équipes.
Jean-Luc Poidevin, Nexity.
Jean-Luc Poidevin, Nexity. (Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Que vous inspirent les balbutiements actuels sur le Grand Paris Express?

JEAN-LUC POIDEVIN - Quand vous faites de l'immobilier et de l'urbanisme, la question de la mobilité est fondamentale pour savoir où les habitants vont se loger, travailler, consommer et pratiquer un loisir. Les transports en commun sont donc vitaux pour nos concitoyens. Sauf que nous n'avons plus réalisé d'investissements structurants en matière de transports en commun depuis plus de cinquante ans et sommes restés dans un système en étoile, qui ne répond plus bien aux besoins ! Les inégalités se sont énormément accentuées et des territoires entiers comme ClichyMontfermeil, non desservis par le réseau actuel, sont extrêmement défavorisés. Le tracé du Grand Paris Express est donc un enjeu essentiel pour résoudre ce problème.

Depuis le discours fondateur de Nicolas Sarkozy, la stabilité et la simplification étaient également aux abonnées absentes...

Je peux vous en parler : il y a dix ans, je suivais déjà ces questions puisque Nexity était dans une des dix équipes du Grand Paris et pas grand-chose n'a réellement évolué depuis. Nous vivons dans un drôle de pays : nous savons poser un diagnostic sur les transports, la gouvernance, les enjeux métropolitains, mais nous avons beaucoup de mal à passer à l'acte ensuite. Et à l'heure actuelle nous avons même réussi l'exploit d'ajouter une strate territoriale supplémentaire - la métropole du Grand Paris (MGP) et de n'en faire disparaître aucune. Le seul point positif est que la SGP a été créée et qu'elle a commencé les travaux de lignes nouvelles. Mais le quotidien et la qualité de vie des Franciliens se dégradent énormément ; même chez cadres supérieurs : 61 % veulent quitter Paris !

Est-ce alors une question de périmètre ou de compétences ?

Depuis 2007, rien n'a changé. Le périmètre actuel de la MGP n'est pas celui où les enjeux sont les plus significatifs, ni le territoire où l'on produit et l'on va produire le plus. Cela se passe dans les territoires en deuxième voire troisième couronne. Nous avons donc besoin d'une institution suffisamment importante territorialement pour définir les grands objectifs des grandes politiques environnementales, du logement ou du transport. Ce que l'on entend des mesures proposées au président de la République est inquiétant car, si ce périmètre actuel ne s'élargit pas, nous allons connaître une aire métropolitaine à deux vitesses, où les territoires les plus défavorisés le seront encore plus dans l'avenir.

Heureusement que le législateur a restauré les agglomérations, qui sont désormais les EPT (établissements publics territoriaux), car nous, les professionnels, nous avons besoin comme interlocuteurs des élus et une administration connaissant bien leur territoire. Nous ne sommes pas dos-à-dos, au contraire nous devons travailler ensemble afin de répondre aux enjeux. C'est urgent si nous voulons sortir des schémas clientélistes où l'on ne veut pas construire pour ne pas déplaire aux électeurs. Cet échelon d'agglomération est essentiel pour cela.

Vous-même, chez Nexity, vous avez lancé, début janvier, trois nouvelles filiales dédiées au Grand Paris et à la région Île-de-France.

La région Île-de-France est une institution qui est chargée essentiellement du développement économique et qui accompagne les actions des collectivités territoriales sur les autres enjeux. Nous entendons là encore des scénarios proposés au président de la République qui chercheraient à mettre en place « un compromis équilibré » où par exemple la région verrait ses prérogatives de transports réaffirmées. Est-ce pertinent, une métropole menant des politiques liées au logement, au développement durable, sans avoir la responsabilité des transports qui resterait à la région ?

Dans cette logique d'efficacité, un groupe comme le nôtre cherche en permanence à s'adapter aux territoires qui sont la base de son développement. Encore dernièrement, nous avons créé, en effet, trois nouvelles filiales dans l'aire métropolitaine francilienne afin d'être au plus près de ces territoires pour leur apporter nos réponses aux questions qu'ils se posent. Nous sommes ainsi plus agiles, plus souples et donc plus efficaces vis-à-vis de nos clients.

Propos recueillis par César Armand

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