Ligne 14 du métro : Morangis se rêve en terminus sud en lieu et place d'Orly

La commune de 13.800 âmes située au sud de l'aéroport accueillera le site de maintenance et de remisage de la ligne 14 du réseau parisien. Avec les élus du territoire Grand Orly Seine Bièvre, à cheval entre le Val-de-Marne et l'Essonne, la maire (LR) de Morangis, Brigitte Vermillet, entend bien devenir le terminus sud du "Meteor". En jeu selon elle: 500.000 habitants et salariés concernés.
César Armand
Entre Chilly-Mazarin, Paray-Vieille-Poste et Juvisy, Morangis joue son va-tout.
Entre Chilly-Mazarin, Paray-Vieille-Poste et Juvisy, Morangis joue son va-tout. (Crédits : Capture écran Google Maps)

Maison-Blanche, Kremlin-Bicêtre Hôpital, Villejuif - Institut Gustave Roussy, Chevilly - Trois Communes, Porte de Thiais - Marché International, Pont de Rungis et Aéroport d'Orly. Si vous êtes un familier du Grand Paris, vous savez que ces sept stations seront les prochaines de la ligne 14 au sud du terminus actuel Olympiades. Si vous ne l'êtes pas, vous savez désormais qu'après le prolongement du "Meteor"* jusqu'à la mairie de Saint-Ouen-Sur-Seine, ouvert le 14 décembre, la première ligne automatique sans conducteur de la RATP va se prolonger jusque dans le Val-de-Marne et l'Essonne d'ici à 2024.

Après Bibliothèque François-Mitterrand de 1998 à 2007, Olympiades depuis treize ans, c'est en effet la gare Aéroport d'Orly qui sera le terminus sud de la ligne 14 à horizon 2024 sur la commune de Paray-Vieille-Poste. Au niveau de l'extension du parking P0, à proximité du futur bâtiment de jonction qui reliera les terminaux Sud et Ouest, cette station sera également le terminus de la ligne 18 du Grand Paris Express en 2027. D'après la Société du Grand Paris Express, elle accueillera 95.000 voyageurs par jour et bénéficiera aux 173.000 résidents habitant dans un rayon de 1 kilomètre autour.

Un vote à l'unanimité le 15 décembre

Au sud du deuxième aéroport francilien, c'est la commune de Morangis (Essonne, 13.800 habitants) qui accueillera le site de maintenance et de remisage des trains de la ligne 14. À l'initiative de la nouvelle maire (LR) Brigitte Vermillet, les élus locaux de l'établissement public territorial (EPT) Grand Orly Seine Bièvre, qui regroupe 24 communes du 91 et du 94, ont voté, le 15 décembre et à l'unanimité, une motion portant sur l'utilité d'y créer une gare. Autrement dit: de faire de ce site de maintenance et de remise situé à Morangis le terminus sud de la ligne 14 en lieu et place de l'aéroport d'Orly.

Candidat en octobre à la présidence du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris, le patron (LR) de l'Essonne, François Durovray, plaidait, lui aussi, pour la création d'une gare du Grand Paris Express à Morangis. Ce poste-clé au sein de l'établissement public qui construit le super-métro est toutefois revenu à Olivier Klein, maire (PS, LREM-compatible) de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Aussi, la maire de Morangis, également vice-présidente du conseil départemental du 91 chargée de la transition écologique, persiste et signe.

"L'État impose aux collectivités des objectifs de logements, mais ne favorise pas les transports, alors que le réseau routier - A6, A10 et RN7 - est complètement saturé. C'est blindé le matin ! Il faut partir à 7h pour arriver à Paris", s'exclame Brigitte Vermillet.

L'État réticent, la RATP redouterait la saturation

L'idée date de fin 2015, à la suite d'une enquête publique au cours de laquelle cette idée d'une gare voyageurs avait été émise. La Société du Grand Paris confirme que le site de maintenance et de remise pourrait être transformé, mais ne va pas (encore ?) dans le sens de la commune de Morangis. Brigitte Vermillet n'en démord pas. Elle assure que le terrain de 200 hectares pourrait accueillir des parkings de rabattement automobile, des emplacements vélo ainsi que des bus en interconnexion avec le tramway T7 dont le terminus sud se trouve à Athis-Mons. En clair, un pôle d'échange multimodal.

Outre le vote de la motion le 15 décembre dernier, l'EPT Grand Orly Seine Bièvre travaille déjà à la réalisation d'une étude d'acceptabilité et de faisabilité. Quelle que soit leur sensibilité politique, les élus du territoire, soutenus par ADP dont 40% des salariés viennent de l'Essonne, veulent un document clé-en-main avant de démarcher les autorités compétentes. Selon nos informations, l'État y serait réticent, car cela supposerait de modifier la loi, de même que la RATP redouterait déjà la saturation de la ligne 14 dans Paris intra muros en cas de prolongement jusqu'à Morangis.

"Cela me fait rigoler ! Comment une station et d'un seul coup viendrait saturer le réseau ? J'attends avec grande impatience les conclusions de notre étude", réagit la maire Brigitte Vermillet.

Un bassin de 500.000 habitants et salariés concernés

En attendant, il reste toujours aux décideurs publics locaux le lobbying politique auprès des parlementaires et de l'exécutif. La députée du coin, Amélie de Montchalin, actuellement ministre (LREM) de la Fonction publique, aurait, dès 2018, adressé un courrier en ce sens à la Société du Grand Paris. Le député (LR) de la circonscription voisine, Robin Reda, estime, lui, que cela offrirait un terminus plus accessible pour les habitants du Nord-Essonne, de même que cela désengorgerait les RER dans les migrations pendulaires.

Du côté des utilisateurs, Marc Pélissier, le président de l'association des usagers des transports en Île-de-France (AUT-IDF), qui ne s'est jamais exprimé officiellement là-dessus, ne veut pas prendre position. Il estime néanmoins que, pour l'Essonne, le prolongement du tramway T7 jusqu'à Juvisy - commune dont Robin Reda a été maire de 2014 à 2017 - serait plus utile. Le projet, déclaré d'utilité publique, est en outre financé à 50% et permettrait une interconnexion avec les RER C et D et le pôle d'emploi d'Orly-Rungis.

Cela ne convainc pas Brigitte Vermillet. La maire de Morangis cite sa zone d'activité de 1.600 entreprises avec 3.200 salariés référencés par la chambre de commerce et d'industrie, ainsi qu'un bassin de 500.000 habitants et travailleurs concernés. Et de conclure: "Il manque 50 millions d'euros et la volonté de l'État. C'est rien financièrement !" Comparé aux 100 milliards d'euros du plan de relance national, c'est vrai que cela ne représenterait que 0,05%. Encore faut-il que tous les acteurs donnent leur feu vert. Le cas échéant, cela restera un site de maintenance et de remisage.

*Le nom de projet donné à la ligne 14 du métro.

César Armand

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