[article initialement publié le 15 janvier, mis à jour le 23 janvier avec les réactions des professionnels]
Une société mixte publique-privée proposant de la location à des prix abordables. Ce 15 janvier 2020, Anne Hidalgo avait choisi un garage transformé en logement social dans le 9ème arrondissement pour dévoiler sa nouvelle idée pour résoudre la crise du logement dans Paris.
20 milliards d'euros pour reconquérir 30.000 logements d'ici à 2026
Aux côtés de Ian Brossat, son adjoint (PCF) au Logement, et d'Alain Dinin, président de Nexity, premier opérateur immobilier français, la maire-candidate a promis que cette future société serait dotée d'un milliard d'euros de la Ville, de deux milliards d'une institution publique type Caisse des Dépôts et de trois milliards d'acteurs privés. "Banques, assurances...", a-t-elle listé, éludant la question sur leur rendement futur: "On verra", a-t-elle simplement répondu.
Sollicitée, la Fédération bancaire française dit ne pas pouvoir s'exprimer « sur ce qui relève de la stratégie commerciale des banques ». Idem du côté de la Fédération française de l'assurance, qui renvoie à « l'engagement de certains de [ses] membres ». Silence radio du côté des institutions publiques. A contrario, la Fédération des promoteurs immobiliers appelle à « préciser le modèle économique » du projet. « Le sujet du logement abordable est central pour nous : nous pouvons faire des contrats de maîtrise d'ouvrage, mais nous n'avons pas vocation à porter des terrains », confie sa présidente, Alexandra François-Cuxac.
Au total, si elle est réélue, Anne Hidalgo souhaite lever 20 milliards d'euros pour "reconquérir 30.000 logements" sur le parc privé d'ici à la fin de la prochaine mandature. Elle a justifié cette mesure au nom des "difficultés" qu'éprouvent les classes moyennes à se loger dans la capitale, prenant l'exemple d'un couple qui démarre dans la vie active, qui a un enfant et qui souhaite en accueillir un deuxième. "Les loyers seront 20% en-dessous du prix du marché actuel", a-t-elle également annoncé.
Racheter, transformer et construire
A la question des arrondissements privilégiés, la maire-candidate a cité celui de Paris Centre, le 9ème "où il y a une gentrification contre laquelle nous pouvons lutter", ainsi que les 13ème, 18ème, 19ème et 20ème. "Il faut rééquilibrer et remettre des classes moyennes", a-t-elle insisté. Quid d'une réflexion à l'échelle métropolitaine ? "Nous le mettrons à disposition des communes du Grand Paris qui souhaitent bénéficier de cette initiative, mais je ne veux forcer personne."
Concrètement, la société mixte publique-privée pourra racheter des immeubles, en transformer d'autres ou même construire. "Il reste quelques ZAC comme Bercy-Charenton", a même déclaré Anne Hidalgo, quoiqu'en pensent Europe Ecologie-les-Verts, ses opposants d'aujourd'hui et alliés d'hier (et de demain ?).
"Il y a eu des votes majoritaires et des oppositions très conservatrices", a-t-elle balayée auprès de La Tribune. "La question de la hauteur est derrière nous", a-t-elle poursuivi en référence à la tour de 180 mètres de haut qui cristallise les critiques.
La Ville gardera la main sur les attributions
Si des acteurs privés et publics co-construisent, ensemble, cette entreprise, qui attribuera les logements ? "La Ville gardera la main sur la question des attributions en collégialité avec les entreprises privées et les institutions", a précisé la maire-candidate. Selon toute vraisemblance, son fonctionnement devrait se rapprocher de celui qui prévaut pour le logement social. En l'occurrence, sous condition de revenus et sous la forme d'un système de cotation qui fonctionne selon un nombre de points.
Toujours en matière de logement, Anne Hidalgo avait déjà annoncé, plus tôt dans la campagne, le maintien de l'encadrement des loyers et la création d'un service d'accompagnement des locataires. Elle a également promis 25% de logement social en 2025, déclinés en objectifs par arrondissement. Elle s'est en outre prononcée pour un référendum par arrondissement sur le nombre de jours de location d'un appartement via les plateformes de type Airbnb.
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