Municipales à Paris : les Verts surenchérissent sur la transition écologique

Lors de ses voeux à la presse ce 9 janvier, le candidat EELV à la mairie de Paris, David Belliard, a déclaré vouloir "sortir du béton", "libérer Paris de la voiture" et "lutter contre la cherté". Par exemple, passer de 22 à 26% de logements sociaux d'ici à 2026.
César Armand
(Crédits : Stephane Mahe)

Le parti Europe-Ecologie-Les Verts est dans la majorité municipale parisienne depuis dix-neuf ans, mais comme en 2001, 2008 et 2014, EELV a monté sa propre équipe pour espérer faire mieux que les listes "Paris en commun" d'Anne Hidalgo en mars prochain.

Lors de ses vœux à la presse ce 9 janvier 2020, la tête de liste David Belliard a déclaré vouloir "changer la donne à Paris et dans la métropole", en promettant "une révolution écologique" qui sort "de la politique des petits pas". Ses marqueurs sont clairs: "sortir Paris du béton", "libérer Paris de la voiture" et "lutter contre la cherté".

Sortir du béton, libérer de la voiture et lutter contre la cherté

Pour l'écologiste, sortir du béton consiste, pour l'heure, à dénoncer "des grands projets inutiles et néfastes", comme la construction de six tours à la frontière de Bercy et de Charenton ainsi que l'agrandissement de la gare du Nord"On transforme cette gare en immense centre commercial avec plus de 60.000 mètres carrés prévus en plein Paris", a-t-il déclaré.

"Est-ce qu'ils s'engagent à faire un moratoire ?" s'est interrogé David Belliard, en référence aux autres candidats. "Qu'on fasse de ces friches des projets en conformité et en concertation réelle [avec les habitants, Ndlr] pour qu'ils améliorent le quotidien des Parisiens."

En revanche, pour libérer Paris de la voiture, l'écologiste se révèle plus prudent. Il propose, en priorité, de "piétonniser et de végétaliser les abords des 300 écoles" du fait de la population automobile à proximité immédiate.

Troisième pilier et non des moindres: la lutte contre la cherté. La solution proposée par David Belliard est tout sauf consensuelle: le blocage des loyers. "C'est une action extrêmement forte pour lutter contre la spéculation immobilière" insiste-t-il.

Dans un autre registre, avec l'accord de l'Etat, la capitale a rétabli le 1er juillet dernier, et pour une durée de cinq ans, l'encadrement des loyers dans le parc privé, déjà en vigueur entre 2015 et 2017. Il ne s'applique toutefois qu'aux nouveaux baux ou aux renouvellements.

De 22 à 26% de logements sociaux d'ici à 2026

Le candidat d'EELV en oublierait presque que mécaniquement, réguler les prix du parc privé alimente la spéculation immobilière qu'il dénonce, tant les propriétaires sont tentés de revendre plus chers leurs appartements. "Personnage n'a ce courage", rétorque David Belliard. "Le blocage, c'est la régulation du marché privé", martèle-t-il.

Son objectif à lui, c'est d'améliorer le pourcentage de logements sociaux dans Paris. De 22%, il souhaite passer à 26% en 2026. Sa stratégie pour y arriver ? Utiliser les mètres carrés disponibles dans les immeubles vacants.

Tête de liste EELV dans le 13ème, Anne Souyris ne dit pas autre chose: "Nous devons continuer à favoriser le logement social dans l'existant, préempter et arrêter de vendre ou de céder tous les bijoux de famille, comme on l'a fait avec le concours Réinventer Paris." Et l'adjointe à la santé d'Anne Hidalgo d'en profiter pour dézinguer son collègue Jean-Louis Missika chargé de l'urbanisme: "Une politique à la papa ! C'est toujours la même politique: on donne aux promoteurs privés pour faire venir les plus riches possibles."

David Belliard assène le coup de grâce: "c'est un rhabillage du patrimoine de prestige au profit d'acteurs privés". "Il faut reprendre la main !", tonne le chef de file écologiste de la capitale. "Si vous laissez le foncier au marché, vous êtes à 10.000 euros du mètre carré. Si on ne fait rien, dans cinq à dix ans, on sera à 20.000 euros !"

EELV fait du lobbying pour peser dans les alliances de 2nd tour

Toujours est-il que ce positionnement reste surprenant d'autant que, chez EELV, Célia Blauel et Christophe Najdovski, respectivement maires-adjoints à la Transition écologique et aux Transports, soutiennent Anne Hidalgo.

Comme sa collègue Antoinette Guhl, adjointe EELV de la maire sortante chargée de l'Economie sociale et solidaire, Anne Souyris, chargée de la santé, justifie cette candidature "comme la seule chance pour Paris de changer la donne".

"Nous pouvons porter de manière centrale, forte et quasi exclusive la question écologique", estime cette soutien de David Belliard. "La question des leviers économiques contrarie à chaque fois la logique écologique. La question des lobbys a des espèces d'intérêts supérieurs. Avec nous, on n'oubliera pas l'écologie."

Mais EELV fait, aussi, du lobbying pour mieux peser dans les alliances de second tour, que le vainqueur du premier tour soit la majorité sortante, un marcheur officiel ou dissident, ou tout autre candidat.

César Armand

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Commentaires 7
à écrit le 25/01/2020 à 19:16
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Il manque l'essentiel à ces rouges écologistes, le sens du business non subventionné! Un marché flottant au pied de Bercy et un autre au niveau de Boulogne pour éviter à des milliers de commerçants d'aller régulièrement à Rungis avec leur véhicu...

à écrit le 10/01/2020 à 9:11
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Je le répète et j'aimerais bien que l'on argumente un minimum la censure de cette vérité hein, la meilleur gestion de la ville de Paris le fut entre le 18 mars et le 21 mai 1871. Depuis que cette tentative de renouveau a été anéantie par les fasc...

à écrit le 10/01/2020 à 8:35
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La grande innovation est le blocage des loyers !! Mr Belliard ne le sait peut être pas mais cette idée "neuve" a un siecle!! Elle a été mise en place par des gouvernements de droite comme de gauche avec comme résultat la ruine des petits propriétaire...

à écrit le 09/01/2020 à 23:52
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Comment peut-il envisager de s'allier à Villani tout en disant vouloir augmenter le pourcentage de logements sociaux ? Villani est bien plus dans la veine d'Hidalgo (bétonisation à outrance au profit de promoteurs privés et d'Auchan) que dans celle ...

à écrit le 09/01/2020 à 20:42
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Ils n'ont strictement rien de vert. Tout le monde connait leur vraie couleur, le rouge. Vaguement teinté de moraline. Expliquez moi, qu'est-ce que les logements sociaux ont de vert ? C'est plus écologique, d'être subventionné ?

à écrit le 09/01/2020 à 18:09
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La démagogie ecolo coule à flots.

à écrit le 09/01/2020 à 17:46
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Bah quand on voit qu'un gars comme Griveaux se présente aussi hein pourquoi pas... Jamais Paris n'a été aussi bien géré qu'entre le 18 mars et le 21 mai 1871.

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