
Hitchcock doit se retourner dans sa tombe. Les oiseaux sont de retour. Loin d'être effrayés, les Français font désormais tout pour les attirer. Il faut dire que c'est de saison : les nichoirs se posent à l'automne et serviront d'habitat et de protection face au gel de l'hiver. « L'initiative est une bonne idée en particulier dans les zones urbaines et périurbaines où les cavités sont parfois rares », précise Frédéric Archaux, auteur de 50 Idées fausses sur les oiseaux (éditions Quæ). Les nichoirs sont devenus une nouvelle passion française, chacun étant curieux d'observer de chez soi ou de pas très loin les merveilles de la vie sauvage, mais sans danger. Pour ce faire, on ne compte plus les ateliers de création et les inaugurations de nichoirs par des écoles, communes et associations. Il faut dire que, grands ou petits, tout le monde est invité à devenir « nichoiriste ».
Jean-Marc, propriétaire d'un nichoir fait maison en Savoie, est très fier de sa contribution : « C'est toute la magie de voir, d'entendre les oiseaux, de cohabiter avec eux au plus près de chez soi. Ça fait du bien de savoir qu'à toute petite échelle on peut faire quelque chose pour aider dame Nature. »
À Munster (Alsace), deux webcams* ont été installées sur les nichoirs à cigognes, pour suivre leurs activités façon télé-réalité. À Caen (Calvados), on a bâti un nichoir à faucons pèlerins dans la tour nord de l'abbatiale Saint-Étienne, pour en chasser... les pigeons. Leurs excréments ruinant les façades du monument historique, ils sont devenus le cauchemar des services techniques de la ville. Comme quoi tous les oiseaux ne sont pas logés à la même enseigne. Les vignobles de l'Hexagone, eux aussi, misent tout sur les nichoirs et leurs habitants pour se protéger des prédateurs, insectes, rongeurs ou serpents. La société Agrinichoirs essaime à grande échelle : elle en a installé 300 dans les vignes de l'AOC de Cairanne, autant dans les domaines du costières-de-nîmes, 150 nichoirs à mésanges et gîtes à chauve-souris au domaine de Château Brown (pessac-léognan) et 800 sur les domaines de la clairette-de-die. « Un hectare de vignes peut héberger jusqu'à dix couples de mésanges », précise son fondateur, Brice Le Maire. Trinquer ferait-il donc revenir les oiseaux ? Il faut le croire. ■
* À suivre sur munster.alsace/visiter-munster-et-sa-vallee/webcam-des-cigognes