Nord : Valenciennes a enfin son Euratechnologies de l’image

La Serre Numérique, implantée à Valenciennes, dans la vaste "aire métropolitaire de Lille", se veut un lieu de fertilisation croisée d’où naîtront les créations graphiques numériques innovantes de demain. Avec l’objectif de créer une nouvelle filière économique porteuse de milliers d’emplois. Il aura fallu plus de dix ans à ce projet pour sortir de terre.
Les 17.000 mètres carrés de la Serre numérique regroupent trois écoles Rubika, plusieurs laboratoires de recherche, un incubateur, un accélérateur et un hôtel d’entreprises,

Valenciennes aura mis plus de dix ans à regrouper dans un même lieu ses formations d'enseignement supérieur dédiées aux métiers de l'image numérique.

En 2004, la CCI de Valenciennes, aujourd'hui CCI Grand Hainaut, annonçait une ouverture à la rentrée 2007 d'un centre de création numérique du nom d'Innovacité où seraient abrités Supinfocom, Supinfogame et l'ISD (Institut Supérieur de Design), ses trois écoles dédiées au film d'animation, au jeu vidéo et au design, et dont les diplômés sont courtisés par les entreprises du monde entier.

Le bâtiment devait être équipé d'un amphithéâtre, d'un centre de e-communication, d'un laboratoire de simulation numérique et d'un centre de ressource informatique. Envisagé à l'origine avec l'université du Hainaut-Cambrésis avec une implantation au sud de la ville de Valenciennes, le projet tel quel n'a pas abouti. Mais il a pris quelques années plus tard une dimension plus ambitieuse.

 Un lieu emblématique

Début 2012, la chambre de commerce obtenait l'autorisation de construire un bâtiment de 17 000 mètres carrés sur la friche industrielle Vallourec. Au sein de la ZAC « Parc des Rives de l'Escaut » où Valenciennes Métropole veut bâtir un quartier durable et intelligent de 26 hectares. Innovacité était rebaptisée Serre Numérique.

En janvier 2015, le nouveau bâtiment était en mesure d'accueillir les 800 étudiants des trois écoles consulaires entre temps réunies au sein du groupe Rubika. Le jeudi 9 avril 2015 au soir avait lieu l'inauguration en présence de plus de 600 personnes. Valenciennes dispose enfin d'un lieu emblématique à la hauteur de son savoir faire en matière de création d'images numériques.

« C'est un lieu novateur de fertilisation croisée qui favorise les échanges entre les créatifs de tous horizons qu'ils soient étudiants, chercheurs, artistes, dirigeants d'entreprises, enseignants ou porteurs de projets », comme aime à le dire Maxime Couvreur, responsable du projet Serre Numérique.


3.000 m2 dédiés aux entreprises

En plus des écoles, la Serre Numérique abrite un centre de recherche appliquée et de transfert de technologies avec différents laboratoires spécialisés dans les jeux vidéos, le Serious Game, le design ou l'analyse des comportements et usages, des espaces collaboratifs de travail avec un espace immersif de réalité virtuelle de 2,5 mètres de haut associé à un auditorium de 150 places, un amphithéâtre 3D relief de 450 places et un Learning Center.

L'espace dédié aux entreprises s'étend sur 3.000 mètres carrés. On y trouve un incubateur, une pépinière et un accélérateur. Déjà une vingtaine d'entreprises et porteurs de projets y travaillent.

Trois chercheurs salariés de la CCI, dont un associé au LAMIH (Laboratoire d'Automatique, de Mécanique et d'Informatique) de l'Université Valenciennes Hainaut Cambrésis, sont au service des occupants de la Serre Numérique. Les porteurs de projets d'entreprises bénéficient de l'aide de plusieurs experts dont ceux de Microsoft et d'Orange.

Un projet porté par la CCI

« Nous ne partons pas d'une feuille blanche. Les entreprises des Ateliers Numériques nous ont suivi », précise Maxime Couvreur. Les Ateliers Numériques avaient été créés par la CCI du Valenciennois en 2000 pour aider les startups du numérique. Comme quoi le projet de doter Valenciennes d'un pôle d'excellence du numérique ne date pas d'hier. L'ouverture de la Serre Numérique ne fait que concrétiser un long cheminement porté par la CCI et en particulier par son président Francis Aldebert.

Maxime Couvreur. Parmi les lauréats, le projets Clic'Klap initié en Belgique et qui porte sur la création de jeux à la croisé du cinéma et de la bande dessinée, indique :

« Fin 2014, nous lancions le concours Creative Start-Up doté d'un fond de 350 000 euros pour attirer les porteurs de projets les plus prometteurs. Nous en avons sélectionné sept. Ils bénéficient d'un prix de 3 à 6 000 euros, de prêts d'honneur en plus, d'un accueil à l'incubateur et d'un suivi personnalisé »

Innovacité prévu sur 12.500 mètres représentait un investissement d'environ 20 millions d'euros. Il en a fallu 40 millions pour construire et équiper la Serre Numérique sur 17.000 mètres carrés. La CCI Grand Hainaut en a financé 60 % sur fond propre. Pour les 40 % restants, l'opération a bénéficié de subventions des fonds Feder, du Conseil Régional, du Conseil Général et de Valenciennes Métropole.

A écouter les arguments de Randolph Seguy, directeur général de la CCI Grand Hainaut, le jeu en vaut la chandelle :

« Nous avons créé un écosystème dynamique qui va générer de nombreux emplois. Même nos écoles vont pouvoir tirer profit de leur complémentarité grâce à une nouvelle pédagogie articulée sur la base de fondamentaux partagés au cours des trois premières années »

Et maintenant, des actes politiques ?

Pour Francis Aldebert non plus il n'y a aucun doute. L'avenir du numérique est prometteur à Valenciennes.

« L'écosystème de la Serre Numérique et la transversalité qu'il y règne entre l'animation, le jeu et le design nous donne de l'avance. Nous allons très vite atteindre les 2000 emplois. »

Mais le président de la CCI Grand Hainaut, regrette qu'en France les gouvernements successifs n'aient pas pris conscience de l'importance des enjeux du numérique.

« Il se crée quelque 4 000 emplois par semaine en France dans le numérique. Le marché français du numérique représente un chiffre d'affaires de 50 milliards d'euros. C'est 1,6 fois celui généré par l'industrie spatial et aéronautique. Et pourtant aucune mesure ne nous aide à attirer et maintenir les leaders sur notre sol. Plutôt que de venir à Valenciennes, le français Ubisoft a préféré partir au Canada où on lui proposait de payer 50 % de charges en moins sur 15 ans. J'espère que la loi qui se prépare sur le numérique nous donnera les moyens d'attirer d'autres grosses entreprises ».

Il existe bien un club qui réunit 35 entreprises numériques du Grand Hainaut et dont le président, Jean-Louis Delmotte est co-fondateur de Byook avec deux autres anciens étudiants de Supinfogame. Hébergée à la Serre Numérique, cette société, qui marie le livre et le jeu vidéo, s'oriente sur le marché de la gamification. Mais son club ne représente que 200 emplois. Disons que c'est un début.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 30/04/2015 à 9:18
Signaler
Encore de l'argent public gaspilllé, la gabégie ne s'arrêtera donc jamais en France. A qui cela va servir 17000m2 à Valenciennes ? Le coût de ce batiment ne sera jamais amorti. Les 2000 emplois créés ? une vaste blague. Arrêtons de subventionner les ...

le 30/04/2015 à 10:37
Signaler
Tout à fait d'accord avec vous. La multiplication des soit disant pôles technologiques maisons de santé maisons des artistes.... le tout avec de l'argent public est un scandale. Rien de bon à cette débauche de dépense sans retour sur investiss...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.