Le Festival de Hyères, incubateur des créateurs de mode de demain

La compétition qui récompense les jeunes designers mode en devenir fêtait ses 30 ans cette année. Le lauréat du Grand prix Première Visions bénéficie notamment d'un accompagnement du mécène pendant deux ans.
La Villa Noailles, sur les hauteurs de Hyères, dans le Var (Côte d'Azur).

La seconde édition du Prix LVMH récompensait vendredi dernier de jeunes créateurs de mode. L'occasion de revenir sur le fameux Festival international de mode et de photographie de Hyères, pionnier dans le domaine, qui se déroulait un mois plus tôt.

Le 23 avril dernier, le coup d'envoi des festivités varoises était ainsi donné comme chaque année à la célèbre Villa Noailles, sur les hauteurs de la ville. A un détail près: ce cru 2015 un peu spécial - le festival fêtait cette année son 30e anniversaire - était sponsorisé par Chanel. Ce qui a certainement mis un coup de projecteur particulier cette saison sur l'événement, lancé en 1985 par Jean-Pierre Blanc, et destiné à faire émerger les nouveaux talents. Cette année en effet, la médiatisation et la fréquentation - bien que nous ne disposions pas encore de chiffres officiels - ont été bien supérieures aux précédentes éditions, reconnaissent à demi-mots les organisateurs.

Le Festival booste L'économie de la région

La renommée de la manifestation d'Hyères, qui a la particularité d'être gratuite et ouverte à tous, n'est du reste plus à faire. Loin s'en faut. Du Financial Times au Frankfurter Allgemeine en passant par les traditionnels Vogue et Vanity Fair, sans parler des blogueuses et autres télévisions, les journalistes du monde entier se bousculent au portillon, afin d'être aux premières loges lors de la consécration, si l'on ose dire, des stars de la mode de demain.

"Ils sortent d'école, mais ce sont les meilleurs", glisse ainsi l'un des sponsors de l'événement qui a déjà révélé par le passé des créateurs désormais célèbres à l'instar du duo néerlandais Viktor&Rolf qui a créé sa propre maison en 1993, du Français Julien Dossena, directeur artistique de Paco Rabanne, du Portugais Felipe Oliveira Baptista, directeur artistique de Lacoste, ou encore du Japonais Kenta Matsushige, lauréat 2014 et qui a signé une collection capsule ce printemps pour Petit Bateau.

Au passage, le maire de la ville, Jean-Pierre Giran (UMP), se réjouit de cette renommée mondiale. Le Festival, qui est l'un des événements les plus importants de l'année, permet indéniablement de booster l'économie de la région, concède-t-il.

Bref. Cette saison, le jury mode, qui était présidé par la directrice du studio de création de Chanel Virginie Viard, sous la direction artistique de Karl Lagerfeld, a attribué le Grand prix Première Vision à la créatrice franco-allemande Annelie Schubert, qui a su à leurs yeux se démarquer des dix jeunes stylistes en compétition. Concrètement, la lauréate remporte une bourse de 150.000 euros ainsi qu'un accès à l'ensemble des expositions parisiennes de l'organisateur de salons pour les marques de mode Première Vision, et à divers séminaires. Elle sera en outre mise en avant aux salons de New York les 21 et 22 juillet prochains et en septembre à Paris.

La matière première, source d'inspiration

Les autres candidats ne sont pas en reste dans la mesure où ceux-ci, après leur présélection au mois de janvier, ont pu s'approvisionner sur le Salon Première Vision de février avec des matières (fils, tissus, cuirs et accessoires - type boutons) de premier choix. Ils ont aussi été reçus par une série d'exposants, pour les aider à confectionner leurs collections présentées à la compétition, en avril. Philippe Pasquet, patron de Première Vision, qui parraine le festival depuis cinq ans, explique à La Tribune que cet accompagnement envers la jeune génération lui tient à coeur:

"Nous accompagnons les finalistes et faisons en sorte qu'ils aient les matières qu'ils désirent pour leurs collections. Grâce aux exposants qui leur sont présentés, ces jeunes créateurs présentent ensuite des pièces de qualité. Et parfois, des liens se tissent ; les collaborations nées à l'occasion de la compétition perdurent alors après le Festival".

Il faut dire que la matière première joue un rôle crucial dans la création artistique. Philippe Pasquet nous confie:

"C'est souvent une matière, parfois seulement son toucher, ou le tombé d'un tissu qui inspire un créateur"

L'innovation est primordiale

Or "la mode se vend bien quand elle est créative", insiste-t-il. De son côté, le maire de Hyères abonde dans son sens. L'élu, qui accessoirement porte aussi la casquette de professeur, agrégé de sciences économiques, rapproche ainsi la mode de la pensée schumpeterienne de "destruction créatrice":

"Ce sont les innovations qui font les évolutions du monde. La mode casse les codes. S'ensuit alors une banalisation de masse, par un phénomène d'imitation, jusqu'à ce qu'un créateur invente un nouveau produit, et ainsi de suite. En cela, la mode est exemplaire de l'économie".

D'où l'intérêt d'offrir les meilleures sources d'inspiration possibles à la jeune génération. Et qui sait, le Festival fera-t-il peut-être un jour émerger l'auteur d'une innovation majeure au sens de Schumpeter, à l'instar de la mini-jupe de Courrège, du Smoking de Saint-Laurent ou encore du New Look de Dior ?

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Commentaire 1
à écrit le 30/05/2015 à 22:42
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Cette création de marketing par laquelle ceux qui nous prennent ce qui nous permettrait d'entreprendre pour le donner à d'autres, nous font croire qu'ils savent aussi gérer la création d'entreprise. C'est l'acte ultime de l'accaparement par le capita...

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