Bornes de recharge, éclairage public, datacenters : la PME Grolleau vise l'international

Pionnier de la fabrication de bornes de recharge lentes, l’angevin Grolleau, numéro 1 des armoires extérieures urbaines et télécoms investit le marché des bornes de recharges ultra rapides. Entré en bourse en novembre dernier pour accélérer sa diversification et gagner en compétitivité, l’industriel veut accompagner la transition numérique des territoires en France et à l’international.
A Montilliers, dans le Maine-et-Loire, Grolleau, Laureat du fonds de modernisation automobile et aéronautique du plan France Relance, investit 2,8 millions d’euros pour agrandir de 1700 m²  son site de production de 18.000 m² et accompagner ses développement en France et à l'export.
A Montilliers, dans le Maine-et-Loire, Grolleau, Laureat du fonds de modernisation automobile et aéronautique du plan France Relance, investit 2,8 millions d’euros pour agrandir de 1700 m² son site de production de 18.000 m² et accompagner ses développement en France et à l'export. (Crédits : Arthur Corgier)

« Les bornes ultra rapides, c'est la compétence qui nous manquait ! », se félicite Laurent Marbach, le PDG de Grolleau, fabricant et fournisseur d'équipements d'infrastructures et de services dans les domaines de l'énergie, des télécommunications, de la gestion de l'eau, de l'éclairage public ou de la mobilité électrique, dont le projet « Puissance G » vient d'être sélectionné par le fonds de modernisation automobile et aéronautique du plan France Relance. A la clé, une enveloppe de 800.000 euros destinée à accroitre la compétitivité de son outil de production et un objectif : devenir l'intégrateur industriel français pour le déploiement de la prochaine génération de bornes de recharge ultra rapides.

> Dossier spécial - Bornes de recharge : le maillon faible de la mobilité électrique

Doubler de taille en cinq ans

Venue sur le marché des bornes lentes (AC), normales et accélérées, il y a sept ans, Grolleau a, depuis, équipé 20% du territoire national pour le compte de Lafont (groupe Mavic), Schneider ou TotalEnergies, pour qui Grolleau a livré près de 2.000 bornes de recharge (Belib) à Paris. Ce secteur pèse aujourd'hui pour 15% de l'activité de l'entreprise. « Nous sommes devenus le seul industriel à fournir des équipements en marque blanche. Mais, cette fois, les bornes de recharge ultra rapides (DC), d'une puissance supérieure à 150 kW nécessitent la mise en œuvre de technologies plus complexes. Elles nous imposent de développer des partenariats avec des concepteurs de bornes, de muscler notre R&D, pour parler d'égal à égal avec nos interlocuteurs. C'est un métier nouveau, qui explose... et qui va voir l'arrivée d'acteurs étrangers », estime le PDG de Grolleau qui a déjà fait ses preuves avec la fabrication de charges rapides destinées au fabricant ABB pour équiper les bus de Genève.

Basée à Montilliers, près d'Angers, l'entreprise (200 personnes et 50 intérimaires) a commencé à renforcer son staff commercial et s'apprête à recruter une quinzaine d'opérateurs et d'ingénieurs pour accompagner la montée en puissance vers les objets connectés, les bornes de recharge de forte puissance, doper sa R&D .... « Les investissements dans les villes et les territoires s'accélèrent. Le déploiement de la 5G et des objets connectés ouvrent le champ à de nouveaux services pour les citoyens ou demain la voiture autonome, à l'image du Grand Paris qui a besoin de se moderniser pour accueillir les Jeux Olympiques 2024. Notre objectif est de doubler de taille au cours des cinq prochaines années », indique le dirigeant de Grolleau qui a fait son entrée en bourse, en novembre dernier, sur le marché Euronext Growth à Paris, au lendemain d'une année chahutée par la pandémie.

Une levée de fonds de 8 millions d'euros

« La crise est passée par là. Il nous fallait des moyens supplémentaires », explique le patron de Grolleau, dont le chiffre d'affaires, malmené par la crise sanitaire, est tombé de 34 à 22 millions d'euros en 2020. « Ça aurait pu être les banques ou des fonds. Pour des questions d'agilité, de rapidité, de visibilité et de notoriété pour nos projets exports, la bourse semblait le véhicule le plus adapté », explique Laurent Marbach, qui ambitionne de réaliser un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros à l'horizon 2025.

Sur une demande de 14 millions d'euros, l'entreprise a réussi à lever 5,5 millions auprès de fonds et 2,5 millions auprès du grand public. Soit 8 millions d'euros, le plafond octroyé par l'Autorité des Marchés Financiers (AMF). « Ce qui montre la solidité de Grolleau et la confiance des investisseurs sur les marchés porteurs de la 5G, la Fibre, les bornes de recharge... et demain les smartgrids », analyse Laurent Marbach.

Avec un carnet de commande de 11 millions d'euros au 31 décembre 2021, l'entreprise affichait une croissance de 111%, bénéfique à chacun des pôles (télécoms, urbain, industrie). Si bien que Grolleau devrait retrouver son niveau d'avant-crise avec un chiffre d'affaires de 30 millions d'euros en 2022 et confirmer l'annonce faite d'une croissance de +35% lors de son introduction en bourse. Reconsolidée avec des actionnaires flottants (fonds et particuliers) entrés à hauteur de 30% au capital, le fabricant numéro 1 des armoires extérieures urbaines et télécom capitalise sur son savoir-faire pour mener des opérations de croissance externe et s'ancrer à l'international.

Diversification à l'export

Historiquement tournée vers la fabrication d'armoires électriques pour l'éclairage des villes, des stades ou des collectivités depuis soixante-dix ans, l'entreprise s'est fortement développée sur la fibre optique et les armoires d'énergie pour sécuriser les signaux au pied de pylônes 3G et 4G, etc. Le pôle Télécom représente aujourd'hui 55% de l'activité contre 45% pour le pôle urbain.« C'est vraiment le métier qui nous a permis de suivre l'évolution technologique des Télécoms pour préparer l'avenir et se mettre dans les data center. C'est d'ailleurs ce qui nous amené à créer une première filiale à Abidjan pour déployer la fibre en Côte d'ivoire en 2018 », rappelle Laurent Marbach, qui a livré son premier data center en décembre dernier à une société ivoirienne qui souhaiter sécuriser ses données. Fondée avec un partenaire local, la filiale s'apprête à monter une plateforme avec plusieurs datacenters, et amène Grolleau à investir deux millions d'euros dans une extension de 1.700 m², à Montilliers, où le site de production s'étend sur 18.000 m².

« Mais, notre projet, c'est l'export », résume Laurent Marbach, qui après avoir créé une deuxième filiale en 2021 au Royaume-Uni pour y déployer la fibre, envisage de s'y enraciner avec la création d'une antenne pour commercialiser des « shelters », notamment utilisés pour la connexion du secteur éolien. Un domaine où Grolleau vient de décrocher la supervision, la maintenance et la gestion opérationnelle d'un site exploité par Arteria, filiale de l'énergéticien espagnol Iberdrola.

Parallèlement, l'entreprise angevine vise l'Allemagne. Suite à un appel d'offre de Deutsche Telekom, l'entreprise, en cours d'homologation, s'est mise en quête d'un partenaire ou d'une entreprise à reprendre. « Nous sommes dans une logique de croissance externe. Pour monter en compétences et en valeur ajoutée. Cela passera par des prises de participations ou des acquisitions dans le secteur de la ville intelligente», souffle-t-il, comptant investir 50% de sa levée de fond dans l'acquisition de briques technologiques pour pénétrer certains marchés...

Lire aussi 2 mnVoitures électriques : Ionity lève 700 millions d'euros pour s'emparer du marché européen des bornes de recharge

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.