Les acteurs du cycle du Grand Ouest créent la filière interrégionale CyGO

Pour accompagner la montée en puissance de la vente de vélos en France, les acteurs du cycle des Pays de la Loire, de Bretagne et du Val de Loire viennent de fonder CyGO, union des entreprises du cycle du Grand Ouest. Objectif : réindustrialiser, former, et devenir plus visible pour mieux recruter, et s’affranchir autant que possible des fournitures asiatiques.
Arcade Cycles investit 20 millions d'euros pour se doter d'une usine de 15.000 m² à la Roche sur Yon et accompagner la croissance du vélo en France
Arcade Cycles investit 20 millions d'euros pour se doter d'une usine de 15.000 m² à la Roche sur Yon et accompagner la croissance du vélo en France (Crédits : arcade Cycles)

Sur un marché en croissance, où seul un quart des 2,685 millions de vélos vendus en France en 2021 sont assemblés dans l'Hexagone, les professionnels du cycle du Grand Ouest veulent capitaliser sur leur savoir-faire et contribuer à l'émergence d'une véritable filière cyclable nationale, en se rapprochant des filières déjà créées dans le Sud-Est (CARA) et le Sud-Ouest (Vélo Vallée).

Lancée courant mars par les dirigeants de La Manufacture Française du Cycle (Intersport), d'Arcade Cycles, de Wello (vélos cargos solaires et connectés) et de Velco (guidon connecté), l'idée d'une filière interrégionale a été officialisée début juillet à l'occasion du salon professionnel du vélo Pro Days. Baptisée CyGO, elle compte déjà une trentaine d'adhérents sur les quatre-vingt-dix professionnels identifiés sur les territoires des Pays de la Loire, de la Bretagne et du Val de Loire.

« Ce qui est assez singulier dans cette région, c'est la diversité des acteurs qui va de l'abri de vélo, aux fabricants de cycles, au tourisme avec la Loire à vélo, en passant par les guidons connectés, le marquage ou les vélos cargos... Il y a de plus une vraie envie de partager et de collaborer », observe Emilie le Draoulec, fraichement nommée déléguée générale de CyGO, avec pour mission d'animer cet écosystème.

Ex-responsable de la filière sport de l'agence de développement économique toulousaine AD'OCC, elle ne débarque pas en terre inconnue puisqu'elle fût à l'initiative de la création de Vélo Vallée en Occitanie, créé dès 2018. Avec CARA dans le Sud-Est de la France, CyGO est donc la troisième structure à voir le jour en France, et qui, aux dires de ses membres fondateurs, voudrait impulser la naissance d'une filière nationale pour gagner en visibilité à l'international et favoriser la relocalisation industrielle.

Se fédérer localement

«Nous partagions tous une volonté commune de bouger, mais l'élément déclencheur, c'est la publication du rapport du député Guillaume Gouffier-Cha qui relevait la nécessité de se fédérer localement. Car curieusement, on ne se connait pas tous », rappelle Frédéric Lucas, directeur général du fabricant de vélos Arcade Cycles à la Roche-sur-Yon. Autre facteur, c'est la crise des composants électroniques, l'allongement des délais d'approvisionnements qui ont perturbé les cycles de fabrication.

« On a vécu deux années difficiles sur la supply chain, avec les pénuries, l'effondrement du dollar et l'augmentation des tarifs du transport mondial. Ce qui nous a amené à chercher des solutions nouvelles, en proximité, au sein de l'écosystème que l'on ne connaissait pas forcément et où des synergies sont possibles. Or, aujourd'hui, le "faire proche de chez soi" est devenu un vrai avantage compétitif. Acheter des freins sur étagère en Chine ou en Vendée, mon choix est assez vite fait... sauf, qu'aujourd'hui en Vendée, ça n'existe pas ! », explique le directeur général d'Arcade Cycles qui investit 20 millions d'euros pour construire d'ici 2023 une usine de 15.000 m² à un kilomètre de son site de production actuel et accompagner la croissance de l'entreprise. De 120 personnes aujourd'hui, l'effectif pourrait grimper à 200 au cours des cinq prochaines années.

Devenir aussi stratégique que l'automobile ou l'aéronautique

Relocaliser les fourches à suspension, les freins ou des moyeux... ou encore encourager l'émergence d'un producteur de cadres en mode semi-industriel sera un des enjeux de CyGO qui s'est fixée quatre axes de travail. A savoir, l'organisation et la mise en avant de la filière, l'accélération de la relocalisation industrielle, la dynamisation de l'innovation, le développement de la formation et de l'emploi.

Pour Arnaud Cherreau, CEO de Wello, fabricant français de vélos cargos électriques, solaires et connectés, « la filière vélo doit devenir aussi stratégique que l'automobile et l'aéronautique. Ça ne sert à rien de dépenser de l'énergie pour déplacer un véhicule d'une tonne et demie dans un centre-ville pour des trajets souvent limités à 3 ou 5 km. Le Grand Ouest, et notamment les Pays de la Loire,  est un acteur majeur du vélo, il y aurait du sens à ce que tous les  professionnels travaillent ensemble pour faire émerger des solutions nouvelles».

Penser vélo

Outre le développement de l'innovation, les relocalisations de certains composants, la mutualisation de ressources pour doper la R&D, CyGO entend peser sur les choix stratégiques nationaux comme la réduction de la TVA pour l'achat d'un vélo et le développement des infrastructures cyclables. Alors que le rapport de Guillaume Gouffier-Cha mentionne que « plus de 100 000 emplois pourraient, selon certaines estimations, être créés d'ici à 2050 dans la filière vélo », les acteurs du cycle du Grand Ouest entendent aussi être identifiés comme un secteur porteur d'emplois.

« Nous avons quinze postes à pouvoir d'ici le mois de janvier. Or, aujourd'hui, les ingénieurs qui sortent de l'école ne pensent pas immédiatement vélo. Et pourtant, outre les métiers techniques, c'est une véritable filière industrielle qui ouvre des perspectives en ingénierie, en R&D, comme commercial grands comptes ou à l'export», souligne Pierre Régnier, CEO de la startup nantaise Velco (50 personnes), connue pour son guidon connecté et membre fondateur de CyGO.

Outre l'appui des trois régions et de la Chambre de Commerce et d'Industrie des Pays de la Loire CyGO a reçu le soutien du pôle de compétitivité ID4Car, spécialisé dans les mobilités depuis 2014. Entrée dès le début des discussions, la structure interviendra en back office pour les opérations administratives, financières et opérationnelles. « C'est pour nous une nouvelle source de diversification et pour CyGO un moyen d'accélérer et de faciliter le transfert de savoir-faire et de compétences entre l'automobile et le vélo», indique Sergio Capitao, délégué général d'ID4Car. Et, sans doute, aussi, de soulager la reconversion des constructeurs automobiles.

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