Made in France : le torréfacteur Malongo va construire une usine de 3.500 m² en Vendée

Un an après avoir abandonné la Chine et s’être installé à la Roche-sur-Yon pour produire des machines à café Made In France, le torréfacteur Malongo va construire une usine de 3.500 m² en Vendée pour 2025. Avec l’ambition de multiplier sa production par six ou sept.
Après trois de recherche et développement, Malongo a conçu une machine, robuste, recyclable, réparable et simple d'utilisation pour un servir un café long ou court, avec un temps de chauffe rapide de 10 secondes.
Après trois de recherche et développement, Malongo a conçu une machine, robuste, recyclable, réparable et simple d'utilisation pour un servir un café long ou court, avec un temps de chauffe rapide de 10 secondes. (Crédits : Malongo)

Trente ans après avoir conduit Malongo sur la voie du commerce équitable et de l'agriculture biologique, Jean-Pierre Blanc, directeur général du torréfacteur, amène le groupe familial niçois sur les chemins du made in France. Autrefois fabriquées en Chine, les machines à café sont, depuis un an, produites à la Roche-sur-Yon, dans un local de 700 m² aménagé dans le centre commercial Sud Avenue. « Il a fallu faire vite...», justifie Jean-Pierre Blanc, sur le point de finaliser l'acquisition de foncier pour implanter, cette fois, une unité de production de 3.500 m², en Vendée, à l'horizon 2024/2025. Et d'enfoncer le clou d'une relocalisation décidée pour mettre en cohérence les valeurs défendues par le torréfacteur et la qualité de fabrication de ces machines. A travers ce plan d'extension, Malongo estime pouvoir faire passer sa production de 60.000 à près de 400.000 machines par an, d'ici trois ans et asseoir son modèle économique. « Nous sommes ravis à double titre : d'abord, nous avons appris un nouveau métier en quelques mois. Ensuite, nous avons mis en pratique des méthodes de fabrication imaginées dans notre centre de R&D de Carros (ndlr : siège du groupe près de Nice) pour produire des appareils de haute qualité en série, ce qui n'existait plus dans l'Hexagone. Et, enfin, nous montrons qu'il est possible de fabriquer en France à des coûts proches de ce que l'on faisait en Chine », résume-t-il.

Simplicité, robustesse et réparabilité

C'est l'évolution du marché du café et la guerre des prix menée entre les marchands de café qui ont poussé Malongo à prendre le contre-pied des tendances et revoir son modèle économique. « Ça n'avait plus de sens de proposer des appareils à 30 ou 40 euros pour miser sur la vente de capsules. Alors on a fait l'inverse !», explique Jean-Pierre Blanc. Dès lors, quatre ingénieurs du centre de R&D de Carros ont planché pour créer la machine « idéale ». Un modèle simple, pratique, facile d'utilisation, éco-responsable, silencieuse, robuste, recyclage et réparable avec une garantie de cinq ans. Et ce, à un prix raisonnable (119,90 euros) pour une clientèle de particulier dont l'acte d'achat n'est pas guidé en priorité par le Made in France « Le but, c'est de ne pas produire pour jeter », rappelle le directeur général de Malongo, inventeur des boites métalliques sous-vides qui, dès l'an 2000, avait innové et investi dans des dosettes en papier de fibres naturelles plutôt que dans des capsules métalliques jetables. A l'époque, il n'existait déjà plus de fabricants de machines en Europe. « Alors nous sommes allées en Chine », dit-il.

Malongo expesso EOH

Pour accroitre la fiabilité de ses machines à café expresso Eoh et réduire ses coûts, Malongo a divisé par deux le nombre de ses composants. (Photo Malongo)

70 pièces au lieu de 140

Cette fois, c'est sur la réparabilité que le torréfacteur entend faire la différence. Avec la mise en place d'une garantie de 5 ans, d'une solution de réparation pour faire durer les machines, de la possibilité d'un échange standard en cas de dysfonctionnement. « Nous avons beaucoup travaillé sur l'obsolescence, mis en place des barrières techniques et technologiques, des crash tests, et un contrôle poussé des composants pour pouvoir tenir nos engagements», affirme Jean-Pierre Blanc. Pour encore limiter les risques, chaque machine se compose désormais de 70 pièces au lieu de 140 auparavant. Des éléments en plastique ou métalliques, tous fabriqués par une trentaine de fournisseurs français, en Vendée notamment, à l'exception des groupes et des pompes venus d'Italie. Selon les tests réalisés, les machines expresso EOH seraient capables de produire 20.000 cycles sans problème. « Soit, de quoi faire trois ou quatre cafés par jour pendant plusieurs décennies. Le taux de panne ne dépasse pas 0.75% contre 3% à 4% chez d'autres fabricants », assure-t-il.

Plus personne pour faire de l'électroménager

Une fois la machine mise au point, c'est la fabrication qu'il a fallu finaliser. « On parle beaucoup de réindustrialisation, mais concrètement pour une ETI ou une PME, qui n'a pas les effectifs et le temps pour mener des études, c'est extrêmement compliqué. Et, Il y a un vrai déficit de savoir-faire. Plus personne ne sait faire de l'électroménager dans le pays. J'ai fait le tour de France, ça n'existe pas ! Les plasturgistes de l'automobile pouvaient intervenir mais les fluctuations de leur plan de charge auraient pu impacter notre rythme », estime-t-il. D'abord venu chez des sous-traitants locaux (S20 Industries, 20D, Prodlab), Malongo a très vite ressenti le besoin d'avoir sa propre unité de production. Le torréfacteur a alors racheté les équipements à Prodlab, repris le personnel, et créé une filiale 100% Malongo, à la Roche-sur-Yon.

Elle dispose aujourd'hui de trente opérateurs, capables de produire 300 à 350 machines par jour. « On a abandonné l'idée de pousser les productions pour les périodes de Noël, la fête des Mères ou la fête des Pères. On fait le choix d'avoir toujours un personnel formé sur les lignes de production. Notre modèle économique, c'est la régularité», rappelle le directeur général de Malongo pour qui l'opération de réindustrialisation, R&D comprise, s'est traduite par « quelques millions d'euros d'investissements », financés sans aide. Pour gagner du temps. le dirigeant de Malongo n'en dira pas plus.

Finalement, les coûts de production du Made in France seraient à peine plus élevés (+10%) qu'une fabrication chinoise. Le prix de la régularité. « On évite les déplacements et comparativement à la tasse à café, on est moins cher qu'une machine à grain », assure Jean-Pierre Blanc.

Un pied vers le reconditionné

A ce jour, la vente de machines, également distribués dans l'hôtellerie-restauration, à l'export, par le-e-commerce et le monde de l'entreprise au gré d'un partenariat avec la société Helis, représenterait 10 millions d'euros par an. Presque une goutte d'eau pour Malongo, groupe familial, fondé en 1934 à Nice, détenu depuis quatre générations par la famille Rombouts, et considéré comme une fédération de PME. Avec des filiales en Suisse et en Hollande, le groupe emploie 600 personnes et génère un chiffre d'affaires de 200 millions d'euros par an. Avec sa future usine qui devrait employer 55 personnes en 2025, Malongo entend aussi se développer sur le marché du reconditionné, avec des produits proposés à 30% ou 40% du prix du neuf. « Mais, pour l'instant, on manque de machines », concède Jean-Pierre Blanc. Le prix à payer pour un modèle économique, qui tient à « Ne pas produire pour jeter ! »

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