Michel Goepp fait prendre le virage du digital aux auto-écoles

DÉCIDEURS. Fils d'un moniteur auto-école, entrepreneur et membre du Conseil supérieur de l'éducation routière, Michel Goepp, PDG des Codes Rousseau, a lancé le Club Rousseau, une plateforme numérique d'apprentissage de la conduite ouverte aux auto-écoles et à leurs candidats pour contrer la montée en puissance de leurs concurrents en ligne.
La sécurité routière, une affaire de famille. D'abord moniteur d'auto-école, comme son père avant lui, Michel Goepp intègre la direction de la Sécurité routière. Il est aujourd'hui PDG des Codes Rousseau.
La sécurité routière, une affaire de famille. D'abord moniteur d'auto-école, comme son père avant lui, Michel Goepp intègre la direction de la Sécurité routière. Il est aujourd'hui PDG des Codes Rousseau. (Crédits : Jean-Claude Moschetti/Rea)

Il se définit lui-même comme un pur produit de la sécurité routière. « Mon père avait son auto-école. J'ai moi-même été moniteur avant d'intégrer la direction de la Sécurité routière où j'ai participé à diverses réformes, dont celle de la conduite accompagnée. Bref, j'ai toujours baigné dedans », reconnaît Michel Goepp, 63 ans, PDG des Codes Rousseau, société française d'édition de supports pédagogiques d'apprentissage aux différents permis de conduire, créée en 1937, aux Sables d'Olonne (Vendée) par Louis Rousseau.

L'ouvrage a longtemps été considéré comme une bible par les futurs conducteurs. Jusqu'à ce que l'arrivée du e-learning et des opérateurs privés viennent écorner la sacro-sainte référence routière. Michel Goepp y est entré en 1987 afin de dépoussiérer la collection et créer de nouveaux produits. Puis, l'allemand Bertelsmann le débauche pour lancer Ediser, une édition concurrente en France, en 1991. Elle sera revendue trois ans plus tard.

Michel Goepp remonte en voiture et prend, cette fois, la direction des Codes Rousseau, aujourd'hui partagés entre quatre activités : la fourniture de supports pédagogiques, l'organisation de sessions de prévention des risques dans les entreprises en partenariat avec les assureurs, la librairie avec une quinzaine de titres (auto, moto, bateau...) et la réponse à des appels d'offres de formation pour la Sécurité routière, les Affaires maritimes, l'Armée de terre ou encore le Maroc... Au total, un chiffre d'affaires de 13,5 millions d'euros dont 60 % grâce aux supports pédagogiques.

Une plateforme numérique dédiée

Malgré un premier tournant vers le e-learning au début 2010, l'entreprise a perdu entre 30.000 à 50.000 ventes depuis l'arrivée des opérateurs privés comme Ornikar ou Envoituresimone, qui ont progressivement développé leur propre système d'apprentissage.

« Ce n'est pas dramatique mais pas complètement neutre, non plus. En tout cas, l'arrivée du e-learning et des nouveaux acteurs avec des abonnements à 29,90 euros au lieu de 150 à 300 euros habituellement, a redéfini le marché. Avec la possibilité de passer l'examen théorique à La Poste, chez Dekra ou Bureau Veritas... les auto-écoles ont perdu la main sur le code », admet Michel Goepp, pour qui cette forme d'apprentissage a encore un sens pour la pratique.

« Autant il est facile de préparer le code en ligne, autant pour se former à proximité de son domicile, l'auto-école reste indispensable. Alors, on a fait le pari de les soutenir en créant le Club Rousseau », explique-t-il. Une plateforme numérique dédiée, accessible aux auto-écoles moyennant une adhésion où elles peuvent inscrire leurs candidats et trouver un certain nombre de services comme des avis certifiés, des informations réglementaires, etc.

Codes Rousseau, qui a investi 300.000 euros dans cette opération, entend devenir ainsi un partenaire et non plus un simple fournisseur. Six mois après son lancement, ce Club compterait un millier d'abonnés (1.300 bureaux) parmi les 10.000 auto-écoles françaises (13000 bureaux). L'objectif est d'atteindre 2.500 abonnés pour mailler l'ensemble du territoire français. « L'avantage, c'est que l'on pourra proposer aux candidats des auto-écoles fiables aux tarifs transparents », observe ce professionnel de la sécurité routière, entendu dans le cadre du rapport Dumas qui planchait, entre autres, sur la réduction du coût du permis.

Pour Michel Goepp, la démocratisation des boîtes automatiques et l'évolution des véhicules hybrides permettraient de diminuer de douze heures le temps d'apprentissage de la conduite et donc d'abaisser le coût du permis.

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Commentaire 1
à écrit le 04/03/2019 à 12:07
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et le virage de la voiture autonome ?

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