Santé naturelle : comment le groupe vendéen Havea fait face aux coûts de production

Touché par les hausses du prix de l'énergie et une pénurie de main d’œuvre, le groupe Havea reste malgré tout à l'offensive. L’industriel vendéen, qui se revendique leader de la santé naturelle, a réalisé 300 millions de chiffre d'affaires en 2023.
Pour faire tourner son usine et faire face à une envolée des prix de l'électricité, Havea prévoit de décarbonner son énergie.
Pour faire tourner son usine et faire face à une envolée des prix de l'électricité, Havea prévoit de décarbonner son énergie. (Crédits : Florence Falvy)

Se sentir bien dans son corps et dans sa tête, telle est la promesse de la naturopathie. Un marché qui se porte bien, et même très bien avec 2,5 milliards d'euros en France et 15 milliards d'euros en Europe, en croissance de 5 à 7% par an depuis 2010. Les ventes du vendéen Havea, qui se revendique leader européen de la santé, ont ainsi crû de 30% entre 2022 et 2023, à travers ses 6 marques : Biolane, Aragan, Bear with Benefits, Densmore, Dermovitamina et Vitavea, soit 1.200 références commercialisées.

Au siège historique à Boufféré, 450 personnes travaillent sur plusieurs activités : l'administration, la recherche et le développement avec deux laboratoires (l'un pour les cosmétiques, le second pour la nutraceutique), la production, la logistique...

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 Électricité : faire face à une hausse de tarif faramineuse

Son laboratoire de développement nutrition et son équipe de 8 chercheuses mènent ici 200 projets par an dans le domaine des compléments alimentaires. Par exemple, cette année, 70 formules et une centaine de reformulations ont été développées. A deux pas, des techniciennes s'activent dans le laboratoire de formulation cosmétique, principalement dédié à la marque Biolane et à des marques de distributeurs.

Écriture des formules, manipulation, analyses chimiques et microbiologiques, tests d'innocuité et d'efficacité... 12 à 15 mois sont nécessaires pour développer des produits cosmétiques (une quarantaine de nouveautés par an). Un peu plus loin, l'usine de 10.000 m² fonctionne en trois huit et les conducteurs de ligne s'activent dans un bruit mécanique.

Des machines plus imposantes les unes que les autres (presses à comprimer, géluleuses haute cadence, blistéreuses, robot palettiseur,...) tournent à plein régime pour satisfaire une demande toujours plus forte des Français pour les compléments alimentaires (+3% de croissance en 2022).

Pour faire tourner son usine, le groupe vendéen a dû s'acquitter en 2022 d'une facture d'électricité d'1,8 million d'euros contre 500.000 euros en 2021. La note a ainsi quasi quadruplé en un an. Ses outils de production étant énergivores, notamment ces trois mélangeurs de produits cosmétiques de 2 et 9 tonnes, le groupe a déjà adapté ses formules qui nécessitent d'être refroidies pour pouvoir « diviser par deux le temps de production et donc le temps de chauffe, passant de 10 heures à 5 heures » et d'avoir « un produit moins énergivore », indique David Dos Santos, le directeur du site industriel. Selon qui « ce choix a été guidé par la hausse des coûts de l'énergie et rendu possible grâce à la présence de l'équipe de R&D sur le site ».

Et alors que l'Insee prévoit un quasi-doublement des factures d'électricité des entreprises cette année, le groupe Havea prévoit de décarboner l'énergie utilisée ici et va, à ce titre, faire le choix de l'autoconsommation solaire pour couvrir 50% de ses besoins en énergie d'ici à fin 2025. Il va ainsi s'équiper d'ombrières qui seront installées au-dessus des 200 places de stationnement de l'entreprise et de panneaux photovoltaïques.

Emploi : opter pour l'attractivité salariale

L'entreprise vendéenne a dû également s'adapter à une autre contrainte : la pénurie de main d'œuvre sur un territoire marqué par le plein emploi. « Le recrutement a été un vrai enjeu au cours de ces deux dernières années, notamment en production », confirme Nicolas Brodetsky, président-directeur général depuis 2019. Afin d' « aller chercher les bonnes compétences », de « retenir les meilleurs » et d' « être bien positionné sur le marché », le groupe a mis en place une rémunération attractive sur ses lignes de production.

Les conducteurs de lignes et les salariés affectés à la maintenance (environ 190 personnes actuellement, dont 85% de femmes) ont ainsi vu leur salaire augmenter de 6% en 2022, suivie d'une seconde hausse de 11% cette année, pour atteindre un taux horaire à 13,20 euros bruts de l'heure qui serait, d'après le patron, le plus haut à l'échelle régionale. « Ici, on ne gagne pas moins de 2.000 euros bruts par mois », se félicite-t-il.

En parallèle, le groupe a octroyé quelques avantages extra-légaux : prime de mobilité douce (en place depuis 2022) de 500 euros par salarié, 40 véhicules de fonction alimentés à l'électricité, 80 bornes de recharge gratuite pour tous les collaborateurs,... Pour quels bénéfices à la clé ? Le turn-over est « historiquement bas » pour s'établir à 15%, aucun poste n'est à pourvoir en décembre et l'entreprise envisage d'avoir moins recours à l'intérim en 2024.

Des demandes en matières premières qui explosent

Le groupe Havea se trouve aussi confronté à des difficultés d'approvisionnement des matières premières : la demande en collagène explose, comme celle de l'huile de poisson qui connait une tendance haussière alors que le prix de l'huile d'olive s'envole en raison de mauvaises récoltes, d'après Sandrine Malézieux, responsable R&D Nutrition. Ce qui obligerait notamment le laboratoire de développement nutrition à adapter ses formules pour maintenir un étiquetage nutritionnel.

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