Les dix projets qui métamorphosent Nantes

Aéroport, quartier d'affaires, pôle de création : la capitale des Pays de la Loire multiplie les chantiers et affiche de grandes ambitions. Malgré la crise, elle crée de nouvelles filières et redessine son économie. Tour d'horizon...
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NOTRE-DAME-DES-LANDES
Faut-il un nouvel aéroport? La tension autour de ce projet perfidement surnommé par ses détracteurs « l'Ayraultport », ne faiblit pas. Difficile de se faire une idée précise face à l'avalanche de chiffres avancée par les pour et les anti. Sur le plan de la communication, les opposants semblent avoir gagné la première manche. Les expulsions sous l'?il ravi des caméras font toujours plus d'audience que de froides explications techniques montrant la pertinence d'un tel projet. Les plus remontés dans ce dossier sont les écologistes. Et pourtant, l'un des principaux arguments en faveur du transfert de l'actuel aéroport concerne l'environnement.
En effet, selon Éric Delobel, directeur général adjoint d'Aéroports du Grand Ouest (AGO), « le trafic va continuer de progresser, entre 4 et 5% par an, et générerait trop de nuisances sonores en raison de l'orientation de la piste actuelle ». 42000 personnes sont impactées par le bruit aujourd'hui, et « 9000 demain », selon lui. Autre conséquence : ce transfert libérerait une zone de 2000 hectares permettant ainsi la construction de logements et limiterait l'étalement de l'urbanisation. Face à ces arguments, les écologistes avancent les nuisances environnementales sur le futur site, qui « détruiraient 1650 hectares de bocages ». « Notre-Dame-des-Landes se fera » veulent croire élus et chefs d'entreprise qui rappellent que les retombées économiques se chireront en milliard d'euros.

NANTES 2.0
Des pépites du Net comme DoYouBuzz ou Lengow, une cantine numérique de premier plan, des événements d'envergure nationale à l'image du web2day, et une concentration très forte de start-up : Nantes serait devenue « la deuxième ville du web en France » au dire d'Adrien Pogetti, le délégué général d'Atlantique 2.0. Cette structure associative, pivot de la filière numérique nantaise, vient de prendre la présidence des cinq cantines numériques françaises.
Initiatrice de plus de 200 événements chaque année, l'association joue un rôle moteur dans la mise en relation des entreprises du secteur. Le prochain web2day, en mai, doit accueillir les acteurs « successfull » du web. Parmi eux sont annoncés les auteurs du rapport Colin et Collin sur la fiscalité du numérique. Atlantic 2.0 travaille par ailleurs à la nouvelle implantation de la cantine numérique dans le Quartier de la Création. Elle devrait s'installer dans les anciennes Halles Alsthom. L'an dernier elle a accueilli 12000 professionnels du web, « moyenne haute des cantines », selon Adrien Pogetti.

EURONANTES
Nouveau quartier situé à proximité de la gare TGV, Euronantes a déjà séduit de grands groupes comme Cap Gemini, Veolia ou voyages-sncf.com. D'une superficie à terme de 600000 m2, Euronantes ne sera pas un simple pôle d'affaires. Nantes Métropole souhaite y construire un millier de logements ainsi que des commerces et des services utiles aux entreprises : un « pôle de vie » qui doit également bénéficier aux habitants des quartiers alentours dont Malakoff, quartier populaire actuellement en rénovation. « Nous souhaitons avec Euronantes jouer la carte de la mixité sociale et offrir des services ouverts à tous, cela doit permettre de renforcer la cohésion sociale », explique Nicolas Debon, en charge du développement économique à l'Agglomération. « Le territoire c'est un peu comme un château : il y a la partie visible, ce sont les tours, et la partie invisible mais tout aussi importante que sont les fondations. La cohésion sociale est le ciment du territoire ».

L'IRT JULES VERNE
Lancé en 2012, L'Institut de recherche technologique ambitionne de devenir un centre de référence mondiale. Son objectif est de fédérer sur une longue période une trentaine d'acteurs : PME, chercheurs, partenaires académiques, réunis autour de quelques poids lourds de l'industrie navale et aéronautique, tous regroupés sur un même campus de 65000 m2. « L'IRT rassemble des acteurs sur dix ans, pas uniquement sur le temps d'un projet, comme c'est le cas pour les pôles de compétitivité. Il sera doté d'un budget de 350 M d'euros », explique son directeur général, Stéphane Casserau. « L'innovation va de plus en plus vite. Il faut garder de l'avance sur des concurrents de plus en plus agressifs » renchérit Alain Bovis, DG de DCNS Research, pour expliquer l'impérieuse nécessité de réunir leurs compétences. « On doit répondre à la concurrence par des navires plus économes, plus propres, avec des structures plus légères et donc moins consommatrices d'énergie » explique-t-il. Et de conclure : « Il y a de gros efforts à faire en R&D ».

LES ÉNERGIES MARINES RENOUVELABLES (EMR)
Cette nouvelle filière industrielle prévoit l'implantation à partir de 2015 de deux champs d'une centaine d'éoliennes marines chacun, au large des côtes atlantiques, capables de générer 3000 MW d'éolien offshore. Les EMR ont été développées pour pallier l'activité cyclique de l'industrie navale, permettant ainsi de soutenir l'emploi en période de faible activité. Par ailleurs, la France souhaite combler son retard sur la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Fort logiquement, Nantes Saint-Nazaire s'est très vite positionné comme un acteur majeur de la filière. À ce titre, deux usines Alsthom fabriqueront des nacelles et des alternateurs d'éoliennes sur un site de 5 à 7 hectares, à Montoir-de-Bretagne. Un centre Alsthom qui emploiera 200 ingénieurs verra également le jour en 2015. À terme, ce grand projet régional industriel doit bénéficier à l'ensemble des entreprises locales, regroupées au sein du cluster Neopolia. Selon Nantes Métropole, les EMR permettront la création de 2500 emplois industriels et 500 emplois de R&D.

NANTES, CAPITALE VERTE
L'écologie est à Nantes ce que la culture est à Marseille. Désignée « Capitale Verte » de l'Union européenne pour l'année 2013, après Stockholm et avant Copenhague, la capitale des Pays de la Loire se voit récompensée pour sa politique menée en matière d'environnement et de développement économique raisonné. Transports, agriculture périurbaine, qualité de son eau, espaces verts et agricoles (60% du territoire) : la Commission européenne, qui a retenu douze critères, a remis son prix à Nantes en novembre dernier devant l'ensemble des élus de l'agglomération et en l'absence remarquée des écologistes, très remontés contre Notre-Dame-des-Landes. Nantes va donc se mettre au vert cette année. Elle accueillera notamment le Sommet de la Ville Durable Ecocity et le Ve Forum mondial des Droits de l'Homme.

UN NOUVEAU CENTRE-VILLE EN CHANTIER
Un immense chantier à ciel ouvert. À Nantes, le bruit des marteaux-piqueurs couvre celui des voitures dans tout le centre, devenu quasi inaccessible aux automobilistes et difficilement aux piétons. Les commerçants accusent le coup face à une fréquentation en chute libre : - 7% selon les bornes de comptage mises en place par la CCI! « Nantes veut piétonniser son centre. C'est un pari sur l'avenir qui, j'espère, réussira. D'ici là il faut tenir » déclare Noël Renaud, directeur de la Fnac et président de l'association « Plein Centre ».À l'instar d'autres agglomérations, Nantes a lancé une chasse aux automobilistes, et « cela va durer » promet-on. Les zones limitées à trente à l'heure vont passer de 60 à 200 hectares, et les Zones à Trafic Limité (ZTL), soumises à autorisation, devraient se développer. Le centre-ville ne sera bientôt plus qu'un vaste plateau piétonnier où seuls circuleront les fameux « bicloos ». Début avril sortira un livre blanc du commerce préconisant la possibilité d'ouvrir les magasins au moins pendant les cinq dimanches annuels qu'autorise la loi : une maigre consolation pour des commerçants inquiets.

LES FRANCHISSEMENTS DE LA LOIRE
Pont fixe ou mobile, levant ou transbordeur, tunnel ou téléphérique... on devrait en savoir plus avant l'été. Les solutions techniques pour un nouveau franchissement de la Loire à l'ouest de Nantes sont à l'étude. « Sans exclusive », rappelle Jean-François Retière, vice-président de Nantes Métropole. Selon l'option retenue, l'investissement oscille de 40 à 200 M. Avec des impacts variables sur le centre-ville, les flux périphériques, l'environnement ou le port de Nantes. Sans tomber dans la fascination de l'objet... « La vraie question, c'est les échanges » souligne l'élu. Car, même si des leviers existent - à l'instar de la régulation du périphérique, actuellement en débat avec l'État -, le développement de l'île de Nantes, de la Zac des Îles à Rezé, du Bas Chantenay, et l'accroissement mécanique de la démographie, devraient engendrer une croissance de 40% des franchissements de la Loire à l'horizon 2030!

LE TRANSFERT DU MARCHÉ D'INTÉRÊT NATIONAL (MIN)
C'est l'un des plus gros chantiers de Nantes : le déménagement en 2017-2018 d'une centaine de grossistes libérant un espace de 20 hectares sur l'Île de Nantes.
Le site, enchâssé dans le milieu urbain sur lequel est implanté l'actuel marché, est devenu trop contraint et « les entreprises s'y étaient développées sans logique économique cohérente », explique Nicolas Debon, en charge de l'économie à Nantes Métropole. Crée en 1969, le MIN de Nantes, deuxième de France après celui de Rungis (470 M de CA), va rejoindre le sud de la ville, à Rezé. Avec ce transfert, seront aménagées des voies d'accès afin de faciliter les flux de marchandises. Un vaste pôle agroalimentaire d'envergure régionale sera créé, permettant aux PME-PMI de bénéficier de services logistiques mutualisés. Le projet, discuté entre les élus et les entreprises, achève une phase de négociation portant sur les indemnisations et les modalités juridiques. Le cabinet mandaté pour connaître le coût de ce chantier vient de remettre son rapport et devrait le rendre public très prochainement.

LE QUARTIER DE LA CRÉATION SUR L'ÎLE DE NANTES
Reconnaissable par ses immeubles très avant-gardistes, l'Île de Nantes se métamorphose. Les travaux entrent dans une nouvelle phase avec la construction du Quartier de la Création autour des anciennes Halles Alsthom, dont seule l'ossature sera conservée. « La culture produit de la valeur et crée des emplois » : c'est l'une

des grandes convictions des élus nantais. Aussi, depuis plusieurs années, la métropole mise sur de grands événements, comme les Folles Journées, ou plus récemment Le Voyage à Nantes, pour développer le secteur et en faire un levier au service de l'économie. L'Île de Nantes, où se trouvent les anciennes friches industrielles, servira de lieu d'accueil pour l'ensemble de la filière, un carrefour réunissant entreprises, universités, École supérieure des beaux-arts et École d'architecture. Futur pôle d'excellence, le Quartier de la Création tournera autour de cinq domaines : communication, design, arts de la scène, architecture et arts visuels.

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Commentaires 2
à écrit le 13/04/2013 à 22:39
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Serait-ce volontaire ou non d'avoir oublie dans les gros projets de Nantes le transfert du CHU qui est a lui seul un enorme sujet de polemiques initie assez betement par notre Premier Ministre tetu sans ecouter les personnes qui l'entourent ainsi que...

le 16/04/2013 à 22:12
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Oui, et autre projet oublié, peut-être parce qu'il ne semble plus planifié à court terme : le réaménagement de la gare SNCF. Projet essentiel pour "recoller" ce quartier de la gare au centre ville, et donner plus d'envergure et de cohérence à l'une d...

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