Se loger en France (5/10) : Nantes veut préserver sa qualité de vie

165 nouveaux habitants à loger par semaine d'ici 2030... Septième métropole française et troisième pour sa croissance, Nantes se cherche une voie entre lutte contre le réchauffement climatique et pression démographique.
(Crédits : Stephane Mahe)

Ce n'est ni de la science-fiction, ni un scénario catastrophe.

« En 2030-2050, il faudra sans doute compter avec 30 journées d'ensoleillement supérieures à 30°C par an, au lieu de 5 actuellement. Contrairement aux villes du Sud, la métropole nantaise n'a pas été conçue pour affronter ces conditions. C'est un vrai souci dans l'Ouest et l'impact ne sera pas neutre en matière de construction », prévient Pierre-Yves Legrand, directeur de Novabuild, cluster nantais spécialisé dans l'innovation pour le BTP et l'habitat.

Pour lui, la recherche d'un logement orienté sud-sud-ouest n'aura plus vraiment de sens tant l'on voudra se mettre à l'ombre. Les appartements traversants, facilitant l'aération, seront recherchés.

« La demande va aller vers plus de confort. La démarche RT 2012 a obligé les architectes à réfléchir en ce sens. La qualité d'air, le silence, la luminosité, la connectivité... vont avoir de vraies incidences, jusqu'à la conception de "baticaments" dont les effets seront bons pour la santé physique et psychique », poursuit-il.

Un promoteur nantais réfléchirait même à proposer un logement avec une part de voiture partagée, pour enrayer les problèmes de déplacement et de stationnement. Consciente du réchauffement climatique, Nantes a été parmi les premières à adopter un Plan climat air énergie dont l'ambition est de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2030. Il impacte aujourd'hui toutes les politiques publiques d'urbanisme, de mobilité et d'habitat...

Car, l'autre phénomène marquant, c'est l'accroissement de la population. Depuis les années 1990, l'agglomération nantaise, devenue Métropole, a attiré 100.000 nouveaux habitants. D'ici à 2030, on en attend 75.000 de plus. Sa population atteindra alors 700.000 habitants.

« Ça veut dire 165 nouveaux habitants chaque semaine ! » explique Hervé Patureau, directeur du pôle habitat-démographie-planification de l'agence d'urbanisme nantaise Auran.

Une augmentation de population due pour moitié à la démographie naturelle et pour l'autre à l'attractivité et au dynamisme économique du territoire.

Réputée et primée pour sa qualité de vie, la cité nantaise va devoir conserver ses atouts et trouver les moyens de maintenir ce subtil équilibre. Avec de nouveaux Nantais à qui il va falloir proposer un toit, un emploi, une formation, des loisirs... sur un territoire non extensible et où, pour répondre à la problématique de densité urbaine, le Conseil de développement invite à une réflexion sur la verticalité de l'habitat, déjà tangible sur l'île de Nantes.

« Si l'on n'a pas de baguette magique, nous avons, en revanche, des outils de programmation », explique Pascal Pras, vice-président chargé de l'urbanisme et de l'habitat à Nantes Métropole.

6.000 logements par an

Le Plan local de l'habitat prévoit la construction de 6.000 logements par an pour absorber ce flux. Dont 2.000 pour l'habitat social et autant pour l'accession abordable. L'enjeu n'est pas seulement de construire des logements, mais « des logements de qualité adaptés et diversifiés pour répondre à la fois aux attentes de jeunes actifs et des seniors, en croissance de +15% », s'accordent les spécialistes. Cela dit, « personne ne vient parce qu'on a construit des logements neufs. D'ailleurs, 92% des arrivants s'installent dans le parc existant », observe Hervé Patureau.

La Métropole a décidé d'investir au cours de la prochaine décennie 100 millions d'euros dans la rénovation thermique des bâtiments.

« La construction neuve reste, cependant, indispensable pour assurer la fluidité des parcours résidentiels pour tous les ménages vivant dans la métropole », observe Hervé Patureau.

Sur un marché classé en zone tendue, les loyers progresseraient de 10% par an.

« Ils sont plutôt stables et leur croissance plus faible qu'ailleurs. Le marché locatif tourne à plein régime », indique Hervé Patureau.

Les délais de relocation n'ont jamais été aussi courts. Le niveau de vacance, en baisse régulière depuis 2014, atteint 2%. Un seuil jamais atteint. L'équilibre est fragile. Au point de faire craindre que les zones rurales ne jouent pas le jeu et ouvrent leur foncier. Ce qui entacherait l'attractivité d'une métropole, qui concentre les trois quarts des déplacements de l'aire urbaine nantaise, et va investir 3 milliards d'euros sur les mobilités durables d'ici à 2030.

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Commentaires 2
à écrit le 13/03/2018 à 14:53
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Nantes aussi est bien positionnée : https://www.ouestjob.com/actualites/quelle-est-la-meilleure-ville-de-france-ou-vivre-et-travailler.html

à écrit le 13/03/2018 à 10:55
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des nouveaux nantais .....!!

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