Robots industriels : le français Sepro Group bientôt numéro un mondial ?

Numéro deux mondial de la fabrication de robots pour l'industrie de la plasturgie, le vendéen Sepro Group lance un plan d'investissements de 11 millions d'euros pour accroître ses capacités de production en France et aux Etats-Unis et accompagner une croissance soutenue depuis cinq ans.
"On n'oppose plus robots et emplois. Un robot peut rendre une entreprise rentable, à condition qu'il soit bien intégré, c'est-à-dire complémentaire de l'humain (...)", explique Jean-Michel Renaudeau, le DG de Sepro, devenue en une dizaine d'années numéro un en France et aux Etats-Unis, numéro deux en Allemagne.

Si la région des Pays de la Loire souffre d'un déficit en matière d'exportation, il en est un qui a su prendre le virage de l'internationalisation. Porté par un chiffre d'affaires passé de 55,5 millions d'euros en 2012 à 104 millions d'euros l'an dernier, le fabricant vendéen de robots Sepro Group devrait générer une activité de 115 à 120 millions d'euros cette année, dont 86% à l'international où Sepro Group a déployé onze filiales (Etats-Unis, Canada, Mexique, Brésil, Chine, Allemagne, Suisse, Espagne...). Malgré la création d'une unité d'assemblage à Pittsburgh en Pennsylvanie en 1989 dédiée aux gros robots destinés aux marchés américain, canadien et mexicain, le spécialiste des robots pour l'industrie de la plasturgie se sent aujourd'hui à l'étroit sur la Zac des Ajoncs à La Roche-sur-Yon (85). D'où la décision de lancer un plan d'investissement de 11 millions d'euros.

Extension en France

Engagée dans une stratégie d'intégration et de globalisation, l'entreprise vendéenne vient de faire l'acquisition de 17.000 m² à proximité du site actuel (siège et production) pour porter la surface des bâtiments de 13.000 m² à 20.000 m². Outre une augmentation de capacité qui permettra de faire passer la production globale de 3.000 à 5.000 unités par an, l'enjeu de ce plan d'extension vise à séparer les flux d'assemblage et d'intégration et d'automation des robots. Une organisation pensée pour accélérer la mise en œuvre d'un process de lean-manufacturing autour de business units et optimiser les coûts de production. La surface dédiée à la seule intégration des robots, voulue pour répondre à une demande spécifique d'une clientèle européenne, sera augmentée de 50%.  Ces projets devraient ainsi passer de 35 à 70 par an générant alors jusqu'à 15 millions d'euros d'activité.  Les bureaux seront réaménagés, un espace innovation sera créé, et signe des temps, le bureau du patron sera remplacé par un espace de co-working !  La livraison est prévue pour l'été 2018. Dès lors, Sepro Group transfèrera son centre de formation sur le campus Robotics & Manufacturing installé sur la plateforme régionale d'innovation Proxinnov, dédiée à la robotique et soutenue par le conseil régional et l'agglomération lyonnaise.

Extension aux Etats-Unis

Dans cet espace de training de 800 m² dont la surface va quadrupler, Sepro Group compte accueillir 1.500 stagiaires par an contre mille aujourd'hui. Ouvert aux salariés du groupe, des filiales, des partenaires et des prestataires, ce centre mettra à disposition 25 robots pour proposer des enseignements techniques dispensées dans une dizaine de langues. Il complètera un dispositif de formation déjà déployé dans l'Ain, en Allemagne, à Chicago et Pittsburgh (Etats-Unis). C'est là, encore, où la filiale américaine occupe un local de 900 m², que Sepro vient de saisir l'opportunité de récupérer un bâtiment voisin pour mener une extension de 1.000 m². « De manière à nous permettre d'ajouter un centre d'assemblage de gros robots -de 6 à 18 mètres- aux côtés du site d'automation actuel », explique Jean-Michel Renaudeau, directeur général de Sepro Group. Jusqu'à présent, ces appareils, destinés au marché nord-américain pour équiper des presses à injection de 800 tonnes, étaient testés et assemblés en Vendée et acheminés par conteneurs à Pittsburgh.

"Notre valeur ajoutée, la R&D, reste en Vendée"

« En les transportant démontés, nous allons rationaliser les volumes des conteneurs et réduire nos coûts logistiques », ajoute-t-il. Dans la perspective de l'optimisation des process industriels, il entend, dans un second temps, lancer l'internationalisation des achats, et sourcer ces produits aux Etats-Unis.

« Notre valeur ajoutée, c'est la R&D, et elle, elle reste en Vendée. Mais pour aborder le marché indien ou prendre pied dans les pays émergents de plus en plus engagés dans l'industrialisation, nous devons être en mesure de réduire nos coûts de production pour rivaliser avec des Chinois très agressifs », dit-il, excluant toute délocalisation dans l'Empire du Milieu où la filiale Sepro China compte déjà un centre d'automation.

De son côté, s'il est encore timide, le marché français qui compte pour 14% de l'activité va plutôt mieux - « après une période de désindustrialisation entre 2000 et 2010, observe Jean-Michel Renaudeau, qui poursuit :

"On sent aujourd'hui, un regain d'intérêt pour les robots avec l'industrie 4.0 ou l'industrie du futur. Ça prend, ici, plus de temps qu'ailleurs, mais ça vient. Culturellement, il faut d'abord se positionner sur les services. Le robot, c'est aussi une aide pour lutter contre les TMS... Cela dit, l'avenir de Sepro se joue vraiment à l'export », reconnaît-il.

Cap vers la première marche du podium

Sepro a en ligne de mire l'Iran, l'Inde, la Corée du Sud et le Japon où l'entreprise française envisage de s'implanter sous la forme de filiales ou via des distributeurs, selon les cas. Pour Jean-Michel Renaudeau, l'ambition est claire. Il s'agit de devenir le numéro un mondial et de détrôner le leader actuel, le japonais Yushin situé à quelque 60 millions d'euros devant.

Rien d'impossible pour Sepro, devenue en une dizaine d'années numéro un en France et aux Etats-Unis, numéro deux en Allemagne, et l'un des leaders techniques sur l'Asie avec des partenariats avancés au Japon, en Corée du Sud. Entré en 2017 à la seizième place dans le Top 25 des entreprises ayant connu une croissance exceptionnelle et durable entre 2012 et 2015, le groupe vient, également, d'être récompensé d'un Award d'argent pour une innovation sur un logiciel de pilotage de robots.

« C'est véritablement ce qui nous différencie de nos concurrents. En développement notre propre soft « user friendly », nous avons mis au point un système de commande permettant à la fois de piloter le robot et de prendre la main sur une presse hydraulique », indique Arnaud Bourgeais, directeur de production.

Vers une économie de la connaissance

A La Roche-sur-Yon, au siège du groupe où l'on s'apprête à repousser les murs, le centre de R&D et le bureau d'études concentrent à eux seuls cent personnes, soit près d'un cinquième de l'effectif (mondial) qui atteindra en fin d'année 560 salariés, répartis en vingt-trois nationalités. Malgré un recours à la sous-traitance à hauteur de 50 millions€, l'entreprise a doublé son effectif au cours des dix dernières années, mais butent sur certaines qualifications en tension comme les dessinateurs projeteurs, les contrôleurs finaux et les agents de SAV.

« Nous consacrons 7% à 8% du chiffre d'affaires en R&D. En capitalisant sur l'innovation, la création de services, la fiabilité de nos machines... nous avons montré que l'on savait passer le gros temps, ce qui n'est pas le cas de tout le monde », observe Jean-Michel Renaudeau, qui, à la tête d'une marque maintenant très globalisée, entend profiter des vents porteurs.

"Un robot peut rendre une entreprise rentable"

« La Chine construit chaque année 36.000 robots. C'est presque autant que ce nous avons construit depuis notre création dans les années 1970. Seulement, aujourd'hui, la Chine a compris qu'elle trouverait toujours de la main-d'œuvre moins chère que la sienne, en Inde par exemple, et cherche à industrialiser. On n'oppose plus robots et emplois. Un robot peut rendre une entreprise rentable, à condition qu'il soit bien intégré, c'est-à-dire complémentaire de l'humain. Les technologies ont permis de développer des interfaces hommes/machines plus simples. On s'oriente maintenant de plus en plus vers une économie de la connaissance », explique Jean-Michel Renaudeau.

En témoignent, l'implication de l'entreprise dans la Chaire Innovations Managériales de l'école de commerce nantaise Audencia business school, la création prochaine de nouveaux services de e-learning et de « blended learning » associant apprentissage en ligne et présentiel et le lancement d'applis permettant de transmettre des données techniques et de piloter des opérations de maintenance à distance via son smartphone pour là encore de réduire les temps d'intervention et les coûts.

Frédéric Thual,
correspondant Pays de la Loire pour La Tribune

---

Sepro Group 6, Jean-Michel Renaudeau, DG, et Paul Radat fondateur,

Photo 1. Jean-Michel Renaudeau, directeur général de Sepro Group, et Paul Radat (89 ans), fondateur et actionnaire à 85% de Sepro. Créé en 1972 pour automatiser la fabrication de tôlerie pour le groupe de chauffage électrique Atlantic, Sepro a pris le virage de la robotique au début des années 1980 et fût l'une des premières entreprises à développer des robots cartésiens. (Photo : Frédéric Thual)

---

Sepro Group 5

Photo 2. La mise au point d'un logiciel et d'un pilote de commande (ci-dessus, au premier plan, l'écran de l'interface de pilotage Visual) permettant de gérer à la fois le robot et une presse à injection auraient permis à Sepro Group de prendre des parts de marché à ses concurrents. (Photo : Frédéric Thual)

>> VIDEO : Comment se pilotent les robots Sepro

- - -

Sepro Group 2, robotique, Pays de la Loire,

Photo 3. Capables d'extraire et d'embarquer des pièces techniquement complexes dans le moule ou en périphérie de la presse, les robots cartésiens 7X Line sont des robots 5 axes combinant la nouvelle génération de gros robots linéaires Sepro 3 axes et la rotation numérique 2 axes Stäubli. (Photo : Sepro)

>>VIDEO :  Deux grands robots de Sepro en action, le 7X-100XL et le 6X-400.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 11/06/2017 à 23:55
Signaler
Sepro Groupe est il coté en bourse? Si oui sur quel marché et quel est le code mnémonique ?

à écrit le 24/05/2017 à 9:01
Signaler
Ben je suis content de l'évolution de cette entreprise pour laquelle j'ai travaillé en intérim dans les années 80 puis croisé ses robots extrèmement fiables dans l'univers du caoutchouc et du plastique. Comme ils ont dit, les tms dans ces métiers so...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.