Erasmus-Nienaber, les anticonformistes

Les deux têtes pensantes du modèle sud-africain travaillent hors des sentiers battus. Pour le meilleur et pour le pire.
Rassie Erasmus (à gauche) et Jacques Nienaber, le 25 août.
Rassie Erasmus (à gauche) et Jacques Nienaber, le 25 août. (Crédits : STEVE HAAG SPORTS/ SHUTTERSTOCK/SIPA)

L'un n'a jamais joué au rugby, en tout cas ni à quinze ni à haute altitude, et a commencé sa carrière en malaxant les corps endoloris. L'autre a un parcours plus normé - 36 sélections - mais une personnalité controversée qui lui a valu d'être caricaturé en Trump de l'Ovalie. Depuis près de vingt ans, Jacques Nienaber et Johan « Rassie » Erasmus forment un tandem aussi singulier qu'estimé, de la franchise sud-africaine des Cheetahs aux Springboks qu'ils ont menés sur le toit du monde en 2019.

À l'époque, Nienaber cumulait deux emplois : physiothérapeute et entraîneur de la défense. Voire trois avec porteur d'eau murmurant à l'oreille des joueurs, un rôle qu'a depuis endossé Erasmus mais en oubliant l'eau. Celui-ci était son supérieur, le sélectionneur aux lauriers. Il l'est toujours, mais en tant que directeur du rugby. Au nom de la continuité et de la cloison en titane édifiée lors du sacre il y a quatre ans, l'adjoint a pris le relais au poste de numéro 1.

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Ensemble depuis l'armée

Depuis, le jeu offensif des Springboks s'est oxygéné mais les fondamentaux du duo se sont renforcés : la bomb squad sur le banc est parfois composée de sept avants pour un arrière, alors que la norme internationale s'établit à 5+3. Un parti pris (délaissé ce soir) qui place le combat au cœur du débat, comme une hypertrophie de l'ADN sud-africain. Les deux quinquagénaires ont conscience de travailler « en dehors des sentiers battus ». « Leur défi aux idées reçues est désormais une convention en soi », écrivait le Sunday Times avant la compétition.

Personne n'a été étonné qu'Erasmus utilise des lumières en loge pour communiquer avec le terrain contre l'Écosse (18-3). À ses débuts, il s'était signalé en posant sur le toit du stade des spots destinés à envoyer des messages codés. Cette semaine, les Springboks se sont entraînés avec du bruit pour anticiper le vacarme du Stade de France. Contre la Roumanie (76-0), quatre demis de mêlée avaient été inscrits sur la feuille de match, une coquetterie qui a encore fait tousser les gardiens du temple. Pour avoir désossé l'arbitrage dans une vidéo (2021) puis sur les réseaux (2022), le génie tourmenté de Despatch a cumulé les sanctions - cette semaine, il a mis en garde contre les simulations françaises.

Les deux stratèges se sont connus à l'armée. Leur aventure rugbystique a commencé à l'université : Nienaber était le kiné de l'équipe dont Erasmus était capitaine. Ils se sont suivis jusqu'en Irlande (Munster, 2016-2017). C'est aussi là que leurs chemins vont se séparer. Après la Coupe du monde, Nienaber rejoindra le Leinster. Erasmus restera l'ordonnateur du rugby sud-africain, lui dont la « plus grande réussite », dit-il, est d'avoir établi un plan de développement s'affranchissant des quotas postapartheid.

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