Handball : Samir Bellahcene, à fond les formes

Il n’a pas la silhouette classique d’un athlète de haut niveau mais ce gardien de 28 ans s’est hissé parmi les meilleurs. Le voilà à l’Euro avec les Bleus.
Samir Bellahcene
Samir Bellahcene (Crédits : © JEAN BAPTISTE AUTISSIER/PRESSE SPORTS)

Mercredi, Rémi Desbonnet et Charles Bolzinger ont joué le match d'ouverture. Aujourd'hui contre la Suisse (18 heures), Samir Bellahcene fait le poids pour entrer dans la rotation : 120 kilos sur la balance pour 1,91 mètre. Le gardien de 28 ans, recruté comme joker médical en septembre par l'ogre allemand Kiel, est le deuxième plus lourd de la Ligue des champions, derrière Emil Nielsen (Barcelone), 4 centimètres et 5 kilos de plus. Le maillot tire sur son ventre rebondi, mais l'athlète est épanoui, merci pour lui. « Dans le hand, il y a des grands, des petits, des costauds, évacuait l'intéressé avant le départ pour l'Euro. Tout ce qui compte, c'est ce qu'on apporte sur le terrain. »

Lui brille par sa vitesse et sa souplesse. Il y a deux mois, il a écœuré le PSG à lui tout seul, avec quatorze parades spectaculaires. Il faut le voir monter la jambe dans l'angle supérieur de la cage pour ravaler toute idée reçue. « Il prend beaucoup de place et a l'explosivité d'un gardien de 80 kilos », apprécie Jean-Luc Kieffer, préparateur des gardiens tricolores. Au pôle espoirs où il entraîne, cet éducateur refuse de tirer la moindre conclusion du gabarit des adolescents. Il cite l'exemple d'un gardien qui fait son chemin dans les équipes de France jeunes malgré son embonpoint. Le tour de taille et la motricité ne sont pas liés, insiste-t-il.

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« Si on avait voulu me transformer... »

Pourtant, quand on l'interroge sur ses références au poste, Samir Bellahcene cite quatre gardiens longilignes. Il corrige aussitôt : « Celui de Berlin [Dejan Milosavljev, 135 kilos] a le même morphotype et c'est peut-être le meilleur spécialiste de la Bundesliga. » Au centre de formation de Montpellier, dont il est issu comme ses deux collègues dans les cages bleues, il a subi quelques remarques désobligeantes. Mais sa pratique du taekwondo et de la boxe, héritée de son père, a fait taire les mauvaises langues. « On a fait attention à ce que je ne prenne pas trop de poids, admet-il. Mais si on avait voulu me transformer, ça n'aurait peut-être pas marché. »

« Chez nous, il a marché dans les pas de Vincent Gérard, son idole de jeunesse qu'il côtoie désormais à Kiel », sourit Jean-Pierre Vandaele, président de Dunkerque où il s'est affirmé à partir de 2018, après une saison en deuxième division, à Massy. Longtemps, l'équipe de France est restée un objectif lointain, malgré des statistiques de parades convaincantes. « J'ai toujours craint que son physique ne le desserve au très haut niveau », poursuit le dirigeant nordiste. À l'époque, un préparateur physique lui a conseillé de surveiller son alimentation. Les kilos envolés, il a perdu en tonicité. Alors, Samir Bellahcene est resté lui-même.

Pour le nouveau gardien des Bleus, « peser 70 ou 100 kilos ne change rien, le talent et l'envie, si ». Au début de l'hiver, il a prolongé jusqu'en 2025 son contrat avec Kiel. Mais ce qui apaiserait vraiment son appétit, c'est une sélection pour les Jeux olympiques. Il part de loin, mais il a quinze jours pour mâcher la concurrence.

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