Rugby : « Les voyants sont au vert » (Dimitri Yachvili, consultant pour France Télévisions)

ENTRETIEN - Malgré l’échec à la Coupe du monde et l’absence d’Antoine Dupont, l’ex-international juge les Bleus favoris du Tournoi des Six Nations.
Solen Cherrier
Damian Penaud lors d’Irlande-France le 11 février 2023, à Dublin.
Damian Penaud lors d’Irlande-France le 11 février 2023, à Dublin. (Crédits : © Ken Sutton/Colorsport/DPPI via AFP)

Vendredi 2 février à Marseille, Dimitri Yachvili, 43 ans, commentera le premier match du Tournoi des Six Nations pour France Télévisions au côté de Matthieu Lartot : France-Irlande, ou le choc des grands déçus de la dernière Coupe du monde. À l'abord d'une compétition qu'il a remportée quatre fois (2006, 2007, grand chelem en 2004 et 2010), l'homme aux 373 points en 61 sélections dresse l'état des lieux.

LA TRIBUNE DIMANCHE- France-Irlande, c'est la finale avant l'heure ?

DIMITRI YACHVILI- Non, mais ça va donner le ton. Un match plein et nous pourrons enchaîner. Si nous sommes bousculés, il faudra se remobiliser. Français et Irlandais sont les prétendants à la victoire finale, évidemment, mais attention aux Anglais ! Avant la Coupe du monde, tout le monde les voyait mal en point et ils ont terminé sur le podium [3es]. Le Tournoi sera d'autant plus serré qu'on est dans une année post-Mondial, marquée par des changements de cycle. C'est aléatoire, mais on reste favoris de cette compétition.

Les deux favoris du Mondial sont-ils remis de leur échec en quart ?

On n'a que les clubs comme baromètre, mais les plus gros pourvoyeurs d'internationaux sont très performants en Champions Cup [Leinster, Stade toulousain, Bordeaux-Bègles]. Ça laisse présager un regain de forme physique et morale pour ces deux nations meurtries. Le contexte sera particulier car ce choc se jouera à Marseille, non au Stade de France. L'ambiance très chaude du Vélodrome galvanise les joueurs, on le sait. Sans jeu de mots, les voyants sont au vert. Mais ça reste à valider.

Quelles sont les forces et les faiblesses des Bleus ?

La conquête en mêlée peut être améliorée. Il y a un peu d'indiscipline par moments aussi. Pour les atouts : l'attaque avec une ligne de trois-quarts de très haut niveau, l'organisation et l'agressivité défensives.

Cette équipe dégage un état d'esprit conquérant et propose beaucoup d'options à chaque action. Même s'il y a eu des changements dans le staff, le système et la philosophie resteront les mêmes.

Pour moi, le timing de Kolbe sur la pénalité de Ramos était bon

L'absence de la charnière Dupont-Ntamack risque-t-elle de peser ?

Le jeu ne s'arrête pas à un ou deux joueurs, quand bien même ils sont de grande qualité. Maxime Lucu et Matthieu Jalibert ont du talent et jouent également dans le même club [Bordeaux-Bègles]. Qu'il y ait des absents à des postes clés permet aussi de créer une émulation, de donner des responsabilités à d'autres. Le XV de France a déjà gagné sans sa charnière titulaire. Notons que, de son côté, l'Irlande a perdu Jonathan Sexton, son maître à jouer et son buteur depuis quinze ans. Ce sont deux équipes en rénovation.

Après l'Afrique du Sud, vous avez pointé des erreurs d'arbitrage. Avec du recul, pourquoi a-t-on perdu ?

Ça s'est joué sur des détails. Des erreurs d'arbitrage, il y en a eu, mais des deux côtés. S'arrêter là-dessus est un aveu d'impuissance. J'ai revisionné le match une semaine après et ça a conforté mon analyse : on a été excellents pendant une heure - même si on a raté des occasions - puis on a subi. Or les arbitres favorisent les équipes dominatrices, surtout avec la pression du dernier quart d'heure. Ça n'enlève rien aux quatre années remarquables qui ont précédé. Du Mondial au Japon en 2019 à celui à la maison, on a vu l'évolution en matière de jeu, de résultat, d'état d'esprit... La voie était royale, mais c'est le sport.

Une pénalité contrée comme celle de Thomas Ramos, ça vous est déjà arrivé ?

Je n'en ai pas le souvenir. C'était bluffant car ça arrive rarement, surtout à ce niveau-là. Cheslin Kolbe a joué des années avec Ramos [de 2017 à 2021 au Stade toulousain], il connaît sa routine par cœur et a piqué un sprint incroyable. Le règlement dit que c'est le début de la prise d'élan du buteur qui compte et il est parti à peu près au moment où Ramos a fait un petit mouvement d'épaules en arrière. Pour moi, le timing était bon. ■

Solen Cherrier

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.