Le streaming musical payant décolle (enfin) en France

L’écoute sans téléchargement représente la moitié des ventes numériques en France au premier trimestre, selon le Snep. L’abonnement à des sites comme Deezer ou Spotify se démocratise et les offres gratuites financées par la publicité se développent. Si le streaming reste méconnu du grand public, il pourrait devenir la principale source de revenus de l’industrie à terme selon les producteurs de disques.
Delphine Cuny
Le suédois Spotify, pionnier du streaming audio en Europe, est dépassé par Deezer en France, notamment grâce à Orange.

La tendance est mondiale : le streaming musical par abonnement, l'écoute sans téléchargement, décolle et devient une alternative sérieuse à l'achat de CD ou DVD et au téléchargement payant sur des plateformes telles qu'iTunes d'Apple. En France, au premier trimestre, les revenus issus du streaming ont représenté pour la première fois la moitié des ventes numériques de musique (50% contre 43% sur l'ensemble de 2013), selon le Syndicat national des éditeurs phonographiques (SNEP), qui a dévoilé ses chiffres ce mercredi. Ils ont augmenté de 40% pour atteindre 16,5 millions d'euros, au détriment du téléchargement légal (-10,3%) et des ventes physiques, en recul de 12,6%. Devenu « le premier usage en ligne », le streaming pèse désormais 17% de l'ensemble du marché de la musique enregistrée et pourrait devenir « à terme la source de revenu principale de l'industrie musicale et des artistes », estime Guillaume Leblanc le directeur général du SNEP.

 

Près de 2 millions d'abonnés en France

 

Au niveau mondial en 2013, le streaming a représenté 27% des ventes numériques et généré 1,1 milliard de dollars de recettes, en triplement sur trois ans, selon le récent rapport de l'IFPI qui estime que « plus de 28 millions de personnes dans le monde paient pour un abonnement de musique. » En France, il y aurait près de 2 millions de personnes abonnées à un service de streaming de musique, essentiellement auprès du français Deezer et du suédois Spotify. Il est un peu tôt pour y voir un effet « Fnac » : le premier disquaire de France a en effet lancé le 3 mars son offre par abonnement « Fnac Jukebox » à partir de 2 euros par mois. Quelle est la part des abonnés ne souscrivant pas directement auprès des services mais bénéficiant d'une offre couplée de leur opérateur mobile, notamment Orange, actionnaire de Deezer ? Le SNEP affirme ne pas disposer des chiffres mais celui d'un million d'abonnés Orange chez Deezer, dont tous ne seraient pas conscients de disposer de cette option, circule sans être démenti. SFR, qui n'a pas prolongé son partenariat avec Spotify qu'il jugeait trop coûteux, les opérateurs versant aux sites de streaming des minimums garantis en fonction du nombre d'utilisateurs, s'est associé à l'américain Napster, moins connu, et ses abonnés préfèreraient d'autres services proposés au choix, comme Coyote ou CanalPlay.

 

Abonnement payant ou financé par la publicité ?

 

Le streaming par abonnement reste dominant (11,6 millions d'euros) en France par rapport aux « abonnements gratuits » financés par la publicité (4,9 millions) qui continuent de progresser plus rapidement. D'ailleurs, Deezer, dont le directeur général Axel Dauchez a annoncé mardi son départ en septembre, vient justement d'élargir son offre gratuite aux smartphones et aux tablettes. Spotify avait fait de même en décembre (une publicité toutes les trois ou quatre chansons). L'objectif est de « donner un peu plus » pour inciter les utilisateurs gratuits à s'abonner au service payant.

 

Longtemps méfiants à l'égard du streaming, qu'ils assimilent à du piratage, les producteurs de disques ne sont pas convaincus par ce modèle du « gratuit », produit d'appel visant à convertir les consommateurs au payant : « ne bâtir un modèle économique que sur la publicité semble dangereux » considère le directeur général du SNEP. Les maisons de disque sont ravies de l'arrivée sur le marché de la Fnac, qui ne propose pas d'offre gratuite pour l'instant. Elles comptent sur le groupe dirigé par Alexandre Bompard pour assurer la pédagogie car « le streaming commence à entrer dans les mœurs mais le grand public ne sait pas ce que c'est ! » relève Stéphane Le Tavernier, le président du SNEP et de Sony Music France. Les majors espèrent aussi que TF1, avec sa force de frappe marketing, n'abandonnera pas son projet de site de streaming musical. D'autant que le potentiel leur semble important, si l'on compare le revenu du streaming musical rapporté à la population en France (1,4 dollar par habitant par an en 2013, comme au Royaume-Uni, guère plus aux Etats-Unis 1,8 dollar) avec celui des élèves modèles scandinaves : 13,4 dollars en Suède, 13,6 dollars en Norvège...

 

Delphine Cuny

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Commentaires 3
à écrit le 30/04/2014 à 17:33
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Avant la musique à la radio c'était gratuit ,maintenant pour être branché c'est du steaming qu'il faut écouter ,c'est la même musique mais c'est payant.Bravo le marketing

le 30/04/2014 à 19:33
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A la radio vous avez toujours de la pub entre les chansons. C'est elle qui finance le fait que vous pouvez l'écouter gratuitement... Le principe est donc le même pour le streaming. Vous pouvez écouter aussi gratuitement si vous acceptez de la pub tou...

le 30/04/2014 à 20:30
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A la radio, on est force d'ecouter la soupe qui passe. En streaming, s'il ne vous sied guère d'abimer vos oreilles avec du Maitre Gims, vous en avez la totale liberte.

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