Et de deux. La plateforme vidéo YouTube, filiale de Google, vient d'annoncer une nouvelle réforme pour la monétisation de ses contenus - qui durcit celle initiée en avril dernier.
"On ne peut nier que 2017 a été une année difficile avec plusieurs problèmes ayant affecté notre communauté et nos partenaires publicitaires", a déclaré Paul Muret, vice-président de YouTube, dans une note de blog publiée mardi.
Et pour cause... Cette annonce intervient quelques semaines après la polémique provoquée début janvier par le Youtubeur américain, Paul Logan, suivi par 15 millions d'internautes. Ce dernier s'est mis en scène à proximité d'un cadavre dans une forêt japonaise. La vidéo, restée en ligne moins de 48 heures, a dépassé les 6 millions de vues.
Le durcissement des règles de monétisation instaure de nouveaux seuils d'audience dans le cadre du "YouTube Partner Program". Désormais, les chaînes auront besoin d'au moins 1.000 abonnés et 4.000 heures de temps de visionnage sur l'année précédente pour être éligibles à la monétisation, explique Paul Muret. Depuis avril dernier, les chaînes étaient éligibles lorsqu'elles présentaient seulement un cumul minimum de 10.000 vues par chaine - sans temps de vue minimum requis.
"Nous voulons prendre en considération la dimension de la chaîne, l'implication de l'audience et l'attitude du fondateur pour décider de son admissibilité", poursuit le vice-président de YouTube.
Des vidéos validées par un modérateur humain
Autre nouveauté : YouTube renforce la modération pour son programme Google Preferred, une plateforme publicitaire qui permet aux annonceurs de repérer les Youtubeurs les plus populaires. Chaque vidéo devra être validée par un modérateur humain, vérifiant que le contenu ne puisse pas heurter les sensibilités du public. Cette politique sera appliquée à compter de mi-février aux États-Unis et d'ici fin mars dans la quinzaine d'autres pays concernés (dont la France).
Enfin, la plateforme vidéo promet plus de transparence entre les annonceurs et les créateurs de contenus. Les entreprises pourront ainsi avoir un droit de regard sur les vidéos dans lesquelles leurs publicités défilent. Ces changements devraient concerner un "nombre significatif" de chaînes, dont 99% d'entre elles ont réalisé moins de 100 dollars grâce à la monétisation de leurs contenus l'année dernière, précisent Neal Mohan, chef de produit, et Robert Kyncl, responsable d'affaires, dans une note de blog.
YouTube veut rassurer les annonceurs
L'objectif affiché : rassurer les annonceurs, qui ont boycotté YouTube en mars et en novembre dernier. La plateforme vidéo de Google a été pointée du doigt il y a trois mois pour la prolifération de commentaires pédophiles, ce qui a poussé certains annonceurs -Lidl, Mars, Adidas ou encore la Deutsche Bank - à retirer temporairement leurs publicités. La filiale américaine avait déjà perdu des annonceurs en mars dernier, qui voyaient leurs publicités défiler à côté de contenus incitant à la haine ou faisant l'apologie du terrorisme.
"Bien que nous ayons pris plusieurs mesures l'année dernière pour protéger les annonceurs contre les contenus inappropriés, nous savons que nous devons en faire plus pour que leurs publicités soient compatibles avec leurs valeurs", a reconnu Paul Muret.
10.000 modérateurs d'ici fin 2018
Pour tenter d'éviter les scandales à répétition, la plateforme vidéo a annoncé vouloir muscler sa modération, critiquée pour être trop laxiste. Ainsi, l'équipe dédiée à la modération chez Google devrait atteindre les 10.000 personnes en 2018, a annoncé en décembre dernier Susan Wojcicki, directrice générale de YouTube.
En parallèle, YouTube mise également sur le machine learning - une technique d'intelligence artificielle - permettant de détecter les vidéos choquantes afin de les soumettre à une modération humaine. Depuis juin, 150.000 vidéos ont ainsi été supprimées.
Toujours depuis juin, "le machine learning a permis d'examiner et de signaler du contenu violent et extrémiste qui aurait mobilisé l'équivalent de 180.000 personnes travaillant à 40 heures par jour pour obtenir le même résultat", a écrit la Pdg de YouTube dans une note de blog.
Sujets les + commentés