Données personnelles : Facebook fait enfin le ménage dans ses applis tierces

Pour éviter un nouveau scandale Cambridge Analytica, Facebook réalise un grand audit des applications tierces qui utilisent les données personnelles de ses utilisateurs. 200 applications suspectées d'avoir détourné des données ont déjà été suspendues.
Anaïs Cherif
Facebook, le plus grand réseau social au monde, revendique 2,2 milliards d'utilisateurs actifs par mois.
Facebook, le plus grand réseau social au monde, revendique 2,2 milliards d'utilisateurs actifs par mois. (Crédits : Dado Ruvic)

Facebook poursuit son opération séduction. Le plus grand réseau social au monde a annoncé lundi la suspension "d'environ 200 applications" dans le cadre de son audit mené à la suite de la polémique Cambridge Analytica qui a éclaté mi-mars. La liste des applications concernées n'a pas été publiée.

"Nous avons d'importantes équipes internes et externes d'experts qui travaillent dur pour examiner ces applications le plus vite possible. Jusqu'ici, des milliers d'applications ont été analysées et environ 200 ont été suspendues --en attendant une enquête complète pour déterminer si elles ont réellement détourné des données", a expliqué Ime Archibong, vice-président des partenariats produits chez Facebook, dans un communiqué publié lundi.

En cas de détournement de données personnelles, les applications seront bannies de Facebook et les utilisateurs seront avertis, promet Ime Archibong.

| Lire aussi : Cambridge Analytica : comment savoir si vos données Facebook ont été captées

Une appli au cœur du scandale Cambridge Analytica

Le fleuron de la Silicon Valley s'attaque aux applications car c'est le cœur du scandale Cambridge Analytica. Ce cabinet d'analyse est critiqué pour avoir capté de manière détournée, et sans consentement, les données personnelles de 87 millions d'utilisateurs Facebook à des fins politiques. La société britannique a notamment été au service de Donald Trump pendant la campagne présidentielle américaine et du groupe "Leave.EU" en faveur du Brexit courant 2016.

Cambridge Analytica a pu s'accaparer les précieuses données via l'application "thisisyourdigitallife", créée en 2013 par un universitaire de Cambridge. En effet, lors du téléchargement de l'application, les utilisateurs concédaient un droit d'accès à leurs données personnelles Facebook - comme leur ville d'origine et leurs centres d'intérêts. Ce n'est pas tout : l'application pouvait également avoir accès aux "amis" des utilisateurs l'ayant téléchargée, sans leur consentement non plus. En 2014, Kogan aurait transmis ces informations au cabinet Cambridge Analytica. Une brèche qui aurait été réparée par Facebook en 2015, en limitant l'accès des données aux applications tierces.

| Lire aussi : Emporté par le scandale Facebook, Cambridge Analytica fait faillite

Regagner la confiance des internautes et... des investisseurs

La suspension de ces 200 applications n'est qu'un début, selon le réseau social. "Il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour découvrir toutes les applications qui auraient pu mettre la main sur les données d'utilisateurs de Facebook --et cela prendra du temps", a affirmé Ime Archibong lundi. Facebook tente ainsi de redorer son blason pour regagner la confiance des internautes et rassurer les investisseurs - alors que le cours de son action vient tout juste de retrouver son niveau d'avant la polémique (186 dollars environ). La semaine dernière, la société de Mark Zuckerberg a entrepris la plus grande réorganisation de son histoire en modifiant les postes d'une dizaine de hauts cadres de l'entreprise. Facebook a notamment ouvert deux nouvelles unités, dédiées à la sécurité du réseau social et à la blockchain.

Début mai, le réseau social annonçait la création d'une nouvelle fonction permettant aux utilisateurs de supprimer entièrement son historique de navigationIl faut dire que les pratiques de Facebook sont passées au crible avec l'entrée en vigueur le 25 mai prochain du Règlement général sur la protection des données (RGPD), qui s'apprête à réduire les marges de manœuvre des entreprises et administrations en matière de collecte de données. Facebook est également sous la menace d'une régulation aux États-Unis, se voulant plus protectrice en matière de collecte d'informations. En gage de bonne foi, Mark Zuckerberg a assuré à la mi-avril lors de son audition au Congrès opérer "un grand changement philosophique" au sein de Facebook.

Anaïs Cherif

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