HTC : la descente aux enfers continue, 1.500 emplois supprimés

Le fabricant taïwanais de smartphones a annoncé la suppression de 1.500 postes supplémentaires, soit 22% de son effectif global, d'ici à fin septembre, pour poursuivre l'assainissement de ses comptes. Les marchés restent sceptiques sur la capacité de l'ex-géant à se redresser.
Sylvain Rolland
HTC, qui se sépare de 1.500 employés supplémentaires, est un pionnier qui peine à tirer les fruits de ses audaces.

Cela commence à faire longtemps que HTC attend des jours meilleurs. Empêtré dans une réorganisation qui n'en finit pas, l'ancien champion du téléphone mobile, d'abord dépassé par Apple et Samsung, puis par les constructeurs chinois Huawei, Oppo et Xiaomi, vient d'annoncer la suppression de 1.500 emplois dans sa branche mobile, située à Taïwan. Ils s'ajoutent aux 2.000 salariés qui ont rejoint Google en début d'année à la suite du rachat d'une partie de la division mobile par le géant californien.

Ces licenciements, effectifs d'ici à la fin du mois de septembre, visent à donner à HTC "plus de flexibilité dans les opérations de management", ce qui constituerait "un pas décisif dans la réorganisation des ressources". Mais les marchés ne sont pas dupes. Enième conséquence d'une lente descente aux enfers depuis cinq ans, ce plan de licenciements surligne les difficultés du groupe taïwanais. Sur le Taiwan Stock Exchange, l'action HTC a ainsi chuté de près de 7% suite à l'annonce, flirtant avec ses plus bas niveaux historiques depuis son introduction à la Bourse de Taipei, en 2006.

La réalité virtuelle, la planche de salut qui a du mal à décoller

Au meilleur de sa forme, au troisième trimestre de l'année 2011, HTC a été numéro quatre mondial du smartphone avec un peu plus de 10% du marché mondial, derrière Samsung, Nokia et Apple. A cette époque, le constructeur taïwanais était valorisé 37 milliards de dollars. Deux ans plus tard, en 2013, 90% de sa valeur boursière avait déjà fondu. Aujourd'hui, d'après le cabinet IDC, la part de marché de HTC dans les smartphones n'atteint même pas 1% et sa valorisation s'élève à seulement 1,8 milliards de dollars.

Connu pour avoir osé, le premier, utiliser le système d'exploitation Android de Google, et pour s'être lancé dans le marché prometteur de la réalité virtuelle dès 2016 avec son casque Vive, HTC est un pionnier qui peine à tirer les fruits de ses audaces. Dans les smartphones, il a rapidement été doublé par Samsung, devenu la référence du haut-de-gamme sous Android. Quant au marché de la réalité virtuelle, potentiellement énorme d'après les analystes, son adoption dans les usages est beaucoup plus lente que prévu. Le pari de HTC de miser sur la synergie entre la téléphonie et la réalité virtuelle -il a même fusionné ces deux branches- n'est, pour l'instant, pas payant. En difficultés financières, l'entreprise a encore affiché 170 millions de dollars de pertes opérationnelles au premier trimestre 2018.

Dominé par Google

Aujourd'hui, HTC n'est plus que l'ombre de lui-même. Si le groupe souhaite rester dans les smartphones et a lancé l'an dernier avec succès le modèle HTC U11, sa marque est désormais dominée par Google. En septembre dernier, le géant californien a mis la main, pour 1,1 milliard de dollars, sur une grande partie de la branche mobile de HTC. 2000 employés d'HTC, qui fabriquaient déjà la gamme Pixel de Google -20% des ventes d'HTC- et, auparavant, sa gamme Nexus, ont officiellement rejoint l'Américain. Cette opération a permis à Google de se renforcer dans la production de ses propres smartphones, afin de mieux valoriser son système d'exploitation Android, qui équipe déjà 80% des smartphones dans le monde. Google a aussi obtenu un accord de licence sur la propriété intellectuelle de HTC.

De son côté, le fabricant taïwanais s'était alors réjoui de cet afflux d'argent, mais il reste que l'entreprise s'est séparé d'une part non négligeable de ses meilleurs ingénieurs au profit d'un concurrent. HTC affirme que son ambition de "continuer à construire l'écosystème de la réalité virtuelle avec Vive", ainsi que ses projets dans l'intelligence artificielle, la réalité augmentée, ses propres smartphones et l'Internet des objets, entre autres, lui permettront de remonter la pente une fois que sa situation financière sera assainie. A suivre...

Sylvain Rolland

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Commentaires 2
à écrit le 03/07/2018 à 15:24
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J'ai le même téléphone HTC depuis 2013, fiable et très pratique + aucun problème durant ces années, même si bien dépassé aujourd'hui. Dommage que cette marque périclite.

à écrit le 03/07/2018 à 14:41
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"ainsi que ses projets dans l'intelligence artificielle, la réalité augmentée, ses propres smartphones et l'Internet des objets, entre autres" On voit mal alors qu'ils sont acculés comment ils vont pouvoir financer correctement tout ces différent...

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