En plus de l'intelligence artificielle, Nvidia place ses pions dans le métavers industriel

Au Computex, le grand salon de l'informatique à Taïwan, Nvidia ne venait pas que pour parler de processeurs et d'intelligence artificielle. L'entreprise a aussi présenté plusieurs nouveautés de son Omniverse, une plateforme de « métavers industriel » qui permet de simuler le fonctionnement d'usines entières. Le marché pèserait déjà deux fois plus que le métaverse grand public.
Si Nvidia s'approprie aujourd'hui le terme « métavers », il a sorti sa plateforme avant que ce dernier soit popularisé par Meta.
Si Nvidia s'approprie aujourd'hui le terme « métavers », il a sorti sa plateforme avant que ce dernier soit popularisé par Meta. (Crédits : Tyrone Siu)

Sur toutes les lèvres en 2022, le métavers a pratiquement disparu du débat public, balayé par la vague de l'intelligence artificielle générative créée par ChatGPT. Mais au Computex, grand salon taïwanais de l'écosystème informatique, toute une section lui est dédiée, et il fait même partie des quatre grandes thématiques de l'événement.

Mieux, le porte-étendard du métavers sur le salon n'est autre que Nvidia, le géant des processeurs qui vient de dépasser les mille milliards de dollars de valorisation boursière grâce au boom de l'IA générative. Au-delà du terme marketing qui rappelle l'année 2022, l'entreprise semble avoir trouvé un véritable marché dans la simulation d'environnement industriels.

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Une copie virtuelle fidèle à la réalité

Nvidia développe depuis deux ans une plateforme logicielle à destination du monde industriel, baptisée Omniverse, qu'elle ne cesse d'améliorer. Sa promesse : recréer virtuellement des usines entières dont chaque élément respecte les lois de la physique. Par exemple, l'intensité de la lumière et ses reflets doivent correspondre à la réalité pour éviter de construire des postes de travail trop obscurs. Ou encore, les robots doivent se déplacer comme ils le feraient dans la réalité. « Le risque avec ce genre d'outil serait de viser la beauté graphique. Mais le but n'est pas d'avoir un beau rendu, c'est d'avoir un rendu juste », avertit Greg Estes, VP Corporate Marketing et Developer Programs de Nvidia.

A la clé, Nvidia fait miroiter de grandes économies dans l'agencement d'usines, la création de prototypes ou encore le déploiement de flottes de robots. Les simulations doivent par exemple permettre d'anticiper les défauts d'un changement logistique ou itérer des tests qui seraient trop onéreux à réaliser.

Pour mettre en valeur cette expertise au Computex, l'emblématique dirigeant de Nvidia Jensen Huang a présenté quelques images d'usines d'électronique et de semi-conducteurs reproduites en virtuel, appartenant à des entreprises partenaires présentes sur le salon comme Foxconn, Pegatron et une poignée d'autres. Les années précédentes, l'Omniverse avait déjà permis de recréer virtuellement une usine de voiture de BMW ou encore le réseau de chemins de fer de la Deutsche Bahn.

Un métavers connecté aux outils d'IA générative

Le salon était également l'occasion pour Nvidia de présenter une nouvelle brique logicielle intégrée à son Omniverse : un outil d'IA générative pour créer plus rapidement, et avec de simples commandes écrites en langage naturel (comme l'anglais), les modèles 3D des objets à insérer dans les espaces virtuels. La production de ce nouvel outil a besoin d'être contrôlée par des artistes 3D, mais elle offre une base de travail plus que solide.

« L'IA apporte une vraie révolution à notre plateforme. Avant, elle servait simplement à reconnaître des objets, maintenant, elle peut en générer !  », s'enthousiasme Greg Estes. L'entreprise ne se contente pas de créer ses propres outils, elle ambitionne de connecter à sa plateforme dès que possible les outils d'IA génératives, à l'instar de ChatGPT. Le message est clair : l'IA doit permettre d'accélérer le métavers.

Une simple affaire de terminologie ?

Si Nvidia s'approprie aujourd'hui le terme « métavers », il a sorti sa plateforme avant que ce dernier soit popularisé par Meta, à la fin de l'année 2021. C'est pourquoi, contrairement à la vision imposée par Mark Zuckerberg, la réalité virtuelle n'est pas essentielle mais simplement optionnelle dans le conception du métavers de Nvidia. « Pour que le métavers soit entièrement immersif, il n'y a pas forcément besoin de réalité virtuelle », assène Greg Estes.

D'ailleurs, dans le jargon employé par l'entreprise, le terme « métavers » fait souvent doublon avec la notion de « jumeau numérique » apparu dès le début des années 2010. Mais ce n'est pas une surprise : le rapport français sur le métavers remis l'an dernier au gouvernement insistait déjà sur le manque de consensus sur la définition du terme.

Quelque soit la position des uns et des autres sur le débat sémantique, Nvidia adresse avec Omniverse un vrai marché, avec pour preuve sa liste de clients déjà prestigieuse. Et il pourrait toucher une fois de plus le jackpot : d'après des estimations d'ABI Research, à l'horizon 2030, le marché du métavers industriel pourrait peser plus de 100 milliards de dollars. Soit deux fois plus que le marché grand public visé par Meta.

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Commentaire 1
à écrit le 01/06/2023 à 7:55
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Ben ils vendent leurs produits dans le domaine qui est le leur, ensuite nos financiers zombies sont tellement déconnectés des réalités qu'ils adorent et donc plébiscitent le virtuel. Quand on ne sait pas vivre on s'invente une vie, c'est dramatique c...

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