Peu de femmes dans la cybersécurité : La Région Bretagne veut changer ça

La Région Bretagne souhaite encourager la féminisation des métiers de la cybersécurité. A Rennes, l’association We Ker fait évoluer l’image de cette filière pour attirer de nouvelles recrues dans ce secteur qui a du mal à recruter.
We Ker organise entre autres des webinaires et des rencontres sur les métiers en plein boom de la cybersécurité et sur les formations qui y mènent.
We Ker organise entre autres des webinaires et des rencontres sur les métiers en plein boom de la cybersécurité et sur les formations qui y mènent. (Crédits : We Ker)

Cybersécurité et mixité : l'enjeu est de taille pour cette filière de pointe. A Rennes, les entreprises privées du secteur, qui emploient plus de 3.200 personnes (+26% en 2020), et les services de l'Armée, dont les effectifs vont s'accroître de 1.800 personnes d'ici à 2025 selon les prévisions de l'Insee, doivent à la fois pallier la pénurie des candidats et remédier à l'alarmante sous-représentation des femmes.

Les futures candidates disposent même d'une belle carte à jouer : le nombre d'embauches estimé sur le bassin rennais oscille entre 250 et 300 par an, au moins jusqu'en 2026.

La mixité au profit des entreprises

« La sous-représentation des femmes dans les métiers de la cybersécurité est un vrai sujet. Il y a un gros travail à faire pour relever le défi. Les entreprises ont besoin de cette mixité », pointait Bernard Pouliquen, vice-président de la Région à l'enseignement supérieur, recherche et transition numérique lors de la Cyber Week de Rennes, en novembre 2020.

Dans la capitale bretonne, l'association We Ker, dédiée à l'insertion sociale et professionnelle des jeunes de 16 à 25 ans, est justement chargée par Rennes Métropole de cette sensibilisation. Ses buts : changer la représentation des métiers de la cybersécurité, plus globalement celle du numérique, et mettre en avant l'attractivité de ces emplois afin d'attirer de nouvelles recrues parmi les publics élargis.

Dans le cadre du plan de rebond(s) mis en œuvre en 2020 par Rennes Métropole, We Ker identifie les besoins en ressources humaines des structures employeuses sur le territoire.

« Les femmes sont plus nombreuses aujourd'hui dans ces métiers qu'il y a quelques années » confirment Régine Diverrès, chargée de mission « Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences » pour les filières d'excellence chez We Ker et Maude Lachuer, référente mixité.

« Nous poursuivons le travail engagé pour faire connaître les métiers et en changer les représentations qui font penser que la cybersécurité est réservée aux hommes et aux ingénieurs. L'écosystème rennais, public et privé, est demandeur et contribue en structurant les besoins RH de la filière et les opportunités d'emplois ».

Lutter contre les stéréotypes dès le collège

We Ker travaille avec ces employeurs (ministère des Armées et Pôle d'excellence cyber, grands groupes et PME) pour mettre en avant les formations existantes et cibler les profils et les viviers.

L'association, qui a accompagné 8 000 jeunes en 2019, organise entre autres des webinaires et des rencontres sur ces métiers en plein boom et sur les formations qui y mènent.

« Il y a une carte à jouer sur la mixité. On réfléchit à développer des actions dans ce sens. Un des premiers leviers à activer est la lutte contre les stéréotypes en montrant des rôles modèles. L'image du geek devant son écran est encore très présente. Mais on peut casser les codes en travaillant à tous les niveaux, celui des étudiants, celui des écoles, celui des formations, initiale avec la Cyberschool de Rennes ou continue » ajoute Régine Diverrès.

Incarner des rôles modèles, montrer les environnements de travail, faire découvrir les métiers, leur vocabulaire et leur diversité (analyste, architecte SSI, développeur...), inciter à monter en compétences : ce sont autant de leviers que le territoire déploie pour encourager les jeunes filles à s'orienter davantage vers les métiers du numérique et de la cybersécurité.

En avril, à Rennes, We Ker a ainsi lancé avec Pôle emploi « Le Printemps du Numérique », un événement de promotion émaillé d'ateliers et de visites. La mission de l'association englobe aussi les salariés en reconversion issus d'entreprises fragilisées ou visés par des plans de sauvegarde de l'emploi. « Les profils d'ingénieurs de Technicolor par exemple peuvent intéresser les entreprises de la filière cyber. 80 salariés sont potentiellement concernés » rappelle Régine Diverrès.

Des actions au niveau régional

La dynamique du secteur cyber en Bretagne fait aussi bouger les lignes au niveau régional : pour des entreprises qui peinent à recruter, l'argument de la mixité devient économique.

La Région Bretagne a engagé des actions en faveur de l'égalité homme-femme dans ce secteur. Des moments de sensibilisation dès le collège et le lycée sont menés avec le réseau « Combattantes@numérique » du ministère des Armées ou des associations du numérique comme ADN Ouest et ESTIMnumérique.

Des ingénieures cyber en poste vont ainsi témoigner face à des publics d'étudiantes et de collégiennes. Au lycée Le Dantec à Lannion, des lycéennes participent au challenge annuel Ada Lovelace, un marathon de programmation informatique de quarante-huit heures. À Maupertuis à Saint-Malo, les adolescentes sont incitées à intégrer l'IUT informatique et effectuer une alternance au sein du groupe Orange.

Les établissements d'enseignement supérieur se mobilisent également : l'institut Mines- Télécom Atlantique (IMT) co-organise sur les campus de Brest, Nantes et Rennes les journées de la Conférence permanente égalité-diversité  tandis que l'INSA organise  les journées de la Femme ingénieure.

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Commentaires 3
à écrit le 02/06/2021 à 14:01
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Encourageons les compétences et non les quotas . Que le meilleurs gagnent !

à écrit le 02/06/2021 à 13:42
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ah bon c'est quoi l'enjeu d'avoir absolument des femmes ? ils veulent se reproduire sur le lieu de travail ? de quoi se mêle la région ? je leur propose un autre sujet : pourquoi si peu de femmes agents de sécurité ? #nimportequoilescollectivitesloca...

à écrit le 02/06/2021 à 9:00
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Tiens au sujet des inégalités salariales recurrentes entre hommes et femmes je me posais la question quand même étant donné que pour notre dictature financière ne pas payer autant les femmes que les hommes ne pouvant que handicaper la consommation de...

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