En avril dernier, comme de nombreuses entreprises françaises, CPage cherchait un projet pour se rendre utile durant le confinement. Les dirigeants ont évoqué leur souhait d'aider les résidents d'Ehpad à communiquer avec leurs proches. « C'est un public qui n'est pas familier avec les tablettes et les smartphones. Il y a une barrière technologique qui s'installe entre les générations. Il fallait donc un outil simple à utiliser et qui ne nécessite pas de manipulation d'une personne à une autre afin d'éviter les risques de contamination », explique Sébastien Quéau, directeur des systèmes d'information. Un membre de l'équipe de CPage avait déjà entendu parler d'un robot utilisé pour les enfants malades afin qu'ils puissent communiquer avec leurs proches ou leur professeur. « L'association s'est faite rapidement. Tout convergeait : pas de nettoyage, pas de manipulation de l'outil par plusieurs personnes, une technologie facile à prendre en main », se souvient David Boussard, directeur de CPage. Le 30 avril, ce robot a été mis gracieusement à disposition de l'établissement Marcel Jacquelinet de Longvic (21).
Pourtant réticente au départ, la directrice de l'Ehpad, Isabelle Faivre, a été agréablement surprise par la facilité d'utilisation de ce robot et l'émotion qu'il a procuré aux résidents. « Le lien s'est créé immédiatement. C'était magique ! », confie Sébastien Quéau. Même s'il n'a pas une forme humaine, Nonno peut bouger et pivoter. Il est à hauteur d'homme et peut rappeler une forme humaine. Alors que les petits écrans sont statiques et fragiles, le robot permet à la famille de « se télétransporter » dans la chambre en supprimant le maniement d'un appareil et ses réglages parfois trop techniques pour nos aînés. « La famille s'invite dans l'établissement », constate Isabelle Faivre. Celle-ci prend les commandes du robot à l'heure du rendez-vous virtuel grâce à une interface préalablement installée sur son ordinateur. Contrôlé à distance par la famille, ce robot doté de roues se déplace pour venir à la rencontre de la personne âgée. « Grâce à son grand écran muni d'une webcam et d'un micro, les proches apparaissent facilement dans la chambre du pensionnaire, libérant ce dernier et les soignants de toute manipulation contraignante. Cette simplicité d'exécution limite la manipulation de l'outil par plusieurs personnes et donc les contaminations possibles », explique Sébastien Quéau.
Réinventer de nouveaux usages
Suite aux retours positifs de cette expérience, le directeur de CPage a détecté un potentiel de services à développer via ce robot (réservation, formation, éducation, téléconsultation, etc...). « La crise sanitaire nous oblige à réinventer de nouveaux usages qui peuvent se transformer en opportunités », constate-t-il. Afin de faciliter la prise de rendez-vous virtuels, le pôle innovation de CPage développe déjà une plateforme de réservation, sur le le modèle de Doctolib. « Notre objectif est d'acquérir 70 robots (environ 7000 euros HT par machine) d'ici la fin de l'année - auprès de notre partenaire qui construit les robots - et de les mettre en location dans les Ehpad », précise David Boussard. CPage élargit ainsi son offre en se lançant dans la robotique. Un nouveau marché sur lequel l'entreprise arrive avec un atout considérable : la connaissance du milieu hospitalier, via ses 300 adhérents publics.
Encadré
CPage : une entreprise au statut particulier
CPage est un fournisseur de solutions et services destinés aux établissements publics de santé. L'entreprise compte aujourd'hui 300 clients adhérents dont 8 CHU et un tiers des établissements supports de Groupements hospitaliers de territoire (GHT), répartis sur toute la France. En croissance constante, CPage connait une accélération de son activité́ depuis le début des années 2010. Son budget s'établit pour 2020 à plus de 23 millions d'euros pour un effectif de 215 collaborateurs. L'entreprise dijonnaise, sous statut de Groupement d'intérêt public (GIP), ne bénéficie d'aucune subvention. Ses ressources proviennent uniquement de la vente de ses logiciels et de ses prestations.
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