L’open innovation : pas si simple de s’y convertir

La société de capital-risque Partech Ventures vient d’inaugurer à Paris le Partech Shaker, un campus dédié à l’open innovation entre start-up et grandes entreprises du numérique.
Christine Lejoux
Selon le premier baromètre de l'open innovation publié le 26 novembre par le Medef, moins d'un quart des sociétés étudiées connaissent le concept ou sont déjà engagées dans un processus d'open innovation.

Le concept "d'open innovation" existe depuis plus de dix ans, mais les entreprises françaises tardent à s'y convertir. Selon le premier baromètre de l'open innovation publié le 26 novembre par le Medef, moins d'un quart des sociétés étudiées connaissent le concept ou sont déjà engagées dans un processus d'innovation mêlant leurs propres équipes à celles de start-up, de laboratoires publics de recherche ou d'universités. Si les grandes entreprises sont encore réticentes à partager leur recherche et développement (R&D) avec des partenaires externes, c'est, dans près de 60% des cas, par peur du vol ou du détournement de la propriété intellectuelle.

Pourtant, l'innovation fermée est devenue risquée pour les grands groupes, face à la multiplication de start-up toutes plus inventives et agiles que les autres. Du côté des start-up, l'open innovation peut les aider à trouver des débouchés commerciaux pour leurs idées. "Nous avons compris que l'open innovation était très importante en phase d'amorçage", confirme Jean-Marc Patouillaud, "managing partner" chez Partech Ventures, une société française de capital-risque qui se diversifie depuis 2013 dans l'amorçage, c'est-à-dire le financement de la R&D et autres dépenses préalables à la création d'une société.

 Un loyer de 392 à 480 euros par mois et par poste de travail

C'est donc pour favoriser les échanges entre jeunes pousses et grandes entreprises que Partech a inauguré, le 17 décembre, le Partech Shaker, un "campus dédié à l'open innovation dans le numérique", au 33 rue du Mail, à Paris. Les 2.200 m2 de cet ancien immeuble du Figaro abriteront à terme une quarantaine de jeunes pousses, toutes financées par Partech et spécialisées dans le numérique, comme la Toulousaine Sigfox, axée sur les objets connectés, ou PriceMatch, qui propose des solutions de "yield management" (gestion des capacités disponibles) aux hôteliers indépendants.

Moyennant un loyer compris entre 392 et 480 euros par mois et par poste de travail, les start-up bénéficieront de bureaux pour l'ensemble de leurs collaborateurs, et de salles de réception pour accueillir leurs clients. Et ce, dans le cadre d'un bail d'une durée de 18 mois au maximum, afin de donner à toutes les start-up financées par Partech l'opportunité de profiter du campus. Quant aux grandes entreprises partenaires qui souhaiteront installer certaines de leurs équipes au sein du Partech Shaker, il leur faudra débourser 60.000 euros par an. Partech, qui a investi 1 million d'euros dans la rénovation de l'immeuble, espère amener le campus à l'équilibre financier d'ici à sept ans, date à laquelle s'achèvera le bail du 33, rue du Mail.

 Un partenariat gagnant-gagnant

Certes, les grandes entreprises partenaires ne sont pour le moment qu'au nombre de sept - BNP Paribas, Dentsu Aegis Network, Econocom, France Télévisions, Haworth, Lagardère Active et Saint-Gobain -, mais Philippe Collombel, managing partner chez Partech, est convaincu que le campus "va attirer d'autres groupes, encore réticents à travailler avec des start-up." De fait, "notre secteur étant, comme d'autres, confronté à l'essor de business models disruptifs, nous demandons aux start-up de nous aider à inventer le France Télévisions de demain", explique Eric Scherer, directeur des "médias du futur" au sein du groupe audiovisuel. "Le digital n'est pas vraiment inscrit dans notre génétique. C'est la première fois que nous allons partir, non pas de nos bases, mais de propositions qui émaneront de start-up", renchérit Fabrice Didier, directeur marketing du groupe Saint-Gobain.

Et si "l'open innovation nous permettra d'avoir accès à de la jeunesse et à des innovations susceptibles de servir nos agences et nos clients, elle nous donnera également la possibilité d'apporter des opportunités de business aux start-up, la moitié de notre chiffre d'affaires se faisant dans le numérique", complète Thierry Jadot, président de Denstu Aegis Network en France. On l'a compris, le Partech Shaker doit être un partenariat gagnant-gagnant pour les start-up et les grandes entreprises. Quant à Partech, l'intérêt de la société de capital-risque est bien évidemment de donner, via le campus, le maximum de potentiel de développement aux 26 start-up dans lesquelles son fonds d'amorçage Partech Entrepreneur 1 a investi, au cours des 18 derniers mois.

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 22/12/2014 à 12:38
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"Un partenariat gagnant-gagnant" - Surtout gagnant pour la bourse, les actionnaires et l'état qui se font de l'argent sur les idées des autres. Car le véritable objectif est bien de récupérer des idées, comme nous le montre des procès en cours...

le 07/04/2015 à 15:13
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Eh oui, le capital n'est jamais à court d'idées pour aspirer le profit tous azimuts.

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